Eden
La porte verrouillée, Aikon allume l'immense baignoire au centre de la pièce. Des filets de vapeur s'échappent de l’eau, parfumée par un savon aux senteurs sucrées qu’il y ajoute soigneusement. Une main toujours pressée sur le tissu qui me couvre, je m’avance vers lui, hésitante.
— Viens, dit-il en se glissant dans l'eau.
Frémissante, je laisse tomber le drap au sol et le rejoint. Ses bras puissants se referment autour de ma taille, et je me laisse aller contre lui, la tête posée sur son torse.
— Désolé pour ce qui vient de se passer, murmure-t-il.
Je prends une petite inspiration :
— Est-ce que c'était calculé ?
— Non. En toute franchise, je ne m'attendais pas à ce que tout se passe...si vite.
— Alors tu n'as pas à t'excuser.
Ses doigts se referment sur mon menton qu'il relève pour capter mon regard :
— Tapadh leat, a ghràidh.
Un frisson me parcourt à l’entente de ses mots. Nos lèvres se scellent dans un b****r tendre et profond. Sa main glisse le long de mon corps, effleurant chaque parcelle de ma peau. Ses doigts caressent mes seins durcis avant de descendre jusqu’au creux de mes cuisses. Un gémissement m’échappe lorsqu’il caresse mon c******s, et un autre lorsqu’il me pénètre d’un doigt, sa main experte réveillant en moi des sensations exquises. Mon ventre se contracte sous l’assaut tortueux de ses caresses, de son pouce et de son index qui jouent habilement avec mon c******s.
Haletante, je passe un bras autour de sa nuque et ondule des hanches au rythme de ses mouvements. Il approuve d'un grognement.
— Aikon...
— Tourne-toi, souffle-t-il contre mes lèvres.
Je m'exécute sans interrompre notre jeu sensuel. Assise à califourchon sur lui, je plonge mon regard dans le sien. Il retire sa main et me pénètre dans un mouvement lent et maîtrisé. Je renverse la tête en arrière. Sa bouche dévore ma peau, traçant une ligne brûlante le long de ma gorge, jusqu’à mes seins qu’il mordille avec douceur, m’arrachant des cris de plaisir.
— Par toutes les divinités, grogne-t-il d’une voix rauque. (Ses doigts reprennent leur place entre mes cuisses, et ses râles profonds s’accordent aux battements effrénés de mon cœur.) Tu es tellement mouillée…
Sa voix grave résonne contre mes lèvres, m’envoyant des vagues de désir incontrôlable. Je m’abandonne complètement à lui, prise dans ce tourbillon de plaisir intense. L’eau moussante claque contre nos corps moites. Aikon inverse nos positions me plaquant contre le rebord de la baignoire. Je m’agrippe à lui alors qu’il se retire presque entièrement avant de s’enfoncer en moi avec une lenteur exquise. Ses coups de rein deviennent plus intenses, plus profonds. Ses mains glissent sur ma peau, caressant avec frénésie chaque courbe, chaque parcelle sensible de mon corps. Je me contracte autour de sa virilité, une onde de désir pur m’arrachant à toute pensée cohérente. Le plaisir envahit l’espace, nous enveloppant dans une chaleur insoutenable. Mon esprit dérive loin des contraintes du monde réel, là où seuls nos corps existent.
Dans une dernière poussée, il nous propulse au Septième Ciel. Je me cambre sous la force de l’extase alors qu’Aikon s’effondre contre moi, les tremblements de ses muscles reflétant ceux des miens. Il reste enfoui en moi, nos corps encore unis, nos souffles saccadés se mêlant dans l’intimité de ce moment partagé.
Ma tête blottie dans le creux de son cou, je dépose un b****r sur son lobe, puis me détache de lui, mes jambes tremblantes d’extase. Je m’extirpe avec précaution de la baignoire et attrape une robe de chambre posée dans un coin. Je la revêts tandis que mon être entier tente de retrouver son calme.
**
De retour dans la chambre, je me rends compte que les draps du lit ont été changés. Aikon se laisse tomber dessus, son corps divin parfaitement nu. Je me joins à lui, m'appuie sur son torse musclé. Un bras sous la tête, il me caresse le dos de sa main libre.
— Tu penses que l'on nous a entendus ? je lui demande.
