Partie 6
***** FABY *****
Je ne sais pas comment j’ai fais, ni pourquoi je suis là mais je ne peux plus faire retour en arrière. Tout se bouscule dans ma tête. Dans un premier temps, je suis partie voir Marème pour qu’elle m’héberge quelques jours avant de trouver une solution, mais elle n’a rien voulu entendre. Tout ce qu’elle désire, dit-elle, c’est que je règle le problème avec mon supposé mariage avec Idriss, comme si c’était vrai. Je retiens comme je peux mon souffle avant d’appuyer sur la sonnette de la maison.
À peine qu’elle retentit, on vient m’ouvrir, je reconnais assez vite la dame de maison qui me demande d’entrer
Moi (à elle) : Tata Pauline est là ?
Elle : oui vas-y, entre.
Je marche tout en traînant les pieds, j’ai peur parce que c’est ma dernière chance de trouver une solution. C’est la seule maison dans laquelle je peux encore trouver refuge.
Tata Pauline : Faby, qu’est-ce qu’il y’a ? Pourquoi tu fais cette tête ?
Moi (baissant la tête) : rien
Ta Pauline : comment ça rien ? Avec ta tête là tu me dis qu’il ne se passe rien? C’est encore Idriss ?
Elle ne me laisse même pas le temps de répondre et enchaîne.
Ta Pauline : ce garçon, je le jure, il va finir par me tuer. Qu’est-ce qu’il veut à la fin ?
Moi : Tata en fait...
Ta Pauline : laisse moi l’appeler tout de suite, il va me rendre des comptes.
Moi : ce n’est pas lui Tata.
Ta Pauline (suspicieuse) : hum, sûre ? Ne cherche nullement à le protéger, je le connais comme le bout de mes doigts.
Moi (triturant mes doigts) : en fait je viens de fuguer de chez moi.
Ta Pauline : quoi ?
Moi (gorge nouée) : en fait…
Je lui raconte tout depuis le début et à la fin lorsque je termine, elle met la main sur la bouche.
Ta Pauline : je crois que ta tante est folle
Moi : …
Ta Pauline : et qu’est-ce que Idriss a dit ?
Moi (perdu) : Idriss ?
Ta Pauline : il devait normalement venir se présenter dans ta famille, comme l’exige la coutume. Et ta tante ne sait pas que vous allez vous marier n’est-ce pas ?
Moi : euh non.
Ta Pauline : ah vous les jeunes d’aujourd’hui [sortant son téléphone de son sac] attends que je l’appelle.
Moi (me levant) : non ce n’est pas la peine ma tante, c’est bon je vais trouver une solution.
Ta pauline : quelle solution tu vas trouver toi ? Rassis toi tout de suite.
J’exécute sans broncher.
Ta Pauline : vous avez tous les deux fauté. Si vous aviez mis votre famille au courant de votre relation, rien de tout cela ne serait arrivé.
Moi : ah..
Ta Pauline (pianotant son iPhone) : attends une minute.
Dans quelle merdier je me suis encore fourrée ? J’étais venue chercher rescousse, mais voilà où ça m’a menée.
Idriss ?
Il va être pire que furieux mais à y réfléchir de plus près, ce mensonge semble être la solution temporaire dont je vais avoir besoin.
Et pourquoi pas même ? il s’agira juste de faire semblant un moment pour sortir de ce pétrin.
Ta Pauline : viens vite à la maison, c’est urgent, c’est à propos de Faby.
Et elle raccroche tic, avant de me lancer un sourire complice. Son téléphone sonne dans les secondes et elle regarde avant de le poser à côté d’elle .
Ta Pauline : comme ça, il viendra plus vite.
Moi (nerveuse) : tu penses ?
Ta Pauline : tu en doutes comme si tu ne connaissais pas ton fiancé.
Moi : humm.
Elle : passe moi ton téléphone, avant qu’il n’essaie de te joindre, je suis sûre qu’il va chercher à te contacter.
Que dire ? Je n’ai même pas le numéro d’idriss et je doute qu’il ait lui aussi le mien. Ehh et si elle se mettait à vérifier ? Tata Pauline est compréhensive, mais peut parfois être trop curieuse, elle se prend souvent pour Colombo.
Moi (mentant) : j’ai oublié mon téléphone à la maison
Ta Pauline (soupirant) : c’est compréhensible avec tout ça.
Avec elle, on patiente une vingtaine de minutes avant d’entendre le vrombissement d’un moteur à l’entrée. Mon rythme cardiaque s’accélère à force de me stresser.
Que va-t-il se passer ? Et s’il dit tout la vérité ? Je serai vraiment maudite.
Idriss entre dans la maison avec son air de je m’en foutisme et sa carrure imposante.
Idriss (sans même nous saluer) : il se passe quoi ici ?
Ta Pauline : on est tes camarades pour que tu nous pose une question sans nous saluer ?
Idriss (haussant les épaules) : bonsoir.
Ta Pauline : c’est mieux pour toi.
Idriss ( me fixant des yeux) : il se passe quoi ?
Ta Pauline (répondant à ma place) : c’est encore la tante de Faby.
Une lueur mystérieuse traverse son regard avant de disparaître.
