Partie 8

2962 Mots
La patience! Un mot qui ne figure pas dans mon dictionnaire à moi. Pourtant elle est une vertu pour tout m******n, et ma mère me répète trop souvent cette phrase "qui trop se hâte, reste en chemin" mais hélas! Je suis tellement impatiente qu'il m'arrive de rater beaucoup d'opportunités qui s'offraient à moi. Un autre défaut que je tiens de mon cher père, c'est à se demander si j'ai pris quelque chose de ma mère, à part son physique bien évidemment. Je suis présentement à l'école, en train d'attendre le prochain cours qui ne va pas débuter avant trois heures de temps. Le prof qui avait ce créneau est absent, je trépigne donc d'impatience en attendant le suivant. Mais camarades de classe, contrairement à moi sont ravis. Moi je peux enchaîner les cours de 8h à 19h sans que cela ne me dérange, mais dès que j'ai une longue pause je me sens perdue. Si je viens à l'école c'est juste pour étudier et rentrer, rien de plus. Là je me trouve sur une pente bien raide, je n'aime ni rater les cours ni attendre, je sais que je vais trop m'ennuyer, même avec mes amis. Oui, je suis trop bizarre comme personne et je n'arrête pas de demander si en fait je ne suis pas ami avec eux juste parce que je ne veux pas être toujours vu pour la vraie solitaire que je suis. C'est vrai que je me sens bien avec eux, qu'ils sont tous sympa et gentille avec moi, mais il arrive des fois où je ne me sens pas à ma place parmi eux et bien évidemment c'est de ma faute, Pour passer le temps, Ndeye m'a proposé de l'accompagner en ville, où travail son père pour récupérer de l'argent. En temps normal j'aurais refusé parce que qui dit aller en ville avec Ndeye, dit passer voir tous ses copains et copines des environs, visiter toutes les boutiques sans jamais acheter quelque chose et bien d'autres choses. Mais aujourd'hui j'ai accepté, elle m'a juré que nous n'allons pas formateur et que nous serons de retour à temps pour faire le cours restant. C'était soit cela soit rester en classe, écouter les filles parler d'hommes, de fringues, de maquillages, bref des trucs de filles qui m'énervent ou encore regarder des Naruto et autre avec les garçons; le choix était vite fait. Nous avons pris le bus pour y aller et Ndeye n'a fait que bavarder durant tout le trajet alors que moi je n'aime pas trop parler dans ce genre d'endroit, j'ai l'impression de déranger les autres ou pire encore, j'ai l'impression que tout le monde écoute la conversation. Mais ma copine est un vrai perroquet, que j'aime bien quand même parce qu'elle ne se prend pas la tête avec les détails, comme moi. Je l'ai écouté d'une oreille distraite, l'esprit ailleurs, trop occupé à penser à Majid étant donné qu'on devait se voir aujourd'hui. La dernière fois il avait dit avoir quelque chose à me dire et même si je le redoute un peu, j'ai quand même hâte de le revoir, je me suis beaucoup attaché à lui malgré le peu de temps que nous avons passé ensemble et malgré son comportement un peu hors du commun. Ce mec est insupportable, arrogant, frimeur, trop sûr de lui et passe son temps à se jeter des fleurs ; zéro modestie. Je me demande même pourquoi je l'apprécie autant. J'ai une dizaine d'hommes qui me courtisent, et parmi eux il y a de vrais gentlemans mais je ne leurs accorde même pas la moitié de la considération que j'accorde à Majid, peut-être parce qu'on a un peu le même caractère lui et moi, même si moi je ne suis pas aussi vaniteux que lui. Haha normal, je n'ai rien à venter et lui non plus d'ailleurs. Il devrait même le diminuer, parce que si nous avons ce genre de comportement nous devons être riche au moins non ? Ah ce mec est un vrai mystère pour moi. Anyway ! Aujourd'hui, contrairement aux autres jours je me suis bien habillée pour le rencontrer, pas de jeans et haut long pour me camoufler. Ce matin j'ai opté pour une jupe taille haute et un haut à épaule dénudés ; une tenue qui met mon corps en valeur et cela me change de l'habitude. J'en ai marre de ressembler à rien à chaque fois qu'on se voit. Lui doit sûrement dépenser tout son salaire en habit et parfum