L'humiliation !

2790 Mots
***BÉSSÉ GALLAY SOW Depuis hier, je suis là, couchée sur ce lit entrain de réfléchir à tous les possibilités pour éviter ce foutu mariage. J'essaie de me convaincre certes que ça n'arrivera pas, mais une partie de moi me dit bien le contraire. Oh mon Dieu ne me faîtes pas subir un telle chose. Je sens que mon cœur ne pourra pas supporter cela. Aujourd'hui tout est devenu si confus dans ma tête à un point que, je prie tous les saints pour que ça ne soit qu'un mauvais cauchemar et qu'on vient me réveiller pour me le confirmer. Mais que dalle ! Ma tête était lourde et ma bouche sèche à cause de mes larmes qui refusent de se tarir. À un moment j'ai senti l'ombre de quelqu'un dans la chambre. J'enlève doucement la couette qui couvrait ma tête avant d'ouvrir mon œil gauche. C'était ma mére qui se tenait par l'entrebâillement de la porte les mains sur les hanches. -Iow Béssé est-ce gorr ngua ? Xolal ma sa négu bi noumou mél té nguani djiguéne ngua. (Toi Béssé est-ce que t'es une noble ? Regardes à quoi ressembles ta chambre ! Et avec ça tu dis que tu es une femme). -Maman je n'ai pas la tête à parler....s'il te plaît. -Damani ngua diougu ! Xana gueumeu to Yalla ? (Je t'ai dit de te lever ! Tu ne crois plus en Dieu ou pas ?) Je reste silencieuse et la laisse continuer. -Yalla mo toudone sa diguanté ak Abdoul té lègui diékh na ! Lolou meuno si dara ! (C'est Dieu qui avait voulu ta relation avec Abdoul et maintenant c'est Lui-même qui a décidé que c'est fini entre vous ! Tu ne peux plus rien. Comme piquée par le bout d'une flèche, je me suis automatiquement levée. -Pardon ? Maman ne me dis pas que tu continues à camper sur ta décision d'hier ? Demande-je interloquée. -Mais bien-sûr que oui. Qu'est ce que t'as cru ? Que j'allais te laisser devenir deuxième femme au lieu d'en devenir la première ? Araam nane sangara ! Mouk si adina ! (Jamais de la vie !) -Non mais je rêve ! Maman au lieu de me soutenir pour que ma relation avec Abdoul khadr qui ne tient plus qu'un bout de file ne prenne fin, toi tu me sors tes histoires de rang. Yaye mane dama beug Abdoul ! Certes je suis contre sa décision mais je ne veux pas la perdre et ça même s'il faut que je sois sa deuxième femme, je le ferai. -Ay way samba waro gaïndé ! Éhh xolal guiss ngua iow douma sa morom. Meussoma yapp té nak dou tay lay commencé. Si suniu famille da ngua meusseu guiss kéne done fi niarél ? Da nguako fi guiss anh ? Iow guiss ngua sa boppou ? Tarkallah mashallaw ya ngui diék, raféte ba mélni fanal, lépp lou goor di weur mi ngui si iow. Bokk nak si askanou laobé bou kéne doutoul lam lamé, ko gueunoul gueunoula. Lane nguay daw kone bay danou ? (Béssé je suis pas ton égale ! Tu ne m'as jamais manqué de respect et c'est pas aujourd'hui que ça va commencé ! Dans cette famille, est-ce que t'as une fois vu une de nous devenir deuxième femme ? Est-ce une fois arrivé ? Moi la question que je me pose est: est-ce que tu t'es regardée ? T'es vraiment belle avec tout ce qu'un homme recherche. En plus de tout cela tu fais partie de l'une des lignée les plus réputés, celle des Laobés. Ce qui veut dire qu'aucune personne ne vaut mieux que toi donc pourquoi te précipiter ?) C'est vrai que mére nature ne m'a pas oublié dans son classement, sans pour autant me vanter aussi. Je suis dotée d'une beauté envoûtante, des formes généreuses. Un teint très clair, dû à cause d'une dépigmentation faite avec tout les précautions. -Sama wakh saxx mo si doul beuri. Da manila niarél dokafi done si adina ! Awo rék ba seuy bi dou ame, ya ngui may dégu ? Ajouta-t-elle. (Je ne vais même pas rester là à parler encore. Saches juste que tu ne le seras jamais. Soit tu deviens première dame, soit y'aura pas de mariage. Suis-je clair ?) Sur ces mots, elle ressort de la chambre en me laissant sidérée. Bon Dieu encore une