Autumn, un bouquet de fleurs sauvages ramassées sur la route en main, remontait le vieux sentier menant au cimetière. Celui-ci était peu visible à cause des herbes folles, preuve que l’endroit recevait peu de visite.
Enfin, elle aperçut les pierres tombales qui visiblement avaient besoin d’un petit entretien. Elle lut sur les pierres le nom de sa grand-mère, de son grand-père et du frère de son grand-père. Sa mère n’était pas enterrée ici mais dans le caveau familial de son père à New Yok qui avait émit le souhait d’être enterré près d’elle.
Depuis la mort de sa mère, elle n’a jamais connu de relation sérieuse à son père. Même si cela la répugnait un peu de le voir refaire sa vie, elle n’y voyait vraiment plus d’inconvénient maintenant. C’était bien lui qui refusait de se laisser une autre chance. Elle devrait être plutôt heureuse de voir qu’après toutes ses années il aime toujours autant sa défunte femme mais elle ne voulait pas aussi le voir finir sa vie seule, sans compagne. En ça, son grand-père et son père se ressemblait énormément.
Son grand-père était resté veuf dix-huit ans avant sa mort. L’homme d’une femme, comme il aimait à le dire.
Elle aussi aimerait un jour ressentir un tel amour pour un homme. L’homme de sa vie. Même si ça faisait un peu cliché et romantique.
Avec un triste soupir, elle s’accroupit et arracha les mauvaises herbe ornant les tombes et planta les fleurs devant les tombes de ses grands-parents. Elle avait toujours été si proche de son grand-père et ce malgré la distance. Sans doute aurait-elle dû faire montre de plus de courage contre sa répugnance de revenir ici pour le voir. Lui n’avait pas hésité à deux reprises à venir dans la grande ville de New York qu’il n’appréciait pas pour venir la voir.
- Bonjour, grand-père ! C’est moi Autumn. Je suis de retour dit-elle d’un ton triste les larmes aux yeux en s’asseyant dans l’herbe.
Levant la tête, elle scruta le ciel bleu parfaitement dégagé de ce matin puis ferma les yeux. Le vent sifflotait à ses oreilles telles des chuchotements. Elle se souvenait de l’époque où son grand-père l’amenait ici posé des fleurs sur la tombe de grand-mère Abby. Elle ne ’avait pas vraiment connu car elle mourût à ses quatre ans dans un accident de voiture.
Son grand-père lui avait raconté qu’elle tenait son prénom de sa grand-mère parce ce que la couleur de ses cheveux lui faisait penser aux feuilles mortes qui tombaient des arbres en automne.
Rouvrant les yeux, elle inspira l’air frais et chaud. Une journée chaude en perspective. Baissant la tête, elle scruta ses paumes égorgées un moment puis pliant les jambes, les entoura de ses bras et posa sa tête sur le sommet de ses genoux, le regard fixés sur les pierres tombales.
- J’aurais dû venir bien plus tôt grand-père je sais mais la vérité est que je n’en ai jamais eu le courage. Pardonne-moi de ne pas l’avoir fait.
Oui, elle s’en voulait. Mais, c’était difficile, même aujourd’hui encore, de revenir ici sans se rappeler sa mère. Cette fois, elle n’avait pas eu le choix à cause de son père et plus le temps passait plus elle en voulait moins à son père de l’avoir obligé par cet ultimatum à revenir à Rive Creek et à Hill Valley. Sinon, combien de temps aurait-elle mise encore avait de revenir ici ?
Soudain, Autumn se souvint des paroles de Becky sur une cérémonie indienne. Son grand-père était à moitié amérindien. Il avait toujours été très fier de son sang amérindien Cheyennes. Il aimait à dire que son grand don pour les chevaux venait de ce côté.
Demain, elle pourrait se rendre à la réserve discutée avec leur chef. Oui, pourquoi pas ? Grand-père et Becky étaient de la même tribu si elle se souvenait, la femme serait la renseigner.
- Tu crois que je devrais suivre les conseils de Becky, papi ?
Le vent sifflota à ses oreilles et elle aurait juré avoir entendu son grand-père dire que cela lui ferait plaisir.
Autumn se mit à rire quand soudain elle s’arrêta. Un bruit étrange lui était parvenu. Elle se retourna et regarda la plaine en contrebas. Le bruit se fit réentendre. On dirait l’hennissement affolé d’un cheval. Le bruit reprit plus grave. Il y avait quelque part par là un cheval en danger.
Se relevant, elle tendit l’oreille et le cri lui revint et elle put à peu près d’où indiquer d’où il provenait. Elle descendit précipitamment la colline au manque de tomber et courut vers les bois. Elle ne savait pas où elle allait. En continuant, ne risquait-elle à nouveau d’entrer les terres de Gary Wright, son voisin, dont elle n’en connaissait pas encore bien les limites ? Secouant la tête, elle continua sa route. Pas le moment de se laisser aller à la peur. Elle pressa même le pas.