car à chaque fois que tu le vois, il est plus élégant et charmant, et surtout il sent super bon. Oh lala Rachida qu'est ce qui t'arrive ? Qu'est ce qui arrive à la fille fermée comme une huître ? _ Je te jure ma puce si tu vois le P-DG de l'entreprise où travail mon père ! Mon Dieu il est parfait. Imagine à seulement 24 ans il est déjà P-DG d'une si grande entreprise internationale. M'informe ma copine toute emballée. Ce n'est pas la première fois que je la vois dans cet état, donc je n'en fais pas un cas. Cela fait des jours qu'elle me parle de ce jeune P-DG, selon elle c'est le gars parfait, beau, riche, brillant, la totale quoi. J'avoue que c'est assez impressionnant d'être aussi responsable à un si jeune âge mais c'est le genre d'hommes qu'il faut fuir à tout prix. Parce que c'est soit ils pensent que tout le monde en a après leur fortune ou qu'ils peuvent tout avoir. Mais je garde ces pensées pour moi, mon amie est trop à fond sur lui, elle s'imagine déjà mariée avec donc je n'oserais pas gâcher son rêve. _ Je sais, actuellement tu me prends pour une folle et tu te dis c'est encore un de mes nombreux fantasmes, mais je prie Dieu qu'on le trouve là-bas, là tu pourras juger de toi même. Grogne-t-elle en roulant des yeux. _ Ha-ha oui j'ai hâte de voir cet homme qui te fait tant rêver, il s'appelle comment déjà ? Clamais-je faussement emballée. _ Il s'appelle Abdoul, c'est un peulh comme toi, la frappe ouais. En plus il vit à Dubaï où se trouve la société mère. Hi ma puce ta copine ira bientôt vivre à Dubaï avec son mari deh. Tu imagines ? _MDR, quel mari? Tu le connais même pas tu es vraiment irrécupérable quand tu t'y mets. _ Reste là-bas, ce gars est à moi et le seul hic est qu'il ne le sait pas encore. Je regarde cette folle qui me sert de copine et je n'ai pas pu m'empêcher d'exploser de rire, elle n'est pas seule dans sa tête wallah. Je pensais qu'on était descendu à l'arrêt le plus proche de l'entreprise et pourtant cela fait plus de dix minutes que nous marchons sous un soleil ardent. C'est bien cela le problème avec le fait de venir en ville avec les transports en commun, il n'y a aucun arrêt proche de l'endroit où tu te rends. _ Hey tu sais que nous somme sur mon territoire là. Dis-je à ma copine me rendant soudainement compte que je suis dans mon ancien quartier, celui où je vivais avec ma tante durant tout mon cycle du lycée et mes deux premières années à l'Université. Je connais tous les coins et recoins d'ici, c'était ma voie pour aller au lycée. Oh les souvenirs de galère ! car oui j'ai vraiment galéré dans ce lycée. Moi qui n'avais jamais étudiée dans une école publique je me suis retrouvée dans la plus grande de tout le Sénégal. Pourtant mon père avait donné à ma tante tout l'argent de notre scolarité annuelle à Amina et moi à notre arrivée. On devait aller étudier dans un lycée Catholique privé, avec les enfants de ma tante. Mais elle a mangé l'argent et a décidé que nous n'avions pas la même valeur que ses enfants à elle. _ Je crois que je vais passer saluer ma tante en attendant que tu partes récupérer ton argent. Dis-je à ma copine. Elle me lança un regard abasourdi. _ Tu es sérieuse Rachida ? Après tout ce que cette femme t'a fait endurée. Même si je voulais l'oublier je n'y parviendrais pas, mais ce n'est pas pour autant que je vais rester bloquée là-dessus, je laisse Dieu se charger de leur sort et après tout c'est la famille, rien ni personne ne peut le changer. Alors j'ignore les commentaires de ma copine et décide d'y aller, de toutes les façons je ne voulais pas trop aller à l'entreprise de son père. Les peu de fois que j'ai eu à l'accompagner là-bas je n'étais pas dans mes aises, c'est une très grande société avec beaucoup d'employés, des hommes avec des regards indiscrets et même pervers ; rohh je déteste cela, j'ai donc profité de cette occasion pour me défiler sans avoir à donner d'explications. Ndeye, voyant que je ne risque pas de changer d'avis céda après m'avoir exhorté, non plutôt exigé de faire très vite et de la retrouver pour que je puisse voir son