Chapitre 2

934 Mots
Chapitre 2 La jeune femme voulait être sûre que ses plans se dérouleraient à la perfection. Elle se regarda dans le miroir et contempla son reflet un long moment avant de murmurer : « L'heure est enfin venue... ». Son double lui sourit et elle alluma une bougie rouge. Elle se piqua le doigt avec une aiguille et laissa couler quelques gouttes de son sang sur la photo du jeune homme qui fabriquait les masques. Puis elle jeta quelques pétales de roses rouges sur son rituel en prononçant des mots en bas latin tout en implorant l’Esprit de l’Air d’accomplir son vœu. ♠♠♠♠♠ Morgane avait travaillé d'arrache-pied avant d’arriver au jour « J » et il était enfin là ! Le début des festivités commençait à quatorze heures sur la Place Sainte-Anne et elle était impatiente de prendre des clichés. Son patron lui avait laissé carte blanche pour couvrir cet événement et elle voulait être à la hauteur de cette mission. Le mauvais temps avait fait place à un magnifique soleil et la température était plus clémente qu’à l’accoutumé. Elle jeta un coup d’œil aux quelques stands situés non loin de là et chercha du regard le jeune homme aux masques. Elle ne le vit pas car il y avait une foule de gens collés les uns aux autres. Elle dut jouer des coudes pour se frayer un passage afin d’être aux premières loges du spectacle. Le cortège carnavalesque arriva sur la Place Sainte-Anne et chaque personnage parfaitement costumé s'arrêta de longues minutes avant de se rendre au bord du lac qui bordait la cité. Morgane prit beaucoup de photos, vérifia son éclairage et admira les vêtements et visages qui rivalisaient de beauté. Au bout d'un long moment, satisfaite de ses prises de vues, elle rangea son appareil photo dans sa pochette et repartit à pied en direction du centre-ville. Elle trouva rapidement le stand des masques et sourit à l'homme qui s'y tenait derrière. — Monsieur Russo ? formula-t-elle. — Oui, vous êtes la journaliste qui m’a appelé ? répondit-il en lui tendant la main. — Oui, je suis bien Morgane Charbonnier, lui confirma-t-elle en la saisissant. Ce simple contact suffit à l’électriser. — Enchanté de faire enfin votre connaissance. Elle rougit légèrement. — Moi aussi, je suis ravie de vous rencontrer. — Vous êtes plus ravissante en vrai que sur les photos. — Je vous remercie, monsieur Russo. — Nicolas, affirma-t-il avec un immense sourire. — D'accord, Nicolas. Vous avez donc eu l’occasion de voir quelques-unes de mes photos ? — Absolument ! — Êtes-vous prêt pour une interview ? — Oui, mais pas pour le moment car j'ai des clients à contenter. Morgane fut confuse car elle n'avait jusque-là jamais eu de refus aussi direct, même si celui-ci restait poli. L'embarras de la jeune femme fit rire Nicolas, qui enchaîna : — Cependant je suis tout disposé à répondre à toutes vos questions autour d'un dîner, car je reste à Beaulac pour le week-end. Morgane reprit un peu de son assurance et lui lança : — Et pourquoi pas ce soir ? — Mais ce serait avec un immense plaisir, mademoiselle Charbonnier, glissa-t-il en lui faisant une courte révérence théâtrale de sa main. Morgane pouffa à son tour. Décidément, cet homme ne manquait pas d'humour. — Vous pouvez m'appeler Morgane, fit-elle avec un clin d’œil. Je reviendrai donc vous voir dans quelques heures. — Je vous dis à tout à l'heure ! La jeune femme s'en alla, troublée malgré elle. Elle jura entre ses dents car elle n'avait pas l'habitude de perdre le contrôle d'une situation et elle se sentait ridicule. Mais pour l'heure, il lui restait encore beaucoup de travail et elle partit rejoindre le comité qui était à l’origine de ce festival. Morgane eut le temps de passer à son appartement dans l’intention de se changer. Elle enfila un tailleur de couleur noir avec un chemisier rouge, assorti à la teinte de son rouge à lèvres. Elle mit de longues boucles d'oreilles en or et se maquilla légèrement. Elle ajouta une pincée de gingembre à son parfum et chaussa ses talons. Elle se regarda dans le miroir de l'entrée brièvement et repartit en direction de la Place Sainte-Anne, située à quelques rues de là. Lorsqu'elle arriva non loin du stand de Nicolas, le soir tombait et les gens rentraient chez eux. Ce dernier avait ses mains dans ses poches et la regardait venir dans sa direction, d’un air décontracté. — Vous êtes magnifique, Morgane ! jeta-t-il lorsqu'elle se présenta devant lui. — Merci, répondit-elle simplement. — C'est pour moi que vous vous êtes faite si belle ? Morgane n'avait jamais eu affaire à une personne au franc-parler, aussi éluda-t-elle la question en lui en posant une autre : — Vous êtes toujours aussi direct lorsque vous vous adressez à quelqu'un ? Son sourire s'agrandit jusqu'aux oreilles. — Je prendrais cette réponse pour un oui ! — Vous êtes incroyable ! — En réalité, je me sens plutôt idiot dans mon jean et ma chemise froissée à côté de vous. — Je vous certifie que votre assurance suffit à vous faire ouvrir toutes les portes, lui confirma-t-elle. — Et si on se tutoyait ? demanda-t-il en rangeant précautionneusement ses masques dans sa camionnette blanche. — C'est d'accord ! Tu veux un coup de main ? — Non, merci, j'ai presque fini. — Je n'ai même pas eu le temps d'admirer ton magnifique travail. — Ce n'est pas grave, tu reviendras demain. — Tu seras au même endroit ? — Oui, j'ai loué cet emplacement pour toute la durée du carnaval. — Et les affaires fonctionnent-elles bien ? Il ferma les portes arrière de sa fourgonnette et pivota dans sa direction : — Je commence à me faire un nom mais pour être honnête, je compte un peu sur ton article pour me faire connaître davantage. La jeune femme lui répliqua sur un ton affirmatif : — Oui, j’écrirai un texte très élogieux sur ton compte, à condition que tu daignes me raccompagner jusque devant chez moi après le dîner. En réalité, je crains de me balader seule dans les rues à la tombée de la nuit. Il lui jeta un coup d’œil furtif et lui tourna le dos pour dissimuler son sourire naissant. Cette jeune femme lui plaisait bien car elle avait l’esprit vif et du répondant. La soirée promettait d'être intéressante car ils étaient visiblement sur la même longueur d'onde.
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