Plus elle s’approchait, plus elle reconnut le hennissement d’un cheval effrayé. Qu’est-ce qui pouvait bien être en train de se passer ? Enfin, elle sortit non loin d’une sorte de clairière.
Un énorme Pur sang d’un noir ruisselant tentait d’échapper à plusieurs hommes qui l’avaient encerclé. Il remarqua que certains tenaient des lassos. La vache ! Qu’est-ce que ses types voulaient fait à cette bête ? Et, le pauvre, il avait l’air vraiment affolé. Promenant son regard aux alentour, elle aperçut un peu plus loin, Gary Wright qui discutait fortement avec deux hommes dont l’un aux cheveux grisonnant était armé d’une carabine et il paraissait furieux.
Sans réfléchir, elle avança droit devant elle vers les hommes réunis en cercle.
- Hé vous, que foutez-vous ici ? lui lança un des hommes qui la voyait avancé. C’est dangereux. Ne vous approchez pas de lui, il est dangereux.
Ou plutôt paniqué, oui.
Autumn observa l’animal. Il semblait à cran. Il bougeait dans tous les sens et se cabrait. Elle aussi, elle serait dans un tel état si elle se trouvait entouré par des hommes à l’aspect menaçant qui tenait des lassos. Ceux-ci faisaient bien de se tenir à l’écart car un bon coup de sabot et s’en était fini de vous.
Cette éventualité aurait dû l’effrayer mais ce ne fut pas le cas. Ce cheval n’aimait être là au milieu de ses hommes ça se voyait et cela lui serrait le cœur de voir ce qu’ils lui faisaient. Pourquoi avaient-ils encerclé cette pauvre bête ? Que se passaient-ils ici à la fin ?
- Éloignez-vous, mademoiselle et tout de suite ou c’est moi qui le ferra, l’enjoignit un autre des hommes d’un ton plus ferme.
Peut-être… peut-être devrait-elle suivre les conseils de ce type ? Et, puis elle, que faisait-elle là ? Ce qui se passait ici n’était pas son problème. Pourtant, elle se sentait attirer vers cheval. Pourquoi ? Elle ne devrait pas se mêler de cette histoire. C’est vrai quoi, elle ne savait pas pourquoi ses hommes avaient entouré ce cheval ? Peut-être était-il vraiment dangereux comme ils le disaient ? Elle devrait rebrousser chemin et les laisser.
- Tu peux l’aider à se calmer. Tu sais comment faire, lui susurra soudain une voix dans sa tête semblable à celle de sa mère.
Elle savait comment calmer un cheval affolé ? Bien sûr que non. Elle n’avait jamais fait cela, c’était stupide d’écouter une voix dans sa tête. Même si elle ressemblait à celle de sa mère.
Tournant la tête, elle vit que son cher voisin semblait avoir enfin remarqué sa présence et la foudroya de son regard orageux mais les deux hommes lui redemandèrent assez vite son attention.
Serrant le poing, elle leva le pied mais au lieu de rebrousser chemin, elle courut et se faufila entre deux hommes pour atterrir dans le cercle.
Pourquoi se trouvait-elle ? Pourquoi ses pas au lieu de l’éloigner d’ici l’avait fait atterrir là ? Avalant une boule d’angoisse, elle leva les yeux vers l’animal alors que les hommes s’étaient mis à l’interpellé affolé et qu’un d’entre eux semblait vouloir venir la chercher.
Inspirant, elle leva les mains et se mit à marcher vers l’animal avant que celui-ci ne la rattrape.
- Du calme, mon beau ! l’enjoignit-elle d’une voix calme alors que son cœur battait précipitamment. Du calme. Personne ici ne va te faire du mal. Du calme.
Elle parlait doucement, calmement, avançant de quelques pas mais le cheval s’égailla.
- Eh, ça va ! Regarde, je n’ai rien dans les mains. Je ne veux pas te faire de mal. Tout ce monde, ça te rends nerveux, n’est-ce pas ? Moi aussi cela me rendrait nerveux. Laisse-moi juste avancée jusqu’à toi.
Le cheval sembla s’apaiser au son de sa voix alors elle avança vers lui. Son poursuivant ayant remarqué l’état de l’animal s’était lui aussi arrêter.
D’où lui venait-il cette assurance, cette adrénaline qui courait dans ses veines ? C’était comme si son corps, son instinct la dirigeait sans qu’elle puisse se contrôler.