Idriss : elle a encore fait quoi ?
Euh oui, ce n’est pas la première fois que je me suis plainte à Tata Pauline au sujet de ma tante. C’est la n-ième fois je peux dire.
Sa mère imite mes mots et lui raconte tout dans les détails et à la fin, je ne lis que de l’amusement dans les yeux d’Idriss.
Idriss : hum.
Ta Pauline : comment ça humm, c’est tout ce que tu trouves à dire ?
Idriss : et que veux-tu que je dise ?
Ta Pauline : mais je te signale qu’il s’agit de ta fiancée et que si tu ne fais rien, sa tante va l’obliger à se marier avec un vieux.
Idriss : et ?
Ta Pauline (regardant Idriss puis moi encore lui) : vous vous foutez de moi ?
Idriss : même pas, c’est juste que…
Moi (l’interrompant) : on doit accélérer les choses.
Tous les deux : quoi ?
Je sais que je me jette dans la gueule du loup, mais autant m’approcher un petit peu de lui.
Moi : en fait je veux dire que si ma tante est au courant qu’Idriss veut se marier avec moi, elle changera d'avis.
Idriss : qui te dit que je suis prêt pour qu’on accélère les choses ?
Moi : mais…
Ta Pauline : mais ce qu’elle dit est normal, en plus je suis perdue. Vous allez vous marier oui ou non ?
Aucun de nous ne répond à la question si ce n’est qu’on se regarde les yeux dans les yeux.
**** IDRISS ****
Il y eut un bref silence que je finis par rompre
Moi : Laissez-moi seul avec Faby pendant quelques minutes.
Ma mère voulut protester, mais j'attrape le poignet de Faby et la tire dans l’une des chambres sans même lui laisser le temps de comprendre et ferme la porte derrière elle.
Avant que je nai pu dire un mot, Faby se jette à mes pieds.
Faby : je t'en supplie, Idriss, épouse moi ! Ne laisse pas ma tante réussir son coup
Moi : tu es devenu folle ?
Faby (apeuré) : je t’en prie Idriss
Je garde le silence pendant quelques instants. C’est vrai, je déteste l'idée que faby soit forcé de se marier avec un vieux, mais ai-je d’autres choix? Même si je décidais de l’épouser, ce serait un désastre pour moi. Certes, je ne hais pas vraiment. Mais je sais pertinemment qu'elle n'est la femme qu'il me faut.
Moi : fab…
Elle ne laisse pas finir qu’elle se met à hoqueter tout en pleurant
J’ étouffe un juron et passe un main sur ma tête.
Finalement je me lève et vais ouvrir la porte pour faire fasse aux regards sévère de ma génitrice.
Ma Pauline : eh c’est à…
Elle s’interrompt en voyant Rahim qui passe la porte du salon.
Rahim : il se passe quoi ici ?
Idriss : cela ne te concerne pas.
Ma mère me lance un regard meurtrier avant de tout raconter au cadet. Qui se précipite dans la chambre pour voir Faby. J’ai bien failli lui barré le passage mais j’ai une meilleure idée.
**** FABY ****
J’ai très vite essuyé mes larmes en entendant la voix de Rahim.
Rahim (à moi) : ta tante est folle et tu sais quoi, tu vas venir habiter ici maintenant qu’elle soit d’accord ou pas.
Idriss (le ton dure) : ce n’est pas à toi de lui dire ce qu’elle doit faire.
Rahim : parce que toi tu en as le droit ?
Idriss : elle sera bientôt ma femme.
Rahim : ça, on verra.
Je suis entre le marteau et l’enclume, d’un côté l’homme de ma vie et de l’autre mon soi disant sauveur. À cet instant, j’aurais tout donné pour avoir des parents, c’est dur de se sentir seule, incomplète et incomprise. Je passe des moments où j’ai tellement besoin d’eux, où j’aimerais juste me réfugier dans les bras de ma mère, où je voudrais entendre sa voix me dire : « t’inquiète pas ça va aller »
Je n’ai pas eu la chance de grandir auprès de mes parents et ceci fait que je me sens diminuée, défavorisée. On décide sans même me demander mon avis.
Est-ce ainsi la vie d’une orpheline ?
Qui pourra tenir leur rôle à mon égard ?
J’ai toujours manqué de l’attention, des bras réconfortants, un sourire encourageant..
Je me sens tout bonnement seule, seule au monde. Personne ne me comprend, aucun ne sait réellement ce qui passe au fond de moi.
Pourrais-je un jour vivre sans cette douleur que j’ai constamment à la poitrine ?
Trouverais-je l’attention et l’amour dont j’ai besoin pour me sentir mieux ?
Parce que je suis sûre que jamais je ne vivrai réellement heureuse, mais j’espère juste vivre mieux.
Où êtes vous maman, papa ?
Ta Pauline : au lieu de vous battre, cherchez plutôt une solution pour sortir Faby de cette situation.
Idriss : c’est bon je vais aller me présenter.
Rahim (choqué) : quoi ?
Idriss (avec un sourire satisfait) : je vais me présenter à la famille de Faby.
Ta Pauline (allant chercher son téléphone) : j’appelle ton père.
Rahim (devant son frère) : jamais, tu m’entends ? Jamais !