le soir de la rencontre au bal
Cela fait maintenant quinze jours que Jean-Paul est reparti vers sa caserne, à sept cents lointains kilomètres. Il est venu passer deux petits jours de permission, la première permission depuis qu’il a été appelé sous les drapeaux, et ces deux jours se sont passés en un éclair pour lui comme pour elle, Maryvonne, la douce fiancée.
Il a été appelé voici trois mois à faire son service militaire ; il a 23 ans et bénéficiait d’un sursis pour études. Mais voilà, les études sont terminées et il a dû prendre en mars le chemin du régiment pour effectuer son devoir national durant plus d’un an.
Tous deux se fréquentent depuis l’année dernière. Ils se sont connus lors d’un bal de campagne, comme il y en a tous les samedis et dimanches. Elle n’avait que 17 ans, mais travaillait déjà, employée comme vendeuse dans une boulangerie du chef lieu de canton. Ils se sont plus, et leur flirt a vite évolué en grand amour, bien qu’elle ait toujours refusé de lui céder, de peur de tomber enceinte d’une part, et par principe aussi, soucieuse de lui accorder le don de son corps pour la nuit de noces. Car ils ont parlé mariage et ont même décidé que cela se ferait à son retour de l’armée.
Alors il ronge son frein, et là encore, durant ces deux jours de retrouvailles, elle n’a qu’en partie capitulé. Ils sont allés danser samedi soir et elle a passé la nuit avec lui, mais si elle a accepté ses caresses les plus osées, nue contre lui dans le lit, elle a réussi à maîtriser l’envie qu’elle avait de se donner.
Il a obtenu au matin sa première caresse buccale, maladroite, mais preuve de son amour et gage d’autres caresses à venir. Lui-même s’est longuement occupé à lécher et s***r les deux seins en poire, le ventre, la brèche enfouie dans l’épaisse forêt de poils noirs, mais – maladresse de sa part ou précipitation – sans parvenir à obtenir la reddition qu’il attendait.
L’après-midi du dimanche, après avoir salué la famille et avant de se rendre à la gare, ils sont allés se promener dans un petit chemin forestier et là, dans la quiétude de la frondaison, seulement bruitée par les chants d’oiseaux, elle lui a, à nouveau, prodigué une f*******n, l’amenant à la jouissance, penchée sur lui tandis qu’il criait et lui maintenait le visage contre son ventre, l’empêchant de se soustraire à la tornade crémeuse, obligée d’accepter l’invasion de sa bouche par la semence un peu âcre. Après qu’il ait relâché sa prise sur sa nuque, elle s’est redressée, honteuse, le visage empourpré et s’est empressée de s’essuyer les lèvres. Mais contre toute attente, il l’a attirée contre lui pour un b****r profond et, malgré sa gêne, leurs langues se sont mêlées durant un long moment durant lequel la main de Jean-Paul s’est glissée sous sa jupe puis dans son slip, les doigts pénétrant dans la brèche du ventre, au milieu d’un véritable marécage et ressortant… écarlates, ses règles arrivaient !
Elle s’est dit peu après, qu’à ce moment là s’il avait insisté, elle se serait donnée à lui sur-le-champ ; mais il était quelque peu refroidi par cet évènement naturel, et il avait eu d’une autre manière son plaisir, et puis l’horaire de la SNCF, c’est l’horaire. Il avait bien fallu se résoudre à reprendre le chemin du village, après qu’elle ait remis un peu d’ordre dans sa tenue.
Ce soir-là c’est Martine, son amie, qui les a emmenés à la gare dans sa petite voiture, tous deux assis à l’arrière pour un dernier câlin. Jean-Paul l’a prévenue qu’il n’aura pas de nouvelle permission avant six semaines, pour cause de manœuvres. Que c’est long, six semaines ! Ils s’écrivaient, souvent au début de son service, chaque jour, maintenant un peu moins, une ou deux lettres par semaine.
Elle a un peu de mélancolie mais Martine vient justement de passer la voir à la boulangerie ce vendredi, pour lui proposer de l’accompagner samedi soir à un bal à Besançon.
— Ça te changera les idées, on va se faire plaisir en dansant !
Elle a hésité puis accepté, se disant qu’en effet ça lui changerait les idées, d’autant plus que Martine lui a assuré, en partant d’un grand éclat de rire, qu’elles rentreraient avant l’aube.