Il s'esclaffe :
— Quand bien même, nous sommes libres de faire l'amour où nous voulons, quand nous voulons, comme nous voulons.
Usant de son poids, il nous fait tourner sur le lit de façon à se retrouver au-dessus de moi. Ses mains me retirent ma robe de chambre sans ménagement. A l'aide du genou, il écarte mes cuisses et se glisse entre elle.
— Fuirich còmhla rium a-nochd, dit-il d'une voix rauque et profonde. Reste avec moi cette nuit.
Il me pénètre d'un puissant coup de rein. Mon être entier l'accueille, insatiable. Nos élans passionnés durent une bonne partie de la nuit. Au matin, je suis réveillée par la douce lumière de l'aube. Les yeux pleins de sommeil, je me redresse sur les coudes.
— Bonjour.
Aikon se penche vers moi et m'embrasse furtivement. J'hausse les sourcils, surprise par son accoutrement: jogging, débardeur.
— Tu as décidé de ne rien faire aujourd'hui
— Bien sûr que si. (Une lueur vive et joyeuse parcourt son regard joueur.) J'ai décidé de t'intégrer aux sessions d'entraînement.
Il m'embrasse à nouveau et se relève. Une horde de servantes nous apportent un petit-déjeuner composé de porridge, d'oeufs brouillés avec du bacon, de fruits, de café et de jus d'orange. La douce odeur du café et de la nourriture suffit à faire gargouiller mon ventre affamé.
— Vos Altesses.
Elles effectuent une révérence puis se retirent. Je m'enroule dans le drap, prête à me mettre à table. Aikon m'attrape par la taille et me tire à lui.
— Il vaudrait mieux que tu t'habilles d'abord, murmure-t-il à mon oreille, autrement je risque d'être tenté de te faire l'amour dans tous les recoins de cette pièce.
Mon corps s'enflamme. Ses lèvres effleurent mon lobe. Il me laisse emoustillée et s'assoit à table, le regard coquin.
— Enfoiré, je grommelle. (Je regagne la salle de bain tout en récupérant une tenue d'entraînement au passage. Avant de fermer, j'ajoute:) Ton dessert de ce soir va te coûter cher !
Son rire résonne à travers la porte.
**
Une heure plus tard, nous pénétrons dans la salle d'entraînement située au sous-sol de l'aile centrale du palais. Je me crispe malgré moi tandis que nous nous frayons un chemin entre les jeunes aristocrates, filles et garçons, en plein échauffement. Nous nous joignons à notre cercle habituel.
— Aikon ne t'a pas assez faite transpirer la nuit dernière ? me nargue Olivia en s’étirant.
Je la toise froidement. Aikon lui lance un regard d'avertissement. Les portes s'ouvrent. Terrence et son père, le Prince Rhystan, chef des armées, entrent à leur tour.
— En rang ! ordonne le Prince d’une voix autoritaire.
D'un simple regard, il invite Aikon à les rejoindre. Mon fiancé s’éloigne de moi. Audran et Aeryn me tirent en file de tête avec eux. Le reste du groupe suit, se plaçant dans l’ordre habituel. Ceux qui ne font pas partie du cercle proche d’Aikon se rangent en silence derrière nous.
Le Prince Rhystan balaie la salle du regard avant de s’arrêter sur moi :
— Princesse Eden, me salue-t-il avec respect. (Je lui réponds d’un hochement de tête. Sans un mot de plus, il claque d’un ton sec : ) Echauffement !
Il frappe dans ses mains, et au signal sonore, nous commençons à courir en cercle autour de la salle. Le cœur battant, je cale mon rythme sur celui d’Audran et Aeryn.
— Pas mal, me charrient-ils en chœur.
Je lève les yeux au ciel, les lèvres retroussées en un sourire. Au second signal, des obstacles surgissent du sol. J'accélère le rythme, talonnée par mes deux coéquipiers. Des sifflements d'encouragement retentissent alors que je les devance. Un sentiment de liberté s'empare de moi. L'adrénaline coule à travers mes veines, me poussant toujours plus loin.
— Allez, Eden! m'encourage Terrence. Plus que deux obstacles!
Prête à sauter par-dessus l'avant-dernière haie, je suis percutée de plein fouet par un autre corps. Prise au dépourvu, je me retrouve propulsée à l'autre bout de la salle où je réussis malgré tout à me rattraper. Aikon court jusqu'à moi et m'aide à me relever.
