Mes yeux s'ouvrent paresseusement et je regarde autour de moi comme si je suis perdue. Je cligne plusieurs fois des yeux, mais rien. Il n'y a que l'obscurité. Je marche sans voir où je mets les pieds, trébuche contre une pierre, me rattrape à temps puis trébuche à nouveau.
Je regarde autour de moi dans l'espoir de voir quelqu'un, quelque chose. Mais rien.
Où est-ce que je suis ?
Soudain, quelque chose attrape mes pieds et me tire en arrière. Je lâche un cri en tombant et regarde autour de moi en espérant que quelqu'un me vienne en aide. Enfin !
David est là devant moi et me regarde de ses grands yeux noirs. Bien que je le craigne tout autanDet que ces ténèbres qui m'engloutissent, je lui tends la main pour qu'il m'aide, mais au lieu de ça, ce fut un sourire cruel qui déforme son visage. Mon cœur se serre tandis que celui ou la chose qui me tirait me lâche. Avec un soupire, je me relève aussi vite que je suis tombée et cours en direction...
Dans quelle direction vais-je ? Aucune idée. Je ne vois rien. Mais bientôt, une lumière apparaît à quelques distances de moi. Je souris entre deux larmes et cours en direction de cet espoir.
Mais David est là de nouveau, à deux pas de moi, étendu par terre. Je cours dans sa direction sans hésiter. Je sais que je ne devrais pas l'aider. Il a été méchant avec moi, et je devrais le laisser où il est, mais je me suis briefé de "sage".
Quand j'arrive vers lui, il n'y a plus personne. Tout redevient noir autour de moi. Plus sombre encore qu'avant...
Des bruits à la fenêtre me font sursauter et je me réveil en me redressant sur mon coude avec des sueurs froides. Je reste là sans bouger pendant quelques minutes, puis le bruit me ramène à moi. Je sors du lit et me dirige vers la fenêtre. Le bruit provenait d'un oiseau qui tapait contre la fenêtre. Derrière lui, des petits petits dévoraient des verre de terre.
Cette vision me fit penser à mes parents. Ils s'aiment certes, mais peut-on dire que je suis le fruit de leur amour ?
«Tu ne représente rien pour nous. »
«Tu n'aurais jamais dû naître. »
Voilà les paroles que ma mère m'a dites le jour de mes sept ans. J'étais une gamine, je n'avais pas compris ce qu'elle disait. Je pensais qu'elle m'aimait, qu'elle voulait de moi.
Je me rappelle lors de ses 23 ans, j'étais descendue avec un cadeau que j'avais emballé moi-même. Je lui ai souhaité un joyeux anniversaire en le lui tendant. Elle me l'a aussitôt jeté au visage en proférant de mauvaises paroles.
« Ne m'approche plus ! Je te déteste, Va-t'en ! »
Tout mon visage s'était rempli de larmes et de morves. J'avais 11 ans et avais bien compris ces paroles là. J'avais alors couru vers mon père. Il s'était contenté de me fusiller du regard, ce qui m'avait arrêtée dans mon élan.
« Tu as entendu ta mère ? s'était-il écrié en dardant sur moi un regard sévère, qui m'avait cloué sur place. C'est un jour spécial pour elle, alors dans ta chambre. Je ne veux pas te voir en bas ! »
Ce que j'avais fait d'un pas mort. Je m'étais senti vide d'esprit, de toute pensée. Je n'avais pas d'amis, je comptais sur mes parents pour me soutenir, pour m'aider à avancer. Mais ce jour-là, tout s'est écroulé. Mon monde que je n'avais presque pas, mes pensées, ma vie.
« Pourquoi suis-je née ?»
Cette question était la première que je me suis posée ce jour-là.
Mais aujourd'hui, la question que je me pose est de savoir si je ne compterais jamais pour quelqu'un.
Je devrais peut-être arrêter de lire, ça me monte à la tête. Je suis loin d'être quelqu'un qu'on peut aimer. Ça, je l'ai déjà compris.