Ce samedi, la journée touche à sa fin. Les derniers clients, habituels retardataires, sont venus en catastrophe acheter un reliquat de pain – comme s’ils ne pouvaient pas venir plus tôt, dixit sa patronne. Maryvonne tire le rideau et commence à balayer le sol carrelé. Il n’y a presque pas d’invendus à remiser, et après un dernier coup de torchon sur la vitrine, elle peut déboutonner sa blouse rose, se recoiffer rapidement, faire la bise à sa patronne qui lui recommande la prudence pour ce soir, car elle est au courant de la sortie prévue. Elle lui a d’ailleurs accordé congé pour le lendemain matin, contrairement aux autres dimanches où elle doit travailler.
Elle court jusqu’à la maison de sa sœur, mariée à un commerçant et chez qui elle occupe une chambre avec entrée indépendante. Elle se déshabille et s’enferme à la salle de bain. Elle se prélasse quelques minutes sous la douche, se lavant soigneusement, puis après un shampoing, elle sort et, toute nue face au miroir, elle se sèche les cheveux. Elle s’examine, elle s’apprécie moyennement : ses seins, qu’elle juge un peu petits, sont en poires – elle fait 85C de soutien-gorge – mais un peu lourds, tombants et couronnés par deux larges aréoles d’un beau rose-foncé.
Elle relève les bras pour brosser ses cheveux bouclés. Ses aisselles sont tapissées de deux buissons bruns, mais à cette époque les aisselles fournies sont encore courantes et peu de gens s’en offusquent. Elle attendra l’été pour les raser.
Au bas de son ventre, trop bombé à son goût, le pubis est lui aussi très touffu et ses poils débordent même dans les aines ; là aussi, elle interviendra au mois de juillet, si elle doit aller à la baignade avec Jean-Paul.
Elle se munit du rasoir de son beau-frère pour éliminer quelques poils naissants sur ses jambes qu’elle s’attache à avoir, elles, parfaitement lisses, puis elle vaporise un voile d’eau de toilette sous les aisselles, un peu sur le nombril et enfile un slip en nylon rose qui épouse crûment le galbe des ses hanches un peu larges et accentue la rotondité de son postérieur. Elle met ensuite une 'combinette' courte, s’arrêtant à mi-cuisses, du même nylon transparent que le slip ; les bonnets soutiennent les seins sans les comprimer comme le ferait un soutien-gorge, et laissent transparaître la tache des aréoles. Un corsage blanc, heureusement opaque, sans manches, une jupette plissée à carreaux écossais, un peu de rouge à lèvres, elle est prête.
Dans sa chambre, elle hésite entre des mocassins plats et des nu-pieds à talons mi-hauts pour lesquels elle opte finalement ; ils mettront en valeur ses chevilles délicates et ses mollets musclés ainsi que ses délicieux orteils vernis du même rouge que les ongles de ses mains. Un gilet noir en coton, son petit sac avec un peu d’argent, ses papiers, la clé de la maison. Elle passe en coup de vent au magasin faire un bisou à sa sœur, encore affairée ; les recommandations d’usage :
— Essaie de ne pas rentrer trop tard, attention à ne pas boire, attention sur la route…
Avec Martine, pas de problème, c’est une conductrice extra. Elle rejoint celle-ci un peu avant vingt heures sur le parking de la mairie… petit bisou et « en route pour la fiesta » comme dit en riant sa copine.
Elles sont à Besançon une demi-heure plus tard et s’autorisent, après avoir garé la voiture, à boire un diabolo menthe à la terrasse d’un café. Quelques garçons en goguette passent et les draguent gentiment, sans qu’elles y prêtent une attention particulière, si ce n’est une réflexion vacharde de Martine à propos d’un des gars à la figure constellée d’acné.
De la salle des fêtes voisine leur parviennent des accords de guitares, des essais de batterie, des trilles d’accordéon ; les musiciens font leurs derniers réglages avant le début de la soirée dansante.
Elles se dirigent enfin vers le guichet d’entrée, règlent le montant de leur ticket qui donne droit à une consommation, reçoivent un coup de tampon encreur sur le poignet, qui leur permettra de sortir de la salle, sans être inquiétées pour y revenir.
