Le rendez-vous interdit

Chapitre 6

"Bonsoir, mademoiselle", dit Joël de sa voix la plus charmante. Dominique se tourna et regarda un visage extrêmement beau. Son expérience avec le sexe opposé avait été si confinée et limitée au fil des années que Dominique n'avait jamais eu le plaisir de recevoir les attentions d'un beau gentleman. Son cœur palpita en réalisant qu'il lui parlait réellement et lui lançait ce sourire séduisant uniquement à elle.

Renvoyant un sourire hésitant, Dominique répondit : « Bonsoir. » Elle finit d'enlever son bonnet, impuissante à tendre la main et à tenter de faire semblant avec ses cheveux. Le sourire de Joël s'élargit devant ce geste purement féminin et pour la première fois il remarqua à quel point elle était jolie.

"Ambre," dit-il doucement.

Son cœur se serra un peu au son du nom d'une autre femme sur ses lèvres. «Je suis désolé, monsieur, vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre. Je m'appelle Dominique Harrison.

"Non", dit-il en secouant la tête et en souriant. «Je voulais dire les taches incroyables dans tes beaux yeux bruns. Ils sont orange. Joël était impuissant à remarquer le serrage de sa robe, ses reins se resserrant face à la généreuse poitrine exposée au-dessus du corsage décolleté. En effet, ses seins tiraient contre les limites de sa robe et Joël comprit qu'elle était effectivement exactement ce qu'ils recherchaient. Et étant une professionnelle, elle ne laisserait certainement pas la nature dominatrice de Derek l'intimider et l'empêcher d'accomplir ce travail.

Joël commanda deux verres de bourbon, insistant pour que Dominique s'assoie à une petite table à proximité et partage un verre avec lui. Elle n'avait jamais bu quelque chose de plus fort que du vin bon marché, mais l'incertitude de sa situation actuelle de sans-abri, sans parler de son désir d'un bref moment de compagnie, incitèrent Dominique à accepter l'offre de l'aimable étranger. Elle sirota lentement la boisson jusqu'à ce que Joël la convainque de simplement renverser le verre et de le finir d'un seul coup pour la réchauffer.

La poitrine et la gorge de Dominique brûlaient après avoir obéi à sa demande, et elle parvenait à peine à s'empêcher de s'étouffer à haute voix. Après un moment, elle était capable de reprendre une respiration et une parole normales. Elle a écouté Joël se présenter et commenter le temps épouvantable. Ses yeux ne s'éloignaient jamais de son visage et Dominique était plus que gênée par son apparence débraillée.

Elle portait la seule robe qui lui allait encore, et à peine. Après la mort de Mme Taylor, trois mois auparavant, la vie avait été encore moins clémente. Les finances des Taylor étaient passées de médiocres à presque sans le sou. Mme Taylor n'avait pas pu coudre de vêtements à Dominique ou aux autres enfants au cours des dernières années en raison de problèmes de santé, et ils avaient été obligés de porter les mêmes tenues de manière récurrente.

Cependant, au cours des derniers mois, la silhouette de Dominique s'est accentuée, sa poitrine se remplissant et se tendant contre les coutures pour lesquelles elle avait été équipée à l'âge de seize ans. À l'âge de dix-neuf ans, M. Taylor a informé Dominique qu'elle avait déjà dépassé le point de devoir déménager, comme deux des autres enfants l'avaient déjà fait. Dominique gagnait le peu qu'elle pouvait en tant que couturière et le donnait à la famille, mais cela ne suffisait toujours pas. Et lorsque M. Taylor avait laissé entendre en privé que Dominique était la bienvenue si elle était disposée à prendre la place de sa femme de toutes les manières imaginables, cela avait été une révélation choquante et Dominique était immédiatement partie.

Depuis son départ il y a deux jours, elle avait passé son temps à chercher un emploi. Elle avait passé les deux dernières nuits à se cacher dans des endroits isolés après la tombée de la nuit, essayant seulement de rester en sécurité et de gérer quelques heures de sommeil. Jusqu'à présent, elle avait réussi, mais Dominique doutait que sa chance tienne plus longtemps.