Ma tête balance et j'ouvre les yeux, me rendant compte que je me suis endormi debout. Je regarde par la fenêtre et ne vois plus l'oiseau et ses petits. J'aurais aimé qu'ils soient là pour célébrer avec moi mes 16 ans. Je suis seule ce jour. Encore.
Je sors de ma chambre, et descends à pas de loup. J'entends du bruit à la cuisine, et m'y dirige. Maman y est. Je me cache derrière la porte et la regarde par la fine ouverture. Elle ouvre un placard et en sort un couteau. Mon cœur se gonfle dans ma poitrine. Mon sang circule plus vite dans mes veines. Je m'attendais à la voir sortir un gâteau, mais quelle idiote je fais.
Avec une mine dépitée, je me dirige vers la porte de sortie sans me soucier de mon pyjama. J'ai dit plus tôt que j'avais besoin de voir du monde, mais à l'extérieur, il n'y a personne. Avec un soupire, je marche sans savoir vraiment où aller. Je déambule quelques minutes sous les réverbères, à regarder les arbres se défendre contre le vent qui souffle. Je frotte mes bras contre moi et me recroqueville. Il fait frais, mais je m'en fiche. Même si au fond, j'aurais dû enfiler un pull sur ma chemise de nuit. Mes jambes nues se plaignent, mais je m'en fous un peu.
Je préfère être ici à mourir de froid, qu'enfermer dans cette chambre. Finalement, j'ai l'impression d'être Harry Potter avant qu'il apprenne qu'il est sorcier. Au fait, non. Sa vie à lui est bien meilleure. Il a au moins un c*****d de cousin et le plus génial, il est sorcier. Qu'elle merveille !
Je souffle désespérément, puis regarde autour de moi.
« Ce que je devrais faire, c'est rentrer tranquillement chez moi si je ne veux pas finir dans une berne à ordure. » Je me dis en retournant à l'intérieur.
Je constate avec horreur que la porte est fermée. Mon Dieu, non. J'appuie avec insistance sur la porte, mais elle est belle et bien fermer.
Pourquoi diable suis-je sortie !?
*
J'ouvre paresseusement les yeux, et me redresse sur mon lit. Mais mon dos est endolori et mon cou fait bizarrement mal. Je me lève en sursaut. Je suis loin d'être dans mon lit.
Le ciel est encore un peu sombre, il doit être aux environs de 6 h.
Je me trouve sous la fenêtre de ma chambre. Je me rappelle que je m'y suis dirigée pour essayer de grimper, mais sans grand succès. Je suis nul au grimper à la corde, alors grimper un mur...
À cette heure, maman serait déjà debout, et donc cela signifie que papa sortirait d'une minute à l'autre.
Je m'étire un long moment pour relâcher mes muscles endoloris. La rue est encore déserte, mise à part les aboiements du chien de la maison d'en face, qui commence d'ailleurs à me donner mal à la tête.
Je fais le tour de la maison pour me retrouver à l'entrée. La porte s'ouvre avant même que je sonne, et je recule, craintive. Le regard de mon père passe de perplexe à étonner, avant de prendre un air sévère.
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Tu découches maintenant ?
Sa voix n'est même pas emprunte d'inquiétude. Il semble s'en foutre.
− Bon... Bonjour papa, je balbutie.
Il hausse les épaules et continue son chemin. Je souffle et entre. Mon père m'a vu, mais je ne veux pas que ma mère me surprenne. Elle ne se fera pas prier et prendra tout son temps pour m'insulter.
Je me démerde pour monter à pas de loup, évitant de faire grincer le moindre parquet.
Je finis par rejoindre ma chambre et la première chose que je fais, c'est me jeté sur le lit. Une délicieuse plainte m'échappe, et je m'étire à nouveau. Mon Dieu, plus jamais je ferai ça.
Je finis par me relever et faire ma toilette, attrape mes cheveux en un léger chignon sans les avoir brossés. Je mets mon uniforme et descends.
Devant le lycée, des yeux noirs sont les premiers à attirer mon attention. David est adossé contre la grille et me regarde droit dans les yeux. Je le lui rends et esquisse un sourire machiavélique. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, mais j'ai envie de l'emmerder...
