- Tu veux un café ? Demanda Becky avec un grand sourire à sa nièce qui venait de faire son entrée dans la grande cuisine. Tu m’as l’air crevé.
Et, elle l’était. Autumn était toute ankylosée oui après sa promenade à cheval d’hier. Aujourd’hui, promis, pas de cheval. Il lui faudrait vraiment un peu de temps pour se remettre à tout cet exercice.
Étouffant un bâillement, Autumn répondit par un signe affirmatif de la tête.
Ici, on se réveillait avec l’aube, aimait à lui répéter son grand-père. Elle qui n’était pas du matin, devait faire un grand effort pour se lever à l’aube. Il lui fallait encore un peu de temps pour avoir l’habitude.
Il lui semblait entendre encore la voix du vieil homme lorsque celui-ci l’encourageait à monter son poney. Ses yeux se mirent à la piquer comme bien souvent lorsqu’elle repensait à lui.
- Je n’ai vraiment pas l’habitude de travailler autant et de me réveiller aussi tôt, dit-elle en prenant la tasse fumant que lui tendait Becky et la remercia d’un grand sourire.
- Tu verras. On s’habitue vite.
Secouant la tête, Autumn en soufflant sur le liquide fumant.
Becky retourna aussitôt à ses bocaux.
Becky était une véritable femme au foyer qui s’occupait de son mari, de sa fille et de leur maison. Elle confectionnait de la confiture fait maison qu’elle faisait vendre dans des magasins en ville. Conséquence, la maison était à tout bout de champ emplit de fruit. Et vu qu’on était en été, elle ne manquait pas de boulot.
- Tu t’es réveillée plus tôt que d’habitude ce matin, lui signifia-t-elle.
- J’ai décidé d’aller au cimetière rentre visite à grand-père mais avait je dois nourrir les chevaux et nettoyer deux box alors si je veux avoir vite finir faut bien se lever tôt, dit-elle en avalant le liquide chaud. Comme tu le sais Becky, je n’ai pu être présente lors des funérailles de grand-père car j’étais moi-même à l’hôpital. J’aimerais lui rendre hommage à mon tour mais je ne sais pas comment.
- Tu pourrais procéder à une cérémonie traditionnelle indienne de sa tribu.
- Une cérémonie traditionnelle indienne…
- Maman ! s’exclama la voix fluette d’une petite fille l’interrompant. Je ne trouve pas M. Peggles.
Un large sourire se dessina sur les lèvres d’Autumn lorsqu’elle aperçut la petite fille de cinq ans de Becky.
- Bonjour Jessie, dit-elle à la petite fille.
- Bonjour tante Autumn.
- Tu l’as cherché sous le lit ? Lui demanda sa mère.
- Oui et sous les meubles mais je le trouve nulle part, dit-elle d’un ton triste.
M. Peggles était son lapin et elle l’adorait. Elle aussi enfant avait eu un animal domestique, un petit chat, et elle savait ce que pouvait ressentir la petite fille.
- Tu penses qu’il pourrait être sortir, maman ?
- Je ne pense pas. Écoute, on va le chercher dans la maison et si on ne le trouve pas on ira le chercher dehors. Ok.
Jessie hocha la tête, se retenant de pleurer. Autumn la scruta avec un petit sourire. Décidément, elle ne risquait pas de se faire à leur ressemblance. Sérieux ! La petite était son portrait craché.
Soudain, des bruits de pas se firent entendre de dehors et une minute plus tard Robert entra dans la cuisine tenant dans ses bras une énorme boule de poil blanche.
- M. Peggles ! s’exclama Jessie en courant vers son père.
- Je l’ai trouvé près des écuries. Il faut faire attention à lui, Jessie.
- Merci, papa ! dit-elle en le prenant dans les bras et le caressa.
- Au moins on n’aura pas à le chercher partout, rétorqua Becky.
- Bonjour, oncle Rob.
- Bonjour Autumn, répondit-il d’un ton froid.
Après un signe de tête, celui-ci disparut par la porte de la cuisine.
Becky lui lança un sourire désolée puis alla s’occuper de sa fille. Autumn en profita pour terminer son café.
