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Bonjour, je m’appelle Annabelle, mais tout le monde m’appelle Belle. J’ai dix-neuf ans, j’ai de longs cheveux noirs, mais pas par choix, je n’ai juste pas les moyens de les faire couper, ou plutôt, pas le temps. Mes yeux sont bleus clairs et j’ai la peau pâle, presque diaphragme. Je mesure un mètre et soixante-quinze centimètres et je pèse à peine cent-trente livres. Autant, vous dire que je suis maigre.
J’ai eu mon émancipation à l’âge de seize ans. Donc, depuis trois ans maintenant, je suis considérée comme une adulte aux yeux de la loi. La raison? C’est simple, mon père est mort alors que j’avais seulement trois ans, je ne me souviens pas de lui. Ma mère m’a élevée seule jusqu’à mes quatorze ans. Elle s’est fait un petit ami et il a emménagé à la maison avec sa peste de fille. Elle avait deux ans de plus que moi et c’était la pire peste que cette terre ait portée.
Un peu avant mes seize ans, ma mère devait se mariée avec lui, mais en se rendant à l’église, elle a eu un accident de voiture et est tombé dans le coma. Elle y est depuis. Son copain voulait la débrancher et ainsi hérité de l’argent de ma mère, mais je me suis battue pour que ma mère reste branchée. Ce qu’il n’avait pas prévu était que ma mère ne l’avait pas mise sur son testament. Donc, s’il arrivait quelque chose à ma mère, c’est moi qui héritais. Je n’étais pas pressé d’en arriver à cela.
IL m’avait alors fait la vie dure pour que je débranche ma mère et que je lui donne l’argent de l’héritage qu’il disait lui appartenir de droit. Mais j’avais tenu mon bout et j’avais entrepris les démarches pour devenir adulte aux yeux de la loi. Je l’avais chassé de ma maison avec sa peste de fille et depuis, je ne les avais jamais revues.
Les médecins m’avaient dit que le seul espoir de ma mère était de subir une intervention neuro-chirurgique qui coutait au bas mot, cinq-cents mille dollars et c’était sans compter les soins post opération et la rééducation.
Donc, depuis trois ans, je travaille quatre-vingt-dix heures par semaine, soit de onze heures le matin à minuit le soir et cela, sept jours par semaines, je ne prends jamais de congé. J’ai commencé à travailler dans trois restaurants au début. J’étais à la plonge et je devais avouer que ce n’étais pas vraiment payant. Puis, un jour, Larson, le patron de la Maison du Grill m’a demandé pourquoi je travaillais autant.
Quand je lui ai expliqué mon histoire, il m’a fait former sur le poste du Grill. Le maître Grill voulait prendre sa retraite et il cherchait quelqu’un. Il m’a offert de prendre le poste et de l’occuper pour cinq des journées d’ouverture, je lui ai offert de le faire, mais pour tous les jours, de l’ouverture à la fermeture, que je ne voulais pas être payée en heure supplémentaire pour plus de trente heures, mais qu’en contrepartie, j’aimerais avoir mes repas et breuvages fournis.
J’avais donc laissé tomber mes deux autres emplois et j’avais commencé à travailler à temps plus que complet à la maison du Grill. Larson me payait quand même mes quatre-vingt-dix heures de travail et me permettait de manger et de boire tout ce dont j’avais envie en me disant que cela faisait partie des avantages du poste. Quand je terminais de travailler, j’allais me doucher dans la salle des employés et ensuite, je filais à l’hôpital pour passer la nuit et la matinée auprès de ma mère. Elle était toujours dans le coma, mais son état était stable, ce qui était un bon signe selon son médecin. À chaque mois, je payais ses frais d’hospitalisation et mettais le surplus d’argent dans un compte pour son opération. J’avais aussi vendu la maison et tous les meubles, lorsque ma mère serait guérie, il sera toujours temps d’en acheter de nouveau, pour l’instant, j’avais besoin d’argent pour prendre soins d’elle.
Combien d’argent me manque-t-il vous allez demander? Plus tant que cela. L’hôpital estimait que l’opération et tous les soins à huit-cents mille dollars. Il m’en manquait cent mille. Donc, en six mois, j’allais avoir l’argent pour tout payer pour ma mère. Je l’ai regardé avec tendresse alors que je lavais son visage.
Belle : Tu vas voir maman, bientôt, tu vas pouvoir te réveiller et nous allons reprendre notre vie.