Passage obligé au vestiaire où elle confie sac à main et gilet. Martine porte, elle, une belle robe à fleurs à volant qui met en valeur sa poitrine généreuse et sa peau claire de rousse.
Un public déjà nombreux garnit la salle et, tandis que pas mal d’hommes en sont aux retrouvailles aux abords de la buvette, les femmes papotent. À vingt et une heures pile, l’orchestre attaque les premières mesures d’un paso-doble, et aussitôt les premiers couples tournoient sur la piste.
D’autorité, Martine entraîne Maryvonne ; c’est elle qui « conduit » la danse, et la petite brune se prête de bonne grâce aux impulsions que sa cavalière lui donne pour la faire tourner à l’endroit puis à l’envers. Le rythme est soutenu, le tempo assez rapide comme il convient pour lancer une soirée dansante. Un second morceau puis un troisième succèdent au premier et le nombre des danseurs augmente.
Près du bar, trois hommes viennent d’arriver et examinent d’un œil averti l’assemblée dansante. Le plus âgé, un grand brun qui doit avoir près de la quarantaine, commente pour les deux autres :
— Dis donc, la mémé là-bas, elle a déjà vécu, vise un peu les poteaux, Charlie ! dit-il, en poussant son coude dans les côtes de son voisin,un blond d’une trentaine d’années.
— Ouais, t’as raison !
Effectivement, la dame qui fait l’objet de leurs remarques, est engoncée dans une robe droite qui révèle crûment les bourrelets de sa taille replète.
Le troisième, petit et râblé, au crâne déjà passablement dégarni, les interpelle à son tour :
— Visez les deux nanas…
Il désigne du menton Maryvonne et Martine qui tournoient.
— La rousse a l’air d’avoir du beau matériel… qu’est-ce t’en pense, Paulo ?
Paulo, le plus âgé rétorque, impavide :
— Moi je préfère la brunette, ça sent la fausse mince à plein nez… regarde les guiboles !
La jupe plissée de Maryvonne se soulève à chaque virevolte que lui fait faire Martine, découvrant l’arrière de ses cuisses bien galbées.
— Allez, tourne plus vite, cocotte ! dit-il en ricanant.
Comme si les deux filles avaient entendu, elles entament une série de boucles en toupie et le tissu écossais se soulève encore plus, découvrant un bref instant, ce qui n’a pas échappé à l’œil de lynx du quadragénaire, un feston de nylon rose.
La danse s’achève et les danseurs gagnent, qui une place à table, qui le bar pour y boire un premier verre. Presque sans temps mort, l’orchestre enchaîne avec une série de valses. Cette fois les amateurs sont moins nombreux, surtout les hommes mais des couples féminins se forment. Martine se penche pour proposer cette danse à Maryvonne quand un homme (Paulo) s’approche et s’interpose en s’adressant à la petite brune :
— On danse, Mademoiselle ?
C’est à peine une question, presque une affirmation. Au même instant s’approche de Martine un garçon qui lui fait la bise. Maryvonne se lève de son siège et lissant machinalement sa jupe sur ses fesses et suit Paulo sur la piste. Il est grand mais malgré la différence de taille, il sait immédiatement comment la tenir. Elle pose sa main gauche sur l’épaule de l’homme, appréciant la douceur d’un pull sûrement en cachemire, tandis que sa main droite disparaît dans la paume de son cavalier. Il danse très bien, elle le perçoit immédiatement mais c’est lui qui la complimente :
— Hmm ! c’est un vrai plaisir, on dirait que vous avez dansé toute votre vie… pourtant vous êtes bien jeune, combien ? Dix-neuf, vingt ?
Elle corrige :
— Dix-huit.
Il rit.
— Oh, excusez-moi… mes compliments !
Elle rougit tandis que, imperceptiblement, la main droite de l’homme assure sa position sur ses reins ; tout juste une petite pression des doigts quand il veut la faire tourner à l’endroit, une autre pour tourner à l’envers. Il dit :
— Moi, c’est Paul, et vous ?
— Maryvonne…
— Enchanté, Maryvonne ; d’où êtes-vous ?
Prise de court par ce questionnaire inattendu, elle répond et dit le nom du bourg où elle travaille.
L’orchestre achève la première valse, et laisse à peine le temps aux danseurs de reprendre leur souffle qu’il enchaîne sur une autre, tout aussi rapide. Paulo, qui a laissé se desserrer l’étreinte de son bras droit, raffermit sa prise à la taille de la petite brune. Sa main se loge davantage au creux des reins, découvrant leur cambrure prononcée que ne laisse pas deviner la coupe ample de la jupe.