crush. Très drôle cette fille. On se sépare puis je prends le chemin opposé en me remémorant des souvenirs tantôt joyeuses tantôt tristes. Devant l'immeuble d'en face de chez ma tante, je trouve un de ces employés qui a travaillé pour elle pendant des années, même quand j'étais petite et que je venais ici pendant les vacances il était là, c'est lui qui s'occupe de la cuisine du restaurant que tient ma tante en bas de l'immeuble. J'ai donc été assez surprise d'apprendre qu'il ne travaille plus pour elle désormais mais pour les libanais d'à côté, Ah ces derniers ! Ils m'ont faits voir des verts et des pas mures, eux et aussi les garçons de ma tante. Seule Dieu a pu me sauver de tout ceci car j'étais tout sauf à l'abri, mais Alhamdoulillah je suis sortie d'ici saine et sauve. Des fois il suffit juste d'avoir un caractère assez ferme et ne pas se soucier de ce que pensent les autres. J'étais assez surprise mais aussi fière de la démission du cuisinier, cet homme a consacré sa vie au service de cette famille et ils n'ont fait que l'utiliser. Il n'a jamais eu d'amélioration ni de promotion, ils l'ont juste exploité comme ils savent bien le faire. Heureusement qu'il avait fini par ouvrir les yeux même si c'était tardivement. Cette famille, ma famille, je n'arrête pas de me demander comment ça se fait que nous partageons le même sang. Ils sont capables de tout et rien ne m'étonne d'eux car j'ai vu et entendit tout avec eux. Ma tante habite dans un immeuble de quatre étages et elle n'utilise que le rez-de-chaussée et le premier étage, le reste elle le loue à des avocats, des médecins et autres de ce genre. En bas elle a le restaurant, une boutique, un magasin et un fast-food. Pourtant mon oncle, son petit frère de même mère et même père a une poussette et vend des chandwich juste en face de son immeuble. Il se réveille chaque jour à 4h du matin vu qu'il vit en banlieue avec sa nombreuse famille et vient jusqu'en ville pour préparer et vendre des chandwich devant l'immeuble de sa grande sœur. Tout le monde sait qu'ils sont de même mère mais cela n'a jamais dérangé ma tante, jamais de jamais. Honnêtement il me faudra faire tout un roman pour parler d'elle ou de ma famille et malheureusement ou heureusement que je n'ai pas ce temps. Après avoir salué mon oncle qui est l'une des rares personnes ici qui est tout le temps ravi de me voir, je pars retrouver ma tante dans la cuisine de son restaurant. La situation de mon oncle me chagrine et c'est bien pour toutes ces personnes que je me bats au quotidien pour réussir. Il me faut changer les mentalités et la façon de faire de ma famille et surtout leur montrer que la solution n'est pas de se classer par catégorie ; les riches avec les riches et les pauvres avec les pauvres. Il faut s'entraider dans une famille, se soutenir et se supporter peu importe la situation, mais hélas ça ce n'est pas dans la mienne et c'est vraiment désolant. Lorsque ma tante m'a vue elle m'a offert son plus beau sourire sournois comme toujours. Je n'ai jamais rencontré une personne aussi douce de parole qu'elle, elle a de l'huile sur la langue. Difficile de croire que c'est une mauvaise personne, la pire, avec son air de sainte nitouche, son visage d'ange, ses paroles ; une vraie comédienne et c'est pour cela que maintenant moi aussi je joue le jeu. Après les salutations, elle demanda de mes nouvelles, se plaignit que je l'ai abandonné et surtout me demanda si je n'ai toujours pas fini mes études. _ Hee mon bébé, tu n'a toujours pas fini tes études ? Ça devient long deh. Songe à te trouver un mari et un travail pour réduire la charge à ton père et blabla. J'en avais déjà marre, ce n'est pas de ma faute si, aucun de ses enfants n'est parvenu à décrocher son bac. Et les mariages de ses filles à des vieux riches qu'elles sont entrain de dépouiller ne fait pas partie de mes plans, sans oublier ses garçons qu'elle entretien ainsi que leurs familles malgré son âge, et elle appelle ça réussite ? Mouais je passe mon tour. Et en quoi ça lui regarde le fait que mon père me dépense ou pas ? Après tout