Un sourire flottant sur les lèvres, Fin avait encore du mal à se remettre du choc de ses retrouvailles.
L’odeur agréable de lavande avait envahi l’ancienne chambre de ses parents dans laquelle il s’était installé après leur mort. La pièce reluisait de partout, pas une trace de poussière et le lit était impeccable.
L’image de Charlie allongée nue au milieu des draps l’envahit soudain. L’image était si puissante qu’il le laissa mal à l’aise. Poussant un soupir, il commença à se déshabiller. En ôtant son insigne de la poche de son jean, il grimaça en le fixant. Marshal-adjoint Hunt. Un rictus aux lèvres, il le rangea dans un tiroir de la commode, sortit des draps et les jeta sur le lit avant d’aller prendre une longue douche.
Dix minutes plus tard, après avoir enfilé un autre jean et un t-shirt, il redescendit et alla récupérer les sacs de courses resté dans sa voiture. Alors qu’il approchait de la cuisine, la voix de Charlie se fit à nouveau entendre et elle semblait discuter avec quelqu’un au téléphone.
- J’ai reçu ton mail, Stew.
Il eut un court silence et elle poussa un soupir.
- Écoute, rappelle-moi un peu plus tard… Oui, oui je travaille toujours dans ce bar… Le bar de Cheryl n’est pas un endroit miteux. Écoute, on se parle plus tard, je bosse là.
Charlie rangea son téléphone et sortit de la cuisine en rouspétant. Elle faillit lui rentrer dedans. Après s’être excusée, elle reprit sa route.
Lorsqu’il la vit revenir quelques minutes plus tard il était entrain de vider les sacs de course. Elle toisa le contenu étendu sur la table de travail et eut un sourire narquois.
- De la bière, des boites de conserves et de quoi faire des sandwiches. Ça se voit bien que tu es un mec.
- C’est sensé signifier quoi ?
- Rien, dit-elle en riant. Tu veux un coup de main pour ranger tout ça ?
- Non. Je pense que tu as déjà fait beaucoup en nettoyant cette vieille maison. En plus, cela m’aidera à me re-familiariser à la maison.
- Zut ! dit-elle en apercevant l’heure sur la montre à son poignet. Je vais être en retard au boulot.
- Au boulot ? Tu fais autre chose en plus du ménage ?
- Je ne fais pas de ménage, dit-elle en roulant des yeux d’un ton excédé. J’aide juste Ellen.
Alors qu’elle se dirigeait vers la porte, il l’arrêta.
- Charlie attends. Tu peux me rendre un service et ne dis à personne que je suis revenu ? Je veux dire pour le moment.
Surprise, elle le fixa.
- Pas même à Ellen ?
- Non. Je passerai plus tard la voir. Tu veux bien ne rien dire ?
- Ok. Comme tu veux. Il faut vraiment que j’y aille, là.
Elle avança et lui posa un tendre b****r sur la joue. Le contact de ses lèvres fit naître de doux frisson d’excitation dans son corps.
- Bon retour et à plus, dit-elle d’une douce voix.
Deux secondes plus tard, elle avait disparu. Il entendit ses pas disparaître et la porte d’entrée se fermer sur elle. Poussant un soupir, il se dirigea vers le réfrigérateur et l’ouvrit pour ranger les bières. Avec un grand sourire, il prit une bière et se dirigea à l’arrière de la maison dont la pelouse avait bien besoin d’être tondue.
Il était vraiment heureux d’être de retour chez lui.
* * *
Fin Hunt n’avait pas changé de ses souvenirs. Grand, fort, beau, viril, ses cheveux brun sombre, ses trais racés, la bouche fine, un visage exprimant la détermination et ses yeux marrons clairs. Il avait une barbe assez fourni mais cela lui donnait un charme sauvage et presque dangereux et il l’avait scruté avec un sourire amusé. Même vêtu d’un vieux jean délavé et d’un simple t-shirt, il était toujours aussi canon. En treize ans, on aurait pu penser que le temps aurait eu quelques ravages sur lui mais non. Il était encore plus sexy que dans ses souvenirs de gamine.
Avec un petit rire, Charlie scruta sa vieille berline stationnée à quelques mètres en contrebas de la maison.