autre problème ! Maintenant je ne peux qu'en prendre qu'à moi-même. Pourquoi a-t-il fallu même que je lui en parle ? Je vous explique..... En fait, hier juste après avoir quitté le bureau, je suis directement rentrée avec une mine piteuse, complètement déboussolée. Et comme ça ne suffisait pas, je suis tombée sur ma mére qui sortait pour aller au marché faire ses achats pour le déjeuner de la maison. Elle m'a posé moult quelques sur la raison de mon retour si rapide, et j'étais contrainte de le lui dire, croyant avoir son soutien mais vous savez ce qu'elle m'a répondu ? ‹‹Etre une chèvre ? Jamais ! D'ailleurs c'est mieux ainsi. Si c'est pas lui rék ça sera un autre››. L'expression ‹‹Chévre››, prononcé ainsi, signifiait seconde épouse. Selon elle, être ‹‹Niarél ›› est comme une malédiction, un grand déshonneur pour notre famille laobés; et ça depuis le temps de mes aïeux. Juste pour vous dire que ce mot ne fait pas parti de son dictionnaire. Pfff ! Je me sens mal ! Très très mal ! Mal par rapport à l'opiniâtreté invincible de ma mére mais également, mal face à la trahison d'Abdoul car oui il m'a trahi. Certes on ne doit pas se mettre contre la décision d'une mére mais quand même il aurait pu au moins être réticent. Sou baniane touwone touti rék amana yayam bayi. Car quoi qu'on dise il est la prunelle de ses yeux. Mais non monsieur a préféré joué à celui qui est prêt à tout pour faire plaisir à sa daronne jusqu'à oublié le notre. Quant à sa mére mom, je ne sais pas ce que je lui ai fait pour qu'elle me déteste autant. Limite je peux dire qu'elle me haït. Le premier jour où je l'ai vu avec son visage mi-ange mi-démon, j'ai su que la tranquillité ne ferait jamais partie de mon dictionnaire. J'aurai bien lui servi une de mes numéros d'hypocrisie mais heureusement et/ou malheureusement que je ne fais pas partie des gens hypocrites. En plus je me demande pourquoi tant d'acharnement sur ma personne ? Est-ce un délit d'aimer nak ? À ce que je sache, c'est non. Fatiguée de trop réfléchir, je décide de faire une chose que je devais faire c'est-à-dire aller voir Mére Ndoumbé. Je risque gros je sais mais il y va de mon avenir. Notre avenir...... ***VOIX EXTERNE Après la petite dispute que Mamy a eu avec sa fille, elle sort furieuse pour aller continuer ses besognes. Elle croyait être très claire avec elle mais en fut dissuader quand quelques minutes plus tard, elle la voit sortir de sa chambre, vêtue d'une robe Getzner vert menthe brodée avec des fils noirs. Le tout accompagné d'un maquillage soft. -Où vas-tu comme ça ? S'enquiert-elle sèchement. -Je vais voir ma cousine Coumba Déguéte rassure toi. Répondit-elle. Au même moment, le téléphone de Béssé sonna, et hâtivement elle sort sans attendre son reste ne manquant pas de remercier intérieurement son interlocuteur. -Allô cocotte ! Dit-elle une fois entrée dans le taxi. -Salut ma puceeeeeeeee ! Fit une voix féminine, excitée. -Wa Hawa da nguay fateu sama noppou yi ? Limay waxaték sa doff bé ngui ni tchiiip (Tu veux détruire mes tympans ? Toujours aussi timbrée quoi !) -Batay ! Shiiii meuf tu ne devineras jamais ce que je vais t'annoncer..... -T'ES ENCEINTE ? Cria-t-elle alertant le regard du chauffeur à travers le rétroviseur. Elle se calme directe en mimant une excuse. -Pourquoi tu ne sors que des cochonneries dans ta bouche ? L'accusa-t-elle dépassée par le comportement de celle-ci. -Oh excuses moi. Accouche je t'écoute ! -Je vais bientôt me marier avec mon prince charmant ! -Lane ? (Quoi ?) Sortit-elle sonnée. Le choc ayant atteint son paroxysme, Bousso met une main sur sa bouche pour étouffer un cri. Il en est arrivé pour elle, que même le mot mariage lui faisait peur. -Je te jure ma belle. -Oh Ndeysane quel coïncidence ! Même moi. Une mensonge de sa part bien-sûr ! -Anh bon ? Et tu comptais me le dire quand ? -Euh....ce soir. Mais dis moi, comme ça tu ne comptes plus revenir au Sénégal dal ? -Mais bien-sûr parce-que mon futur mari se trouve là-bas. Il me faut juste régler quelques paperasses ici avant de venir la semaine prochaine. -Kone da nguay seuy si ni té kafo ? (Alors tu vas réellement te marier ?) demanda-t-elle de nouveau toujours sonnée. -Bien évidemment. Comme toi d'ailleurs. -Oui oui. En tout cas j'espère juste que tu seras heureuse. Goor kéne douko yeureum deh té kéne douko may dara nak, diomal ko.