Olivia s'arrête légèrement en arrière une lueur malicieuse dans le regard :
— Toutes mes excuses, je ne t'avais pas vue.
Un murmure parcourt la salle, et pendant un instant, je sens tous les regards braqués sur moi. Mon être entier bouillonne de colère, mais je prends sur moi.
— Ignore-la, souffle Aikon.
— En place pour les défis! s'exclame le Prince Rhystan. (Aikon m'embrasse furtivement la tempe. Terrence, Audran et Aeryn se joignent à nous. De petits groupes se forment aux quatre coins de la pièce.) Qui veut commencer ?
— Moi. (Les pieds ancrés au sol, Olivia croise les bras sur la poitrine. Ses lèvres s'étirent en un sourire carnassier à faire froid dans le dos.) Je défie la Princesse Eden. Notre future Banrigh, ajoute-t-elle une pointe de dédain dans la voix.
Mon cœur bondit. Un silence presque solennel s’installe à travers la salle.
— Silence! ordonne le Prince. Kepnner choisissez-vous une autre adversaire.
— Non.
— Liv..., gronde Aikon.
— J'accepte, je l'interromps. (Tous les regards se tournent vers moi. Une étincelle d’appréciation traverse celui du Prince Rhystan. Aikon s'apprête à protester. Je le devance:) Na gabh dragh mum dheidhinn.
J'exerce une petite pression sur son bras prenant soin de l'embrasser sous les yeux d'Olivia avant de me placer face à elle.
— Prépare-toi à perdre, me nargue-t-elle.
— Anns na aislingean agad.
Ma poitrine monte et descend au rythme de ma respiration rapide. Mon corps bout. L'énergie s'empare de moi. Le Prince Rhystan donne le signal. Les coups fusent. Olivia tente plusieurs fois de m'atteindre au visage ; j'esquive, mais elle réussit tout de même à me toucher à l’estomac. Mon souffle se bloque dans ma poitrine.
— C'est tout ce que tu peux faire ? je la provoque.
Son poing fonce droit sur mon visage. Je l'évite. Elle peste, tente de m'asséner un nouveau coup. Je me baisse juste à temps et profite de son inattention pour glisser ma jambe entre les siennes. Je la déstabilise d'un balayage. Les hurlements d'encouragement m'enivrent. Frustrée, elle enchaîne. Je bloque et contre-attaque en visant ses côtes. Du coin de l'œil, je vois pièces et billets passer de mains en mains. Je relève la tête. Olivia profite de mon inattention : son coup de poing m'atteint en pleine mâchoire. Je me redresse en chancelant. Elle en fait de même. Je lui assène un puissant crochet qui la renvoie à terre. Le corps en feu, je me tourne vers mon fiancé dont les yeux brûlent de fierté.
Olivia se redresse en grognant :
— Boireann Salach!
Ses griffes s'enfoncent dans mon flanc tandis qu'elle me projette brusquement à terre. Mes mains autour de son cou, je l'entraîne avec moi. Nous faisons un rouler bouler sur les tapis d'entraînement. Son corps au-dessus du mien, elle marque une pause, les crocs sortis. Les huées sifflent dans mes oreilles. Le décor autour de moi prend une teinte rose-doré.
— Gu leor, je siffle entre mes dents. (Elle gronde.) Thuirt mi gu leòr!
Ma voix se réverbère entre les murs. Ses traits se tirent un peu. Ses grondements se transforment en feulements des plus étranges. Ses muscles se tendent. Son corps s'abaisse, signe de défaite. Les sens encore en alerte, je la pousse sur le côté et me relève. Une douleur lancinante me vrille la jambe. Aikon m'attrape avant que je ne flanche. Un bras puissant autour de ma taille, il passe l'un des miens autour de ses épaules musclées.
— Tu vas pouvoir marcher ? me demande-t-il. (J'acquiesce. Sa prise se raffermit.) Entraînement fini pour aujourd’hui ! lance-t-il à l'assemblée.
Sans un mot de plus, nous sortons de la salle. Audran, Aeryn, Terrence et le Prince Rhystan se mettent à hurler contre Olivia qui leur rend la pareille. Les portes se referment.
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