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1825 Mots
La soirée se passe comme dans une sorte de rêve. A peine avons-nous fait notre entrée que les Conseillers Royaux accaparent Aikon. De mon côté, je n’ai pas le temps de réfléchir à l’échange que nous avons eu. Profitant du fait que mon fiancé soit sollicité ailleurs, la Reine, ma mère, Annaëlle et Eva m’entraînent dans un coin où toutes les Dames de la Cour se sont réunies pour parler des festivités à venir. — Ce sera le mariage du siècle, assure la Duchesse Renevier. Le plus tôt le Marquage, le Mariage et le Lien auront lieu, le plus vite ces messieurs seront rassurés. — En même temps, je ne peux que comprendre leur attitude, rebondit la Comtesse Mac Gabhann avec un sourire narquois destiné à ma mère. Après tout, tous savent que c’est un Foley qui a eu raison de notre défunt Roi, n’est-ce pas ? L’intéressée, visiblement outrée, s’apprête à répondre. La Reine la devance : — Le passé est passé Comtesse. Je ne permettrai pas que l’on insulte la fiancée de mon fils en insinuant qu’elle est de la même trempe que son père. Suis-je claire ? (La Comtesse acquiesce.) Bien. Ah et j’oubliais. (Elle me fixe:) Le Marquage aura lieu en toute fin de soirée, après les festivités. Quelques murmures résonnent autour de nous. Pour ma part, je suis stupéfaite. — Votre Altesse ? Je cligne des yeux, rappelée à l’instant présent par le Sénéchal d’Aikon. — Il va être l’heure d’ouvrir le bal. — Très bien, merci. L’esprit fébrile, je prends congés de la Reine et de ses Dames pour rejoindre mon fiancé, qui m’attend au centre de la pièce. Nous nous plaçons face à face sous les applaudissements. Son bras autour de ma taille, ma main dans la sienne, je me laisse entraîner au rythme des premières notes de La Valse des Fleurs. Je me noie dans l’océan émeraude de ses iris tandis que nous tournoyons d’un bout à l’autre de la pièce. Les contours des murs et des visages qui nous entourent s’estompent peu à peu, disparaissant dans un tourbillon de couleurs. — Passes-tu une bonne soirée ? me demande-t-il. J’acquiesce: — Encore plus maintenant que nous pouvons enfin être un peu ensemble. Il rit. Sa main quitte la mienne juste assez longtemps pour convier nos invités à nous rejoindre. Nous disparaissons à notre tour dans cette harmonie de corps et de musique. Aikon rapproche son visage du mien, tout en gardant une certaine distance, comme l’exige le protocole. — L’amusement ne fait que commencer, me promet-il. — Tu veux parler du … — Marquage. Il m’adresse un clin d’œil et se redresse me laissant frémissante. La musique touche bien trop rapidement à sa fin. Je m’incline dans une révérence tandis qu’il effleure le dos de ma main du bout des lèvres. Le temps de reprendre notre souffle, et le voilà qui file rejoindre ses Conseillers. Audran le remplace, un sourire taquin aux lèvres : — Cela tombe bien. J’espérais pouvoir vous demander l’immense honneur d’une danse avec vous, Majesté. Je lui assène une tape sur le bras : — Ne commence pas, je grommelle. Les musiciens entament une Polka. Alors que nous dansons, je me remémore ma toute première danse entre ces murs, lors d’un cours peu de temps après mon arrivée avec ma mère. A cette époque, Olivia se permettait encore d’être possessive vis-à-vis d’Aikon et les autres se méfiaient de moi à cause de mon père biologique, même si je n’en avais pas conscience. — Perdue dans tes pensées, ma petite Beag Neach ? demande Audran. (Je lui écrase le pied en guise de mécontentement.) Attention, tu vas de nouveau les faire jaser. Je roule des yeux. Les notes virent subtilement vers celles tout aussi enjouées d’un quadrille. Mon cavalier et moi nous y prêtons de bon cœur en riant. Les danses s’enchaînent les unes après les autres. Des domestiques circulent aux quatre coins de la salle proposant boissons et en-cas aux plus intéressés. Pour ma part, je danse jusqu’à épuisement. À la fin de la valse clôturant le bal, Aikon se retire de son côté tandis que deux gardes m’escortent jusqu’à mes appartements, où Fiona m’a préparé un bain chaud. Fatiguée, je la laisse me retirer ma tenue et me glisse dans l’eau. Ma servante détache mes cheveux, les peigne et leur applique un soin au beurre de karité pour les maintenir bien ondulés. — Il faut faire vite, vous êtes attendue pour le Marquage. — Compris, je vais tâcher de ne pas m’endormir. Elle rit discrètement. — Je vous ai choisi un pyjama en soie avec des ballerines pour que vous puissiez être plus à l’aise. — Merci. Je me redresse un peu. Le soin de mes cheveux terminé, elle m’enroule dans une serviette et m’aide à sortir de la baignoire. Nous retournons dans ma chambre. Des coups résonnent contre la porte. Mon cœur bondit. Troquant ma serviette pour ma tenue de nuit légère, mais chaude, je jette un rapide coup d’œil à mon reflet. Fiona s’occupe d’aller ouvrir. Une petite cour constituée d’une dizaine de jeunes filles, parmi lesquelles Eva, Annaëlle et – à mon plus grand regret – Olivia, entre pour m’escorter. Cette dernière se fait un malin plaisir de caler son pas sur le mien : — Au cas où cela t’intéresserait, sache qu’il est déjà arrivé qu’une Luna se fasse déflorer juste après le Marquage. Dans ces cas-là, la seule différence d’avec un déflorement