Elle s’y engouffra une minute plus tard et essaya de calmer son cœur qui battait à tout rompre. Elle qui pensait en avoir finir avec ses réactions d’adolescente qui rougissait et tremblait à chacune des apparitions de Fin Hunt, elle devait se rendre compte que ce n’était pas le cas. Elle était toujours autant troublée par sa présence.
Et puis ses yeux bruns. Toujours aussi magnétique.
Elle était folle de penser ainsi encore à lui après toutes ses années mais elle ne pouvait empêcher son corps de réagir ainsi. Surtout après avoir sentit son corps contre le sien. Elle ne savait ce qui lui avait prit de lui faire cette accolade.
Elle se demandait encore comment elle avait réussi à garder son sérieux et à discuter aussi simplement et tranquillement avec lui. Et puis ce b****r sur la joue. Ses lèvres la piquaient encore de la sensation de sa barbe. C’était quelque chose d’assez excitant. Qu’est-ce qui lui avait prit de faire ça ? Il était vrai que son retour inattendu la rendait heureuse. Elle s’était toujours bien entendu avec Fin même lorsqu’il lui arrivait de lui faire quelques farces. Il lui était arrivé de la punir bien sûr mais il avait toujours été très gentil et compréhensible avec elle.
Il était au courant comme tout le monde à l’époque des disputes incessantes de ses parents - qui d’ailleurs avaient fini par divorcer ce qu’elle ne regrettait pas. Il s’était toujours comporté envers elle un peu comme un grand-frère mais avec le temps ses sentiments envers lui avaient évolué. Elle avait mis cela sur les hormones de l’adolescence naissante mais lorsque des années plus tard, il lui arrivait de penser à lui et de le comparer à ses petits-amis elle avait fini par comprendre que ce n’était pas seulement qu’un béguin d’ado.
Elle eut un autre sourire et leva la tête vers la maison de Fin. Par rapport à la sienne, celle-ci était bien plus grande. Sa maison était petite mais c’était sa maison. Elle aurait très bien pu rester vivre chez son père chose qu’elle avait fait les deux premiers mois après son retour en ville mais cela faisait bien trop longtemps qu’elle était habituée à vivre seule et chez elle. En plus cela faisait un peu partir de sa thérapie. En plus de ne pas regarder en tout temps autour d’elle, d’avoir peur et sursauter au moindre bruit ou d’être en proie à des crises d’angoisses soudaine.
Elle poussa un soupir, refoulant ses souvenirs. Cela avait été difficile mais elle y était parvenue. Elle avait réussi à retrouver la stabilité de sa vie d’avant et elle ne laisserait plus rien l’y déroger.
Scrutant à nouveau sa montre, elle grimaça. Elle avait à peine le temps de préparer à diner. Elle ferrait mieux de se dépêcher si elle en voulait pas arriver en retard. Ce soir, elle chantait.
Jetant un dernier regard à la maison, elle démarra direction chez Ellen.
Après un tour rapide pour voir comment celle-ci allait, elle rentra chez elle prendre une douche et se changer avant d’aller au bar. Comme elle l’avait promis à Fin, elle n’avait rien dit même si elle savait à qu’elle point la vieille femme aurait été heureuse d’apprendre le retour de Fin, qu’elle considérait comme son fils.
* * *
Derrière ses lunettes noires et sa casquette de base-ball enfoncé sa tête, l’homme crispa les mains gantées de gants noirs en cuirs sur le volant de sa voiture cachée en regardant la vieille berline grise de Charlie s’éloigner.
Il lui aura fallu seulement quelques jours mais après toute cette surveillance, il connaissait parfaitement son emploi du temps. Il savait quand elle se levait, ce qu’elle prenait au petit déjeuner - pancake et bacon ou crêpes au sirop, comme toujours - où elle travaillait, quand elle allait se coucher et ce qu’elle portait lorsqu’elle se mettait au lit.
Un sourire sinistre s’esquissa sur ses lèvres.
Bientôt. Bientôt, elle serait de nouveau à lui. Comme il aurait toujours dû l’être. Sa Charlie. Sa belle voix d’or. Rien qu’à lui.
Démarrant, toujours son sourire aux lèvres, il s’engagea sur la même route qu’elle.