Elle lui parla encore, calmement, une main tendue vers lui. L’animal se figea mais continua à bouger sa tête et à frapper ses sabots contre le sol. Déglutissant, elle avança encore et aperçu alors d’horrible cicatrices sur lui. Oh, mon Dieu ! Ne put-elle s’empêcher de s’exclamer dans sa tête. Ses propriétaires étaient de vrais monstres.
Quand, elle fut plus proche de lui, à moins de deux mètres, elle scruta ses grands yeux et sourit.
- Tu en as bavé toi.
Elle avança sa main lentement vers sa tête. Le cheval eut un geste de recul mais sans perdre son calme, elle avança encore d’un pas puis un autre jusqu’à être le plus proche possible. Elle laissa alors sa main planer au dessus de son museau et attendit sans bouger. Elle resta ainsi un bon moment où le temps sembla s’être figé. Puis, l’animal s’approcher et posa la bout de son museau contre la paume de sa main et un sourire se dessina sur ses lèvres.
Inspirant grandement, elle laissa glisser délicatement sa main contre son museau jusqu’à son front. Elle n’en revenait pas, elle l’avait fait. Elle ne savait pas comment ni par quel miracle mais elle l’avait approché. Il battait encore des sabots comme prêt à s’enfuir mais il était beaucoup plus calme que lorsqu’elle était arrivée à la clairière.
- Tu vois, je ne te veux pas de mal. Ni eux non plus, je crois, alors ne fait pas attention à eux, dit-elle en souriant d’une voix apaisante.
Tout le monde présent scrutait la jeune femme, ébahit, les yeux ronds. Les hommes qui avaient encerclé l’animal chuchotaient ahurir par ce qu’il venait de voir et voyait.
Gary aussi était complètement désarçonné. En deux ans, personne n’avait réussir approcher Wrath d’aussi près et encore le toucher à part lui et cela dépendait alors de l’humeur de l’animal. Soit il acceptait qu’il l’approche ou tout simplement il se braquait alors voir cette gamine rousse le toucher et lui caresser le front était stupéfiant. Incroyable !
- C’est qui cette fille ? Demanda Montgomery ahurit, en laissant retomber son arme contre épaule.
- Autumn Bell. Une fille qui vient d’arrivé dans le coin, je crois, répondit-il sans les quitter des yeux elle et son cheval.
- Eh bien qui que ce soit, cette gamine est très douée, ajouta M. Stones, qui semblait lui aussi autant ébahit que sous le charme.
- Oui, elle l’est. Elle l’est, répéta-t-il.
Autumn continua à caresser la tête du cheval et se mit à chantonner un vieil air que lui avait appris sa mère petite. Petit à petit, l’animal commença vraiment à se calmer. Il ne bougeait plus. Il était immobile et calme et se laissait toujours caresser. Même si il ne bougeait plus, Autumn préférait ne pas faire plus. Il s’était calmé mais elle sentait toujours l’extrême tension qui l’habitait. Elle suivit du regard une cicatrice qui s’étalait du coin de son museau vers son œil. Elle passa ses doigts dessus. Il s’ébroua, hennit de mécontentement mais étrangement ne chercha pas à fuir son contact.
Elle lui sourit en arrêtant de chanter puis hocha juste la tête comme si il lui avait dit quelque chose qu’elle seule avait pu entendre. Et dans un certain cas, c’était le cas.
- Vous devriez reculer, dit-elle à l’encontre hommes qui les entouraient toujours sans se retourner. Votre présence le rend nerveux.
* * *
Une heure plus tard Wrath avait rejoint son enclos et courrait comme une furie. Il allait rester ici un bon moment pour se calmer.
Rick, scrutait son patron en attendant ses remontrances et sans doute son renvoi. Il savait bien comme les autres comme il pouvait être impitoyable. Mais, Gary était pour le moment occupé à observer Wrath. Malgré son air farouche, il était plus calme qu’à ses habitudes. Mais surtout, il n’arrêtait pas de penser avec quelle facilité cette Autumn Bell avait réussi à apaiser son cheval.
Cette fille qu’il avait prise pour une gamine de la ville s’y connaissait vraiment en chevaux. Dommage qu’il ne sache pas où elle vivait.
Lors de leur brève rencontre, il avait très peu échangé avant qu’elle ne décampe. Il l’avait bien vu se diriger vers Hill Valley mais qu’il sache personne de sa description n’y vivait.
En fait, s’il y avait quelqu’un capable de lui dire qui pouvait être la nouvelle venue dans le coin, c’était bien Bertha. Cette vieille bique était au courant de ce qui se tramait dans le coin. Bon comme mauvais.
Si, cette rousse elle avait réussi à apaiser Wrath, elle pouvait peut-être réussir à le rééduquer. Et à le guérir. Il allait devoir la retrouver et le lui demander mais en attendant il avait un jeune homme à qui il devait remonter les bretelles.