- Merci pour le café, Becky. Il est temps pour moi de me mettre au travail avant que ton cher mari revienne me tirer les oreilles.
- Tu ne veux pas déjeuner avant ?
- Non. Je mangerai plus tard.
- Au revoir, tante Autumn.
- Fais attention à ne pas entrer à nouveau sur les terres de notre voisin Gary Wright, l’enjoignit Becky.
- Je ferais attention, lança-t-elle en sortant.
* * *
Un chef devait montrer toujours l’exemple. C’est ce qu’aimait à lui répéter son père.
Avec un soupir, Gary souleva la vieille blanche de bois de terre.
Il s’occupait depuis plus d’une heure avec quelques uns de ses hommes à faire tomber la vieille barrière tandis qu’Ian et les autres montaient la nouvelle.
Il ne comptait pas faire ça toute la journée comme eux mais il voulait leur donné un petit coup de main avant de retourner à son bureau, crouler sous les dossiers. Une chose qu’on oubliait de dire lorsqu’on devenait rancher était que le travail ne consistait pas qu’à passer son temps sur un cheval à gambader à travers ses terres.
Hier, il avait à peine pu travailler car Josette s’était rappelé à son bon souvenir à peine il s’était attelé et il avait discuté plus d’une dizaine de minutes au téléphone. Ou plutôt elle avait passé une bonne dizaine de minutes à se plaindre et à geindre de ne pas avoir pu le joindre plus tôt. Le réseau était mauvais dans les champs, il le lui avait pourtant dit cela plusieurs fois et donc de l’appeler généralement les soirs mais comme toujours, elle n’en faisait qu’à sa tête. Et, lorsqu’il avait enfin mis fin à la conversation téléphonie, il était si irrité que même lit ses mails lui fut impossible. Il n’avait d’autre choix que de s’y mettre durant le reste de l’après-midi.
Le bruit d’un cheval à galop le fit se redresser et il aperçut un cavalier chevauchant dans leur direction. C’était le jeune Tony. Que venait-il chercher là ? Il devait se trouver sur une autre parcelle, pour surveiller les vaches. Il ne lui avait pas demandé à venir ici.
Laissant les autres terminés le travail, il avança vers le cavalier qui s’arrêta une fois devant lui. Gary remarqua l’écume sur le cheval qui avait dû être lancé au galop pour venir jusqu’ici. Qu’est-ce qui pourrait expliquer un tel empressement ?
- M. Wright, ça fait un moment que je vous cherche, lui dit-il hors d’haleine. On a essayé de vous joindre sur votre portable mais sans résultat.
Gary scruta le jeune homme et il avait l’air essoufflé et inquiet. Il avait laissé son téléphone dans sa camionnette comme souvent car de toutes les manières on captait mal dans le coin. Que s’était-il encore passé aux écuries en son absence ?
- Que se passe-t-il Tony ?
- C’est Wrath, monsieur. Il s’est échappé.
- Bon sang ! s’écriait-il avec colère.
Ce n’était pas vrai. Il ne s’attendait pas à ça. Ce saligaud de cheval s’était encore échappé. Se retenant de déverser sa colère montante, il demanda en jetant un regard derrière lui, sur les hommes qui suivaient tout ce qui se disait, puis refit au jeune homme.
- Comment est-ce arrivé?
- Il s’est emporté et le nouveau, Rick, a pris peur. Il n’a pas refermé son enclos à temps et il s’est échappé. J’ai envoyé des hommes à sa suite.
- Il ne manquait plus que ça, dit-il en se dirigeant vers sa camionnette stationnée à quelques mètres de là. Retourne aux écuries Tony, je vais aller à sa recherche. On sait par où il se dirigeait ?
- Vers les terres de M. Stones.
Gary poussa un autre juron qui vit lever la tête de tous ses hommes.
Il ne manquait vraiment plus que ça ! Stones n’était pas le plus proche de ses voisins mais il était connu pour ne pas apprécier les chevaux sauvages, une haine qu’il partageait avec le fameux Montgomery, et encore plus à l’encontre Wrath qui avait à plusieurs reprises provoqué des dégâts dans sa propriété lors de fugues antérieurs.
Il sentait que ç’allait mal finit. Très mal.
- Allons-y ! dit-il en démarrant.