(Faut pas le laisser avoir des autres autre part que sur toi. Ne rate aucune occasion de lui montrer une autre de tes facettes ). Aussi n'accepte jamais de le partager. -T'inquiète surtout pas. Mane rék si xalei féroce douma kouy woudié. Kaffé woumako saxx ! (Je ne suis pas faite pour rivaliser avec quelqu'un, je n'en badine même pas). -On est pareille alors. Baniou masi ba ici repose ! (Plutôt mourir !) Leur conversation ne dura que quelques poignées de minutes puisque Béssé venait d'arriver devant la demeure des Aïdara. Elle hésita longuement devant le portail avant de se lancer à sonner. C'est une femme élancée qui vînt lui ouvrir la porte. -Bonjour ! Salua-t-elle à la jeune femme. -Oui bonjour. Vous cherchez ? Demanda cette dernière. La fille était nouvelle dans cette maison raison pour laquelle elle ne reconnais pas Béssé. -Est-ce que Maman Ndoumbé est là ? -Oui. Entrez ! Elle se décale de l'entrée pour lui permettre d'accéder à l'intérieur de la maison. Elle l'installe dans le salon avant d'aller prévenir sa patronne. La pièce était propre et des volutes d'encens s'échappaient de l'encensoir mis dans un côté, et dégageaient une odeur sans nom dans la langue. Pendant ce temps, Mère Ndoumbé venait de raccrocher avec sa griotte l'informant du mariage proche de son fils. Toc toc toc ! -Qui est-ce ? -Tanta ame na koulay sétt ! (Tata vous avez de la visite ! ). -D'accord ! Après avoir mis une touche de parfum et bien arrangée son foulard, elle sort de sa chambre avec sa démarche de Grande dame. Bien vrai qu'elle simule, une certaine dureté, une sévérité rigide, elle dégage une prestance hors du commun malgré son âge. Les traits étaient tout en longueur, dans l'axe d'un nez légèrement brusqué et un regard félin. Elle avait soixante ans mais on lui en eût donné quarante à cause de son élégance et beauté majestueuse, qu'elle a eu à hériter de sa mére qui était une pure maure de Mauritanie. -As Salamou'Aleykum. Sortit-elle une fois les pieds mis dans le salon. Son sourire ne tarda pas à s'effacer de son visage quand elle se tient en face de cette personne qu'elle n'aime point. -Wa'Aleykum Salam...Maman. La jeune fille se lève et lui fait deux bises sur chaque joues. -Comment vas-tu ? -Je me porte comme une merveille Maman. Et vous ? -Sante Yalla bou wérra wérr( Je rends grâce à Dieu al-hamdoulilah). -Qu'il en soit toujours ainsi alors. -Allahuma Amine. Le silence s'installa pendant une seconde, mais fût rompu par Béssé. -Mane dei yaye tay tank diam moma fi indi wone ! (Maman je suis venue aujourd'hui pour m'entretenir un peu avec vous). -Je t'écoute. -Tout d'abord sachez que je vous voue un énorme respect, et juste pour cela, je me suis permise de venir vous parler comme une mére et sa fille.....Hier j'ai parlé avec Abdoul khadr et....il m'a fait savoir que vous lui avez demandé de prendre comme première épouse sa cousine avant de m'épouser moi comme étant sa seconde. Ce que je trouve complètement injuste. Maman la décision que vous voulez lui imposer n'est pas la meilleure. Et même, à cet stade de sa vie, c'est lui qui devrait être en mesure de prendre ses propre décisions mais pas le contraire. Expliqua-t-elle sans pour autant tourner autour du pot. Mére Ndoumbé lâcha un rire presque sarcastique, qu'il voulut étouffer à temps mais néanmoins c'est sorti. C'est vrai