1
※ BLAISE ※
Il y avait une femme nue sur le plancher du bureau de Blaise.
Une magnifique femme nue.
Stupéfait, Blaise fixait des yeux la superbe créature qui venait de se matérialiser. Elle regardait autour d’elle d’un air perplexe, visiblement aussi choquée d’être là que ce qu’il était étonné de l’y voir. Ses cheveux blonds ondulés tombaient en cascade sur son dos, couvrant partiellement un corps qui semblait être la perfection même. Blaise essaya de ne pas penser à ce corps et de se focaliser plutôt sur la situation.
Une femme. Une personne, pas une chose. Blaise n’arrivait pas à le croire. Était-ce possible ? Cette fille pouvait-elle être l’objet ?
Elle était assise avec les jambes pliées sous elle, s’appuyant sur un seul bras mince. Cette pose avait quelque chose d’étrange, comme si elle ne savait pas quoi faire de ses membres. Malgré les courbes qui faisaient d’elle une femme, il y avait une espèce d’innocence enfantine dans sa façon de rester assise là, sans gêne et totalement ignorante de son attrait.
En s’éclaircissant la gorge, Blaise essaya de chercher quoi dire. Même dans ses rêves les plus fous, il n’aurait pu imaginer une telle issue au projet qui avait demandé tout son temps ces derniers mois.
En entendant son bruit, elle tourna la tête pour le regarder et Blaise fut absorbé par deux yeux bleu exceptionnellement clair.
Elle cligna des yeux, puis pencha la tête d’un côté en l’étudiant avec une grande curiosité. Blaise se demanda ce qu’elle voyait. Il n’avait pas vu la lumière du jour depuis des semaines et il n’aurait pas été surpris s’il avait maintenant l’apparence d’un sorcier fou. Son visage était probablement couvert d’une barbe d’une semaine et il savait que ses cheveux foncés n’étaient pas brossés et qu’ils pointaient dans tous les sens. S’il avait su qu’il se retrouverait face à une jeune femme magnifique aujourd’hui, il aurait lancé un sort de toilette ce matin-là.
― Qui suis-je ? demanda-t-elle en faisant sursauter Blaise. Sa voix était douce et féminine, tout aussi séduisante que le reste de sa personne.
― Quel est cet endroit ?
― Ne le sais-tu pas ? Blaise était content de parvenir à bafouiller une phrase presque cohérente. Ne sais-tu pas qui tu es ni où tu te trouves ?
Elle secoua la tête.
― Non.
Blaise avala sa salive.
― Je vois.
― Que suis-je ? demanda-t-elle encore en le regardant de ses yeux incroyables.
― Eh bien, dit lentement Blaise, si tu ne me fais pas une farce cruelle et que tu n’es pas le fruit de mon imagination, alors c’est un peu compliqué à expliquer...
Elle regardait sa bouche pendant qu’il parlait et quand il s’arrêta, elle releva la tête pour croiser son regard.
― C’est étrange, dit-elle, d’entendre des mots de cette façon. Ce sont les premiers véritables mots que j’entends.
Blaise sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il se leva de sa chaise et il se mit à arpenter la pièce en essayant de ne pas regarder son corps nu. Il s’était attendu à ce que quelque chose apparaisse. Un objet magique, une chose. Il n’avait simplement pas su quelle forme cette chose prendrait. Un miroir, peut-être, ou une lampe. Peut-être quelque chose d’aussi rare que la Sphère de Capture Vitale posée sur son bureau comme une sorte de gros diamant rond.
Mais une personne ? Et une personne de sexe féminin en plus ?
Pour être honnête, il avait bien essayé de rendre l’objet intelligent pour s’assurer que la chose aurait la capacité de comprendre le langage humain et de le retranscrire en code. Peut-être ne devrait-il pas être si surpris que l’intelligence qu’il avait invoquée prenne une apparence humaine.
Une forme magnifique, féminine et sensuelle.
Concentre-toi, Blaise, concentre-toi.
― Pourquoi marches-tu comme ça ? Elle se leva lentement, ses mouvements étaient peu assurés et étrangement maladroits. Je devrais marcher aussi ? C’est comme ça que les gens discutent ?
Blaise s’arrêta devant elle en faisant de son mieux pour ne pas regarder plus bas que son cou.
― Je suis désolé. Je n’ai pas l’habitude d’avoir des femmes nues dans mon bureau.
Elle fit descendre ses mains le long de son corps, comme pour essayer de le toucher pour la première fois. Quelle qu’ait été son intention, Blaise trouva le geste extrêmement érotique.
― Est-ce qu’il y a un problème avec mon apparence ? demanda-t-elle. C’était une inquiétude si typiquement féminine que Blaise dut retenir un sourire.
― Au contraire, assura-t-il. Tu es magnifique. Si belle, en fait, qu’il avait du mal à se concentrer sur autre chose que ses courbes délicates. Elle était de taille moyenne et si bien proportionnée qu’elle aurait pu servir de modèle pour un sculpteur.
― Pourquoi est-ce que je suis comme ça ? Un léger froncement vint plisser son front lisse. Que suis-je ? Cette dernière question semblait tout particulièrement la préoccuper.
Blaise inspira profondément, essayant de ralentir son pouls.
― Je crois que je peux hasarder une conjecture, mais avant, je voudrais te donner des vêtements. S’il te plaît, attends-moi ici, je reviens.
Et sans attendre sa réponse, il sortit en trombe de son bureau.