Maryvonne peut se rendre compte que Martine danse avec le garçon qui l’a abordée tout à l’heure et qu’elle semble bien connaître, car elle rit aux éclats tandis que ce dernier la fait tournoyer.
Les valses s’achèvent et galamment Paulo ramène Maryvonne jusqu’à sa table où la rejoint Martine ; le cavalier de celle-ci est allé retrouver un garçon avec lequel il discute près du bar.
— Dis donc, tu attaques avec un senior !
Maryvonne rougit.
— Oui, oh tu sais j’ai pas fait attention. Il danse bien en tout cas !
— Alors que le mien, il me fait tourner comme une toupie ! s’esclaffe la rousse en ajoutant :
— Mais il a d’autres talents…
Elle cligne de l’œil.
— Tu le connais ? demande Maryvonne
— Oui, on flirte de temps en temps ensemble, il est sympa et il a une belle bagnole.
Les premiers accords de Rock’around the clock retentissent.
— Allez viens, on y va !
Martine l’entraîne presque de force sur la piste où deux garçons viennent les séparer.
Maryvonne, comme par hasard, hérite du grand boutonneux qu’elles ont vu à la terrasse du café, avant d’entrer tout à l’heure, mais qui s’avère être un très correct danseur de rock. Le garçon la fait pirouetter, et cette fois la jupe plissée révèle à plusieurs reprises la dentelle rose de la 'combinette' et quand elle se retrousse sur le devant, le galbe charnu de ses cuisses en pleine tension musculaire.
Au bar, Paulo et ses deux acolytes ne perdent pas une miette du spectacle.
— Qu’est ce que j’avais dit, les gars, Vous avez vu les cuisses ? dit le quadra et d’ajouter avec un geste significatif de la main droite :
— D’après ce que j’ai cru comprendre… la chute de reins est prometteuse.
— C’est une gamine…
— Justement, elle a dix-huit ans et ce soir c’est ce qui m’intéresse.
— Elle s’appelle comment ta brunette ?
— Maryvonne, je sais c’est d’un kitch… mais ça me plaît encore davantage !
— Vieux dégueu !
— Peut-être, mais qui c’est qui qui emballe, hein ?
— C’est Paulo ! s’exclament les deux autres en chœur, faisant converger vers eux les regards de leurs voisins.
Les rock and roll se terminent. Après une courte pause, l’éclairage baisse en intensité, le projecteur s’allume, constellant de mille étoiles le plafond noir de la salle tandis que les musiciens jouent l’intro de ce qui va être « le slow de l’été ».
Les couples de forment. Sans se presser, Paulo se dirige vers la table de Maryvonne. Martine vient tout juste de suivre son flirt dans la pénombre. Il y arrive en même temps que le grand dadais boutonneux. D’un regard il le toise et s’adresse à la jeune fille :
— On danse ?
Cette fois ce n’est plus du tout une question. Interloquée, elle balbutie, gênée pour le garçon :
— Mais… mais, il…
Paulo lui tient la main.
— Allez, on y va, il aura droit à la prochaine!
Puis arrivés sur la piste, alors qu’il l’enlace :
— C’est ton fiancé ?
Elle frémit sous le tutoiement.
— Nnon… mon fiancé est à l’armée.
Il ricane :
— Tu es venue tenir compagnie à ta copine ? Remarque, elle a l’air de se débrouiller seule.
En effet, non loin d’eux Martine a enfoui son visage au creux de l’épaule de son flirt.
Paulo parle à voix basse :
— Elle est pas mal ta copine, mais toi aussi… tu es d’origine espagnole ?
— Oui… co… comment le savez-vous ?
Il rit doucement.
— À tes yeux, je l’ai deviné à tes yeux… et à tes cheveux… ajoute-t-il tandis que sa main gauche abandonne la main droite de Maryvonne pour venir caresser les boucles brunes coiffées au carré.
Elle pose sa main droite abandonnée sur l’épaule virile. L’homme resserre son étreinte, sa main droite descend un peu plus bas, sur les reins. En même temps, sa cuisse s’insère davantage entre celles de la brune… il se dit : Ça passe ou ça casse…