qu'elle savait que Béssé était une fille franche mais elle était loin de se douter qu'elle pouvait être aussi audacieuse à son égard. -Ah sama dôôm bi néna mane lay wakh deug dii ! T'as raison et je te remercie pour ton courage à venir me dire le fin fond de ta pensée dans cette situation....Boulma dageu ! (Ne me coupe pas !). Elle lui montre la paume de sa main, l'interdisant ainsi toute prise de parole. -Puisque t'as eu un tel toupet de venir jusqu'à chez MOI, me faisant face, pour me parler comme si on avait élevé les vaches ensemble, tu vas m'écouter alors. Balay dara iow damalay lathie fane ngua todj ? Ak bane droit ngua ame bamay wakh louma décidé sama dôôm baxna wala baxoul ? Nguani nak yéyay da ngua nieuw nii déf sa verte bou saff nguamay saff ditakh bou nioragoul, sa kanam bou yémé té yageu. Sa forme bou bone. Waxouma dara nak ngua déf sa tokou pathial ni nieuw ni xawma da nguamay titeul si, xawma da nguamay diay vulgaire. Anh ioe mane nguay sorou lègui ? Téral ngua nak ! Guiss ngua nala xamalou niary mbiir you touti. Mane Bâ Diallo demba khouré dia béne xalei douma tonk tonk waxoumalak ioe. Meussoumala beug sama adina té lolou saxx warr nguako xam nakh mane dara férédié niénté wouma. Boudoul wone Abdoul dina doundou ba fatou té doumala xam. Wayé nak dafa fék lou meunouta niak faw mou ame. Bo guissé nak loutax mani sama dôôm mou takk mokam da féke damala beugoul ma waxat lako. Damay nakh Abdoul nane ko mou takk béne ba paré soguay lasiye ték wayé iow wornala ni que do yeuy gouro gui. Kone nak boul saxx sonal sa boppou naxté tant que sama banane bi nguélaw mi ngui siye diar do dégu Madame Aïdara. (Avant tout j'aimerai te demander où est-ce que tu as mis feu ? Aussi de quel droit te permets-tu de venir me dire si les décisions que je prends à la place de mon fils sont les bonnes ou pas ? Maintenant c'est moi que tu veux faire comme ton égale ? Saches que moi Bâ Diallo Demba Khouré Dia, je ne suis l'égale de personne et surtout toi. Je ne t'aime pas et ça tu dois bel et bien le savoir puisque je te l'ai démontré au premier abord. Si ce n'était pas mon fils Abdoul, peut-être même que jamais je ne saurais ton existence mais hélas ça devait quand même arriver et on n'y pouvait rien. Si j'ai pris la ferme décision de marier mon fils à sa cousine qui par ricochet est MA nièce, c'est parce-que encore je ne t'aime pas jeune fille. Cette mariage fait partie de mes ruses pour pas que tu sois ma belle-fille. Alors te fatigues pas car tant que je serai en vie tu ne vas jamais être Madame Aïdara.) Les mots ont été tellement tranchants qu'ils ont laissé Béssé médusée. On aurait dit que Mére Ndoumbé avait déjà bien longtemps, préparé ce texte à l'encontre de la jeune fille pour l'étonner. Et ça a marché ! Ayant perdu toute notion du temps, la petite laobé ne savait plus comment ni ou se mettre, tellement qu'elle ne s'attendait pas à un tel humiliation. Désarmée, elle essaie de se reprendre pour pouvoir sortir une quelconque réplique de sa bouche mais rien. Sa langue lui avait fauché. -Et maintenant aies bien l'amabilité de bien décoller tes fesses de mon fauteuil. La prochaine fois, tâche de me prévenir avant de venir comme ça j'aurai largement le temps de te concocter un bon plat de Thiébou Djeune accompagné d'une bonne dose de mes part de vérités. Enfin elle se lève pour rentrer avec la honte. Mais juste avant de mettre un pied en dehors de l'entrée, elle fait virevolte devant la patronne des lieux. -Tu sais Mère Ndoumbé je vais y aller. Wayé diapal ni ma ngui dém ma ngui nieuwatt té nak aller bo guiss rék amna retour. Niou yéndo ak diam. (Mais sachez que je vais revenir et tout aller aura un retour. Que la paix règne dans cette maison !) Ayant dit, elle sortit pour de bon, évitant par justesse un faux pas.
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