La flèche Maudite de Cupidon

«Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux: un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté; un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir; un temps pour pleurer, et un temps pour rire..... » Sans le vouloir, des larmes coulent sur mes joues. Je m'étais pourtant promise de ne pas pleurer, il n'aurait pas voulu que je pleure; il aurait voulu que je sois forte. Je lui dois au moins ça, je n'ai pas été présente pour lui lorsqu'il rendait son dernier souffle. Nicolas, mon Nicolas! Il est mort, et je n'étais pas là. Je savais pourtant qu'il allait mourir, c'était inévitable car il avait une tumeur, mais il est mort trop vite et le pire: ce n'est pas de sa tumeur! Je me lève pour aller aux toilettes car les larmes redoublent. Une fois à l'intérieur, je me regarde dans le miroir et je comprends mieux pourquoi tout le monde me regardait d'un air grave en entrant: malgré mon maquillage, je suis tellement pâle que je manque d'être transparente, j'ai d'énormes cernes et mes yeux commencent encore à rougir. Je vais devoir enfiler mes paires de lunettes plus tôt que prévu. Au bout d'un instant, je retourne m'asseoir à l'église. C'est le moment de fermer le cercueil. Pour la dernière fois, je regarde le corps mon époux étendu à l'intérieur de cette boîte. Je n'ai pas emmené Annia, notre fille. Je ne voulais pas qu'elle voit son père comme ça; sans vie. Elle n'a que 5 ans et lorsqu'elle m'a demandé où était son père, je lui ai répondu qu'il était allé voir le petit Jésus et que le voyage pourrait durer plusieurs années. J'espère qu'elle me le pardonnera. Ce n'est qu'au cimetière, pendant que le cercueil est mis en terre que je réalise qu'il est vraiment mort. Je ne le reverrai plus. Nico! Il ne viendra plus m'enlacer le matin, je ne pourrai plus sentir ses mains me caresser et la nuit je dormirai seule sur notre grand lit. Non! Je pleure à chaudes larmes, je ne peux pas le laisser partir comme ça, je veux être avec lui. Je me précipite vers la tombe, je veux qu'on m'enterre avec lui. Je sens quelqu'un me tenir par la taille. Je me débats de toutes mes forces. Ils ne veulent pas me laisser partir, ils ne veulent pas me laisser aller rejoindre Nicolas, mon Nico! — Lâchez- moi! La terre recouvre une bonne partie du cercueil maintenant, il est presqu'invisible. Je dois me dépêcher! — Lâchez-moi je vous dis! Les larmes redoublent, je crie, je me débats encore plus sauvagement et je sens d'autres bras me retenir. — Caroline, calmes toi, bon sang, sois forte! Penses à Annia! Je ne sais plus à qui appartient cette voix, mais je sais que je viens de donner un coup pied à quelqu'un. Qui que ce soit, il ne risque pas de l'oublier de sitôt car je n'y suis pas allée de main morte. — Caroline! J'ai tout à coup du mal à respirer, je sens mes forces me quitter. Mes pieds ne touchent plus le sol. Je fais un dernier effort pour me libérer de leur étreinte, mais s'en était trop, j'étais à bout car j'eus tout à coup un v*****t vertige, puis je me laisse emporter par le néant. Plus tard dans la soirée J'ouvre les yeux et reconnaît aussitôt ma maison. J'ai une compresse sur la tête, je me sens vide. Je me redresse sur le lit et je remarque que je porte des vêtements de deuil. C'est alors que tout me revient: l'accident, Nicolas.... Les larmes me remontent aux yeux. Je commence à avoir mal à la gorge tellement je pleure. Je n'avais pourtant pas pleuré lorsqu'on m'avait annoncé la mort de Nicolas. Peut-être que c'était dû à un choc. — Tu es enfin réveillée Je me tourne et remarque Marlène, la sœur de Nicolas. J'aurais voulu lui répondre, mais aucun son ne parvient à sortir, ma gorge est sèche. — Je vais dormir avec toi ce soir, je viens de déposer Annia chez maman. Je lui ai dit que tu étais très occupée et que tu viendrais la chercher dans 2 semaines J'hoche la tête pour acquiescer. — Tu dois avoir faim, je vais te faire couler un bain puis tu viendras me rejoindre dans la cuisine. D'accord? J'hoche encore la tête pour toute réponse. ... Après m'être douchée, je me dirige vers la cuisine. C'est vrai que je n'ai pas mangé depuis ce matin, mais je n'ai pas faim. Je m'installe à la place de Nicolas, espérant sentir pour une dernière fois sa présence, mais rien. Il est bel et bien parti. — Il nous manque à tous tu sais; Je ne sais pas si un jour j'arriverai à l'oublier, mais je suis sûre qu'il n'aurait pas voulu te voir aussi déprimée —... — Tu te rappelles la première fois que vous vous êtes rencontrés? Quel idiot! J'étais sûre qu'il y aurait eu quelque chose entre vous, mais je ne pensais pas que ça allait autant durer Je souris faiblement en me souvenant de notre première rencontre. C'est vrai qu'il a agi précipitamment, mais ça en a valu la peine. — Tu n'as pas touchée à ton assiette, ne me dis pas que tu n'as toujours pas faim? J'ai parlé à la gouvernante et tu n'as rien avalé ce matin! Je baisse la tête comme un enfant pris en flagrant délit qu'on allait punir. Marlène soupire. — C'est bon, tu peux aller te coucher, mais demain tu devras avaler quelque chose avant d'aller chez le testamentaire Le testamentaire! J'avais complètement oublié ce rendez-vous. Je lance un dernier regard à Marlène pour lui exprimer toute ma reconnaissance puis je file me coucher. Une fois dans la chambre, je prends une des chemises de Nicolas pour la humer. Son odeur y est heureusement. Je monte sur le lit avec, en le serrant fort contre moi comme si ma vie en dépendait. Une larme solitaire coule. Pardonne-moi Nico de ne pas être aussi forte que tu l'espérais. Je t'aime. Après quelques minutes, j'arrivai pourtant à dormir en espérant encore que tout ceci ne soit qu'un cauchemar.