classique, c’est qu’au lieu de se faire arracher sa tenue sur un lit, elle se la fait arracher à même le sol. Elle s’éloigne sans même me laisser le temps de rétorquer. Nerveuse, je déglutis difficilement. Nous pressons le pas jusqu’aux portes du salon privé d’Aikon. Deux gardes nous ouvrent. J’entre. Les membres les plus importants des trois Cours sont rassemblés en cercle autour de la cheminée. Mon fiancé se tient face à l’antre, dos à moi. Je m’humecte furtivement les lèvres. Mon petit cercle se dissout pour se fondre avec les autres. Profitant d’un court instant de répit, je jette un regard à ma mère qui me répond par un sourire encourageant. Aikon se retourne un fer chaud entre les mains. Le cœur battant, je le rejoins sous les yeux scrutateurs de l’assemblée. Sa main libre attrape la mienne. — Ici, je souffle baissant les yeux sur ma clavicule gauche. Je rejette mes cheveux en arrière. Le fer entre en contact avec ma peau. Je mords ma lèvre inférieure de toutes mes forces, étouffant un cri. Mes phalanges se crispent contre celles d’Aikon. — Cha mhor seachad, dit-il à voix basse. C’est presque terminé. Encore quelques secondes, puis il retire le fer. J’observe la marque brûlante laissée derrière : un A et un E soigneusement entrelacés. — A moi. Aikon retire sa chemise exposant son torse en béton. Quelques petites cicatrices apparaissent ici et là, certaines visiblement plus récentes que d’autres. À moitié dénudé, il me tire à lui. L’on me tend un fer brûlant. J’interroge mon fiancé du regard. — Vas-y. Mes yeux ancrés au sien, j’appose la marque au même endroit que pour moi. Il ne bronche pas. Sa main me presse un peu plus contre lui et je m’embrase au contact de sa bosse proéminente à travers le fin tissu de nos vêtements. — Chan eil sinn nar n-aonar, je souffle consciente des regards braqués sur nous. Nous ne sommes pas seuls. Il me répond d’un sourire : — Chan eil dragh orm. Sans hésitation, il se colle à moi et scelle ses lèvres aux miennes. Son bras se referme autour de ma taille. Le fer m’échappe. — Que tout le monde sorte, ordonne la Reine. Les mots d’Olivia me reviennent en tête, faisant redescendre l’excitation d’un cran : — Aikon… Il grogne contre mes lèvres : — Fais-moi confiance. Il me soulève telle une mariée et me porte jusqu’à sa chambre. Nous tombons à la renverse sur son lit, son corps au-dessus du mien. — Chan eil mi airson feitheamh nas fhaide, dit-il d’une voix rocailleuse ses prunelles dardées sur moi. Tha mi gad iarraidh. (Je frissonne. Il me veut. Une lueur flamboyante éclaire son regard.) Veux-tu de moi ? Mon esprit court dans tous les sens : — Aye. Il m’adresse un sourire tout en prenant ma joue en coupe : — Tha gaol aga mort. Sa bouche fond sur la mienne. J’entends les portes se refermer, signe que nous sommes seuls. Ses hanches font pression contre mon bassin et enflamment mon bas ventre. Dans l’euphorie, mon corps ondule contre le sien. De sa main libre, il abaisse le pantalon de mon pyjama. Le contact de ses doigts sur mon point sensible me procure une onde de choc. Je gémis. Mes doigts s’enroulent dans ses cheveux tandis que mon autre main caresse sa nuque. Un grognement sourd s’échappe de ses lèvres. — p****n… Il se déshabille. Ma respiration se bloque dans ma poitrine. Son regard plongé dans le mien, il me pénètre avec précaution en reprenant ses caresses. Je hoquète. Son corps aux proportions parfaites bouge entre mes jambes au fil de ses va-et-vient. Ses lèvres tracent un parcourt sur ma peau : ma joue, ma mâchoire, mon cou, jusqu’à ma clavicule encore rougie par la marque. Ses doigts habiles m’arrachent mon tee-shirt, révélant mes seins ronds et fermes qu’il mordille. Je cambre le dos, submergée. — Bon sang… — Ça va ?, s'enquiert-il. J’acquiesce, transportée par un flot de nouvelles sensations : peau contre peau. Corps contre corps. Ses mouvements se font plus rapides, plus effrénés. Le lit tremble sous ses assauts. La tension dans mon bas ventre me pousse à me lover contre lui. Mes muscles se resserrent sur sa virilité alors qu’il donne un dernier puissant coup de rein. Nos gémissements résonnent une dernière fois à l’unisson. Des rires me parviennent de l’autre côté d’une porte secondaire. — Lucdh-cuirte gorach. Stupides courtisanes. Aikon se laisse rouler sur le côté, exaspéré. Avant même que je ne comprenne, il ouvre la porte d’un geste sec. Quelques Dames – les plus commères – s’effondrent les unes sur les autres en gloussant. — Du balai ! ordonne Aikon. Elles déguerpissent en un clin d’œil, faisant place aux Conseillers Royaux. Je m’enroule dans le drap tandis qu’Aikon les invite à entrer. Tous me gratifient d’un signe de tête respectueux avant de se placer autour du lit. Je fronce les sourcils : — Aikon ? — Un instant, gaol. Il soulève les draps et les couvertures pour dévoiler l’endroit où j’étais allongée. Un hoquet effaré m’échappe. Une tache de sang macule le matelas. Les doigts d’Aikon s’enroulent autour de mon poignet et me tire à lui. Je me relève, chancelante. — Et voilà messieurs, dit-il froidement. La fille de Michael Foley est officiellement mienne. Sans un mot de plus, il m’entraîne à sa suite dans la salle de bain. ** ** ** ** **
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