Seul le bip des moniteurs me répondait, mais ce n’était pas grave, je continuais de parler à ma mère pour lui faire savoir que j’étais là pour elle.
Belle : Tu sais maman, tu me manques tellement, j’ai hâte de t’entendre me dire que mes cheveux sont trop longs, que je ne mange pas assez, toutes ses choses que tu me reprochais gentiment. Mais ce qui me manque le plus, c’est ton amour. Je me sens tellement seule… Sinon, au travail, tout va bien, je suis devenue le maître Grill la mieux côté de la ville… tu te rends compte? Cela me fait me demander si je ne devrais pas m’ouvrir mon propre restaurant quand tu vas être guérie. Mais si je fais cela, je vais devoir trouver un arrangement avec Mathéo. Je t’ai déjà parlé de lui maman… c’est le nouveau chef de la mafia et il possède toute la ville pour ainsi dire, même la Maison du Grill.
J’ai soupiré doucement
Belle : Ouais, je sais, ça craint. Il possède la ville et ont ne peu pas lancer d’entreprise sans son approbation, mais lorsque tu seras sur pied, nous allons pouvoir déménager dans une autre ville et là, je vais pouvoir lancer mon propre restaurant.
J’ai doucement embrassé le front de ma mère et je l’ai recouverte d’un drap. Je m’occupais des soins d’hygiène de ma mère, cela me coûtait moins de sous de le faire moi-même. Au début, c’était gênant, mais maintenant, j’y étais habitué.
Belle : Bon, je dois y aller maman, je vais travailler et je reviens ce soir. Je t’aime maman.
Voilà, c’est à cela que se résument mes matinées. Je me suis dirigé vers le restaurant et je suis passé par la porte des employés. J’ai salué Larson, comme je le fais à tous les jours et il me fit signe d’attendre une minute avant de continuer.
Larson : Belle, bonne nouvelle, tu sais la spécialité que tu m’as fait goûter? Nous allons l’ajouter au menu de ce soir à titre d’essai.
Je l’ai regardé avec émotion alors que je réalisais ce qu’il disait. La spécialité était un braisé de bœuf sur le Grill que j’avais développé pour un de mes repas. Le bœuf était mariné à sec et tempéré avant d’être saisi à vif et ensuite, cuit lentement à chaleur douce. Mon immense grill me permettait d’avoir différent niveau de chaleur et le contrôler en entier révélait vraiment d’un talent unique. L’ancien maître Grill ne l’ouvrait jamais en entier, car il faisait près de deux mètres de long et une fois remplis, il pouvait contenir cent-cinquante steaks. Je ne l’avais jamais empli en totalité, mais j’avais quand même monté jusqu’à soixante-douze steaks en même temps. Je sais, c’est beaucoup, mais ce soir-là, c’était spécial, c’était un groupe d’homme d’affaire qui était venu manger et ils voulaient être tous servis en même temps, donc, j’avais improvisé. J’avais réussi avec une cuisson impeccable pour tous ses hommes et c’est ce qui m’avait valu le titre honorifique de maître grill la meilleure de la ville et une belle augmentation de salaire, car Mathéo était parmi ses hommes.
Personnellement, je n’ai jamais vu cet homme. Je le croiserais dans la rue et je ne saurais même pas qui il est. Pour moi, il était un nom sans visage.
Larson : Tu sais ce que cela veut dire Belle?
Belle : Non quoi?
Il gloussa en me regardant
Larson : Si le plat passe le test, tu vas recevoir un pourcentage des ventes. Pas énorme, mais cinq pourcents des ventes.
Belle : Quoi? Mais non… ce n’est qu’un plat que je me prépare parfois…
Larson : Belle, c’est un des meilleurs plats de bœuf que j’ai mangé. Ce soir, Mathéo vient ici pour l’essayer. Il va être avec sa petite amie du moment, un souper en amoureux. S’il aime le plat, il va être ajouté au menu définitivement. Alors, comme d’habitude, fait ta magie Belle.
Belle : Merci Larson
Larson : Alors, comment va ta mère?
Je lui ai souri en douceur
Belle : Je suis près de mon but, encore six mois et je vais pouvoir commencer à diminuer les heures… je te promets d’être là pour les heures d’affluence, je ne te laisserai pas tomber. Tu as tellement fait pour moi… toute l’équipe en fait.