Quelques instants plus tôt, déprimée et cherchant un autre endroit où passer la nuit à venir, Dominique avait repéré la Tête de Sanglier et, bien qu'elle ne soit pas particulièrement désireuse d'entrer dans une taverne, elle était attirée par l'abri de la tempête et la possibilité de trouver un emploi à l'intérieur. . Elle avait faim aussi, bien qu'elle ait réussi à mendier une demi-miche de pain rassis dans une boulangerie la veille. Dominique savait qu'elle devait avoir l'air terrible et fut choquée par la gentillesse actuelle de l'homme charmant qui lui parlait.

"Puis-je vous offrir un souper?" Il a demandé.

L'expression céleste sur son visage fit se tordre les tripes de Joel dans une émotion inconnue. Pour une raison quelconque, il la trouvait seule, même si c'était bien plus que cela. Il sentait une sorte de bonté émaner d'elle, et elle était certainement polie pour une p**e. C'était dommage que la fille soit une prostituée, car elle aurait pu être faite pour de meilleures choses si elle n'avait pas choisi ce chemin particulier dans la vie.

"Oh, ce serait si gentil de votre part, monsieur," répondit-elle avec reconnaissance. "J'aimerais pouvoir promettre de vous rembourser, mais je me trouve plutôt à court de fonds en ce moment."

"N'y réfléchissez pas à deux fois", rassura Joël. En quelques instants, il réussit à faire livrer à table un dîner confortable composé de pâté chinois, de pain et de beurre, de fromage et de vin. Un rapide coup d'œil vers David et Phillip incita Joel à procéder plus rapidement, car il était évident qu'ils étaient perturbés en attendant. Il leur fit un rapide signe de tête et un sourire entendu pour signaler qu'elle était bien la bonne. Après lui avoir laissé suffisamment de temps pour savourer le délicieux plat, Joël a commencé sa demande. "J'ai une proposition à te faire, Dominique."

Elle le regarda avec méfiance en pleine bouchée, se demandant soudain si elle avait été trop hâtive dans son opinion favorable du jeune homme. Avalant sa nourriture, Dominique répondit doucement : « Que veux-tu que je fasse ? Ses yeux séduisants et la douce voix de sirène ont suscité un désir qui a surpris Joël, car la pensée soudaine de ce qu'il aimerait qu'elle fasse l'aurait choquée jusqu'au bout des orteils.

Les cheveux de Dominique avaient commencé à sécher un peu et Joël trouva qu'ils n'étaient pas aussi foncés qu'il le pensait au départ. C'était brun, plus clair que ses yeux, épais et brillant. Il regarda silencieusement Dominique porter le verre de vin à ses lèvres et une goutte de liquide se répandre sur sa poitrine. Joel secoua mentalement la tête pour se débarrasser des pensées alléchantes qu'une seule goutte lui faisait penser. Il demandait au nom de Derek, pas au sien, et il ferait bien de s'en souvenir.

"Eh bien, vu que vous avez besoin d'argent, et qu'un de mes amis proches a besoin de vos services pour un petit moment ce soir, j'ai pensé que nous pourrions peut-être nous mettre d'accord sur un montant pour lesdits services rendus."

"Je vous demande pardon?" » demanda Dominique, le vin et le bourbon lui donnant un sentiment de vertige. Elle n'aimait pas où cette conversation semblait la mener et commença à le lui dire, mais à ce moment-là, David et Phillip atteignirent la table, se laissant tomber de chaque côté de Dominique. Elle regarda avec méfiance les trois beaux diables et leurs visages souriants, et l'horrible pensée lui vint à l'esprit qu'ils espéraient la payer pour accomplir une sorte de perversion malsaine.

"Je pars," cria-t-elle, la chaise grattant le sol en bois alors qu'elle se levait brusquement. Joel tendit la main par-dessus la table et l'attrapa doucement par le poignet.

« Notre ami est en train de mourir », a-t-il proclamé. Dominique resta immobile à cette déclaration, même si elle resta prête à s'enfuir. Elle crut entendre un ricanement de la part d'un des deux autres hommes et regarda Joël avec méfiance. « Il ne lui reste que quelques mois avant la vie car il sait qu’elle va se terminer. Et bien… il espérait partager la compagnie d'une charmante jeune femme ce soir.