elle s'est débarrassée de moi comme une malpropre et elle a bien dit "ton père", pas le sien. Je commençais à perdre mon sang froid et à regretter d'être venue, comme toujours. Heureusement qu'au moment où elle m'a proposé à manger j'ai reçu un SMS de Ndeye me disant de me ramener au plus vite ; elle venait de me sauver la mise parce que quand ma tante te propose à manger, elle prie en même temps pour que tu décline son offre, on ne se connaît que trop bien. Je le décline poliment en lui disant que j'étais juste passé lui faire un coucou et que j'ai une amie qui m'attend. Je sortis de cette maison avec beaucoup de soulagement et sans aucun regret puis pars rejoindre la folle. J'ai dû encore une fois marcher pendant quelques minutes avant d'arriver. Et à l'entrée je me suis mise à regretter de m'être vêtue de la sorte. Toute la classe était surprise de me voir ainsi ce matin et là je suis presque sûre que c'est bien pour cette raison que tous les regards sont braqués sur moi. Et je ne pouvais pas tomber mieux vu qu'il est treize heures et que c'est l'heure de la pause ; je suis trop mal à l'aise. Une fois à l'intérieur, je tourne en ronds sans savoir où aller. L'entreprise est immense et le comble est que je ne sais même pas dans quel étage travail son père exactement. Au moment où je décide de l'appeler, je la vois plus loin me faire des signes avec ses manières de folle, et en marchant pour aller la rejoindre je remarque qu'elle est avec deux hommes, dont l'un est son père et l'autre j'en avais aucune idée. Il était de dos et avait une belle silhouette et une belle posture. Short kaki et Lacoste blanc, je me suis dit qu'il ne doit pas être venu pour travailler et encore moins être le fameux PDG vu son accoutrement. Plus je me rapprochais d'eux, plus je sentais les effluves d'un parfum familier, mais vu tout le monde qu'il y avait ici, cela pouvait être n'importe qui. _ Bonjour monsieur. Dis-je en serrant la main du papa de Ndeye. Un monsieur trop gentil et surtout complice de sa fille. Il m'aime beaucoup et me trouve trop timide, il ignore qu'en faite je suis juste bizarre. _ Salut ma fille comment tu vas? Et la famille, les études ? _ Ça va bien Alhamdoulillah, tout le monde se porte bien. Les salutations ont duré un bon moment avant qu'il ne se décide à me présenter le jeune homme qui était avec eux. _ Voilà ma fille, Je te présente notre nouveau patron monsieur Bah. Il est certes jeune mais il ne faut pas juger par l'âge ou la taille, c'est un vrai leader, brillant et responsable ma Shaa Allah. Je me retourne pour lui serrer la main à ce fameux monsieur Bah, qui était resté de marbre depuis mon arrivé. Et lorsque mes yeux se sont posés sur lui j'ai vacillé, je n'en revenais pas. Mais il est drôle hein le papa de Ndeye ! C'est Majid leur PDG ? Haha alors moi je suis la reine d'Angleterre. Je n'ai pas pu m'empêcher de glousser. _ Rire, Majid ? PDG ? Dis-je avec une mine plus que drôle. Il leva la tête pour enfin me regarder et il avait l'air vraiment gêné. Il leurs aurait menti ? Impossible. Je suis perdue là. _ Oui, enchanté. Me dit-il en se frottant la tête nerveusement. La situation était délicate et franchement je ne savais pas comment réagir. Surtout devant ma copine et son père. _ Tu le connais ? Me questionne Ndeye. C'est ce que j'essaie de comprendre, me dis-je à moi-même. Qu'est-ce qui se passe ici ? _ Non je ne le connais. Dis-je à ma copine tout en fixant le fameux monsieur Bah droit dans les yeux. Au même moment, un autre monsieur est venu lui annoncer avec un grand respect que sa voiture est prête, et ce dernier n'était nul autre que l'homme qui conduisait le jour où ils m'ont ramené. Hou la la ! Tout ceci prend enfin un sens. Le fameux stagiaire avec les multiples voitures de son patron, ses habitudes de luxe et accessoires, son arrogance démesurée et le fait de vouloir tout contrôler. Et si ça ce n'est pas un foutage de gueule! Je suis vraiment mais vraiment tombée de haut là. Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.
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