− Carotte ! Comme on se retrouve !
Je sursaute vivement en entendant le surnom qui m'était destinée, et la voix de celui qui l'a dit.
Chris.
Non, pas lui. Il fait quoi ici ? Pourquoi il est revenu ?.
− Chris...
La fille à côté de lui me toise de la tête au pied et reporte son attention sur Chris, mais lui ne la calcule pas et se dirige vers moi.
− Je t'en prie... Je ne t'ai rien fais...
− Ta gueule.
Je me tais. Quelques personnes nous regardent, mais j'ai trop peur pour prêter attention à eux.
− Suis-moi, ordonne-t-il.
− Hum-hum, je proteste en secouant la tête de gauche à droite.
− Tu dis quoi ?
− Rien, rien ! Je m'écris un peu désespérément.
− Alors tu me suis.
− Chris, je t'en prie...
− Je crois avoir dit de la fermer ?
Je me rappelle avec horreur que ce sont les paroles que m'ont dites David avant qu'il me pousse méchamment la première fois qu'on s'était vue. Je me la ferme et suit Chris en silence, la peur au ventre. C'est mon anniversaire aujourd'hui. J'avais finis par oublier ce qui se passait ce jour-là. Seulement, il n'était plus dans ce lycée, enfin, c'est ce que je croyais !
Arrivé dans le couloir, il n'y a que quelques élèves. Chris m'empoigne malgré ça par le bras et me tire vers les toilettes.
− Arrête s'il te plaît !
− Tu crois que j'ai oublié ton cadeau d'anniversaire? demande-t-il en me dirigeants vers la cuvette.
Je résiste du mieux que je peux, sachant que c'est peine perdue. Ça a toujours été ainsi. Son groupe et lui étaient les seules à se souvenir de mon anniversaire, pour la seule raison qu'ils aimaient me rouer de coups ce jour-là spécialement.
Pendant combien de temps cela allait-il durer ? Allait-il me suivre dans mon université ?
− Qu'est-ce qui se passe ici ? Tonne une voix profonde que je ne reconnue pas tout de suite.
Je redresse le cou, et avec surprise, voit que c'est David.
− Je t'en prie aide... aide moi.
− Toi, ne te mêles pas de ça, siffle Chris en foudroyant David du regard.
Il me tient toujours fermement par le bras, et je commence à avoir mal.
− Je ne suis pas ton pote donc tu ne me parles pas comme ça. Et d'ailleurs qui t'as dit que je voulais intervenir ? Rien à ciré moi, réplique David en tournant les talons.
− Ne part pas, je l'implore.
− Ça t'apprendra à fermer ta p****n de grande gueule, rétorque-t-il sans se retourner.
Il sort et me laisse seule avec ce monstre. Ce monstre ? Ils sont tous les deux des monstres !
− Tu connais ce type ? me demande Chris en me forçant à le regarder.
- Non, je répond en secouant la tête. Chris laisse-moi tranquille s'il te plaît, je ne t'ai rien fait !
- Ce n'ai pas la question que je t'ai posé, petite, réplique-t-il en me baissant vers l'intérieur de la cuvette.
C'est mon anniversaire. Mon p****n, d'anniversaire ! Pourquoi je dois souffrir autant ?
Il me lâche enfin et sort des toilettes. Mes yeux sont brouillés par les larmes qui coulent sur mes joues baignées de l'eau sale des chiotte. J'ai une immense boule dans la gorge qui me met mal. Je me penche sur le lavabo et me débarbouille le visage avec force. C'est dégoûtant. Je me trouve dégueulasse vraiment. Chris est cruelle de me faire subir ça. Et David qui n'a pas chercher à intervenir...
Pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs ? Lui ne me connais pas et il m'a déjà frappé plusieurs fois. Il devrait être content de ce que Chris m'infligeait.
Je reste dans les toilettes à pleurer un bon moment. Lorsque j'en sors, je tombe sur une fille de grande taille qui me rentre dedans.
- Hé, attention !
Je ne prend pas la peine de répondre et file en salle, peu importe que j'ai les yeux rouges.