IV Les jours n’avaient plus de mesure pour mademoiselle de Carnavon ; tous lui paraissaient radieux dans leur vol quotidien, qui, aux mêmes heures, lui versait les mêmes troubles délicieux et les mêmes joies intimes. Des rencontres, des promenades, des conversations le long des allées bordées de buis du petit jardin, des stations au bord de la mer, où l’on s’attardait sur le sable fin à regarder trembler les étoiles dans l’eau ou palpiter au vent les voiles latines des barques de pêcheurs, en marquaient les étapes. Il ne semblait pas qu’il en pût être de plus heureuses. Un soir Esther et M. de Mauplas s’étaient rendus avec toute la famille au sommet d’une petite colline qui faisait une gibbosité dans la plaine. Des enfants à grand bruit les accompagnaient, courant et sautant comme des ch


