Ce moment, ils l’avaient tant redouté. Chacun avait secrètement imaginé un scénario pour échapper à ce regroupement forcé. Car ils savaient d’instinct qu’ils ne seraient pas épargnés. Et ils étaient là, ne fondant plus leur espoir que sur une mansuétude particulière de ces bourreaux ou sur une chance hypothétique que ces hommes ne fussent excédés par rien. Jana était blottie contre son oncle. En quelques instants, des années s’étaient abattues sur elle. Elle avait perdu sa légèreté, son enthousiasme et elle maudissait ces oustachis, responsables de tant de malheurs. Sauf Marko dont elle croyait encore à l’image séraphique. Elle se félicitait qu’il ne fût pas là, il gardait ainsi, à ses yeux, sa virginité et son humanité. Des badauds, croates catholiques évidemment, s’étaient approchés de


