Chapitre 7

1125 Mots
Sienna Ces mots tombèrent sur moi avec une violence inattendue. L'effet fut immédiat : je me sentis comme frappée par une vague de froid, un étau de désespoir m'étreignant la poitrine. Un cri silencieux résonnait dans ma tête, une sorte de rébellion muette contre cette décision prise sans mon consentement. Mon père ne m'avait même pas consultée, ni demandé ce que je voulais. Il avait pris la décision à ma place, comme si j'étais une simple propriété à marier, un bien à offrir à un autre Alfa, sans tenir compte de mes rêves, de mes espoirs, de ma vie. Mon cœur se serra à l'idée d'une telle injustice. Tout ce que je voulais à cet instant précis, c’était fuir, échapper à ce poids écrasant, à cet endroit devenu soudainement hostile. Mon avenir ne m'appartenait plus. Il appartenait à mon père, à son désir de renforcer son pouvoir, d'allier sa meute à une autre, peu importe que je sois d'accord ou non. Je n'étais qu'une pièce d'échec dans son grand jeu de domination. Il avait décidé que je serais un pion, une épouse, une mère, mais jamais une femme libre de choisir son propre chemin. Le visage de ma belle-mère, toujours souriante et triomphante, semblait confirmer tout ce que je redoutais. Elle avait l’air d’une personne qui avait tout orchestré, de celle qui tire les ficelles dans l’ombre, comme si elle savourait ma douleur en silence. Je me sentais terriblement seule. Les mots de mon père résonnaient dans mes oreilles, mais je n’arrivais plus à les entendre correctement. Ils étaient devenus des échos lointains, comme une mer déchaînée engloutissant tout autour d'elle. Un vertige m’envahit, et avant même d’y penser, mes jambes m’ont portées hors de la pièce, sans que je puisse en empêcher. Je fuyais, incapable de supporter cette scène, ce mariage arrangé, ce destin tout tracé. Je me précipitais dans le couloir, haletante, mes pensées chaotiques, mon cœur battant à tout rompre. Je voulais hurler, frapper le sol, mais rien ne sortait. Une douleur sourde envahissait chaque parcelle de mon être, une douleur d’abandon et d’impuissance. Tout ce que je voulais, c'était être libre. Mais là, face à cette décision, je n’étais qu’une enfant prise au piège par les ambitions des adultes. Mes larmes coulaient sans relâche, inondant mon visage, alors que je pensais à ma mère. Chaque souvenir de son doux sourire, de sa voix rassurante, ne faisait qu’ajouter à ma souffrance. Comment aurait-elle réagi en apprenant que son unique fille, qu’elle avait élevée avec tant d’amour, allait être mariée à un homme bien plus vieux qu’elle, à un veuf qui ne pensait qu’à accroître son pouvoir ? Cette pensée me dévastait. Aurait-elle approuvé une telle union, seulement pour satisfaire des ambitions politiques ? Je n’osais même pas y penser. Ce doute, cette lourde pensée, m’assaillait comme un poids insupportable. Ma mère aurait voulu me voir heureuse, pas enchaînée à un destin qui ne m’appartenait pas. La question restait sans réponse, et chaque seconde passée à y réfléchir me déchirait davantage. Lorsque je franchis le seuil de ma chambre, la réalité m’a frappée d’une telle violence que mes jambes se dérobèrent sous moi. Je me suis effondrée sur mon lit, la gorge nouée et l’âme en morceaux. Des sanglots incontrôlables m’échappaient, mes yeux étaient déjà rougis et mon cœur, noyé dans la douleur, semblait prêt à se briser. Je n’arrivais pas à respirer, comme si tout autour de moi se refermait lentement, me rendant captive de cette situation qu’il me semblait impossible d’échapper. Le vide était total. L’idée de ce mariage imposé me laissait une sensation de suffocation, comme si je m’enfonçais lentement dans un abîme sans fin. Lali, qui était toujours là pour moi, entra précipitamment dans la pièce dès qu’elle m’aperçut, ses yeux s’ouvrant en grand, pleins de terreur à la vue de mon état. Elle s’approcha rapidement de moi, ses mains tremblantes se posant sur mes bras pour me soutenir. – Eh Sienna ! Que t’ont-ils fait pour que tu sois dans un tel état ? Pourquoi pleures-tu comme ça ? » Sa voix tremblait d'inquiétude, son visage marqué par la peur et l'incertitude. J’essayais de calmer mes sanglots, mais la douleur était trop forte. La seule chose que je pouvais faire était de répondre, ma voix brisée par l’émotion : – « Je… je ne veux pas épouser cet homme. Je ne peux pas supporter cette idée. » Mes mots sortaient avec peine, comme si chaque syllabe m’échappait. « Nous devons fuir d’ici, Lali. Vite ! » Je n’avais plus de temps à perdre, plus d’énergie à gaspiller. Je n’étais pas prête à accepter cet avenir tout tracé. Le mariage, l’union forcée avec cet Alfa que je n'avais jamais choisi, cette vie que mon père avait décidé pour moi… tout cela me semblait être un fardeau bien trop lourd à porter. Je me levai d’un coup, les larmes continuant de couler, et je me précipitai vers mes affaires éparpillées dans la pièce, les attrapant sans réfléchir. Mon cœur battait à une allure folle, mes mains tremblaient alors que je tentais de tout rassembler en hâte. Lali me regarda, confuse, un mélange d’incompréhension et d’inquiétude dans les yeux. Elle s’avança vers moi, m’appelant doucement : – « Mais qu’est-ce que tu fais, Sienna ? Je ne comprends rien à ce qui se passe… » Sa voix était pleine de désarroi. Elle ne savait pas encore ce qui se passait dans ma tête, mais je savais qu’il était inutile de lui cacher la vérité. Je tournai mes yeux vers elle, pleins de désespoir et d’angoisse. Je pris une grande inspiration, cherchant des mots pour lui expliquer ce qui me broyait l’âme. – « Mon père… Il m’a contrainte à épouser cet homme âgé. Ce monstre… Les mots semblaient brûler mes lèvres. Sous l’influence de ma belle-mère… Je laissai échapper un soupir entrecoupé de sanglots. Je ne peux tout simplement pas… Je ne peux pas faire ça, Lali. Je t’en prie, aide-moi à m’échapper. Elle resta un moment silencieuse, son regard exprimant une inquiétude grandissante, mais avant qu’elle ne puisse répondre, une voix froide et autoritaire s’éleva dans l’embrasure de la porte. Le ton glaça l’air de la pièce. – « Tu penses vraiment que tu parviendras à quitter cet endroit sans que je n'intervienne ? » Je sursautai, mon cœur battant la chamade en entendant cette voix. Je levai les yeux, et là, dans l’encadrement de la porte, se tenait ma belle-mère. Son regard perçant et son sourire à peine dissimulé témoignaient d’une confiance farouche. Elle ne semblait pas du tout surprise par ma tentative de fuite. Son autorité, sa présence, m’avaient prise au piège. Elle savait. Elle savait que j'avais l'intention de m’échapper, et elle était là pour l’en empêcher.
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