3

1346 Mots
Un coup de vent plaça une mèche de ses cheveux devant ses yeux. Mika les écarta derrière son oreille. Avec un triste sourire, elle scruta l’immense et vieille grille de fer forgé qui trônait encore fièrement devant elle. Son regard se dirigea machinalement sur le blason des Longford qui trônait fièrement au-dessus d’elle. L’angoisse l’étreignait. Elle serra ses doigts sur la corde de l’étui de son violoncelle. Elle était à la bonne adresse enfin celle inscrite dans le dossier que lui avait gentiment remis et laissé Monika et dont lui avait gentiment renseigné les villageois. Elle poussa un soupir. Heureusement qu’elle avait trouvé une chambre dans le petit hôtel du charmant petit village proche d’ici cela lui a bien évité de trimbaler toutes ses affaires jusqu’ici mais elle n’avait pu se résoudre à y laisser son violoncelle. Elle l’emportait partout avec elle. À son avis, elle se ferait virer avant même d’avoir sonnée à la porte d’entrée. Au moins le lourd portail n’était pas fermé avec de lourdes chaines et un cadenas comme elle s’était imaginée mais avec l’écriteau « Propriété privé » nul chance que quelqu’un ne soit venu ici depuis des mois… depuis Monika. Allez du courage ! Se rassura-t-elle en poussant la grille qui grinça quelque peu. Si ça ce n’était pas une effraction de propriété§ Elle ne put s’empêcher de grimacer à l’idée que c’était la première fois qu’elle enfreignait la loi. Lorsqu’elle foula la route de gravier elle eut une étrange impression qui la fit frémir. S’arrêtant, elle ferma les yeux et se tança au calme. Pendant un moment, elle s’était souvenue de l’époque où elle avait quitté Londres du haut de ses vingt ans pour se rendre dans la capitale de la musique classique. Malgré les inquiétudes de ses parents, l’inconnu, les imprévus et la barrière de la langue elle avait embarqué pour Berlin. Et après presque deux ans, elle avait enfin atteint son but entré dans l’illustre orchestre philarmonique de Berlin.             Les rêves ne sont pas impossibles, se répétait-elle alors pourquoi pas maintenant. Simplement difficile à atteindre.             Lorsqu’elle rouvrit les yeux elle se sentit plus calme             Elle remonta la vieille route avec son allée d’arbres verdoyants et après une bonne dizaine de minute de marches elle aperçut enfin l’imposante demeure de pierres qui se dressait fièrement sous la lumière dorée du soleil. Pour peu on pourrait s’imaginer à voire apparaître des femmes dans des robes vaporeuses et des hommes en collants.             Pour la première fois de la journée, elle sourit mais cela ne fut que de courte durée. Lorsque soudain un nuage cacha le soleil elle eut l’impression d’avoir face à elle une maison hantée. Elle se rendit compte qu’il n’y avait pas de jardin et le parc avait connu des jours meilleurs. La demeure était entourée de hauts arbres. De quoi vraiment fait flipper. Et lorsqu’elle se retrouva devant l’imposante porte de la demeure, quelques instants plus tard, elle sentit son cœur s’emballer.             Alors qu’elle s’apprêtait à faire heurter le grand heurtoir sur le bois une voix l’arrêta nette dans son élan. − Que faites-vous là ?             Mika sursauta.             La voix qu’elle venait d’entendre était non seulement tonitruante mais imposante et quelque peu effrayante, en plus venait de derrière elle. Elle se retourna, un peu comme au ralenti, le cœur battant à la chamade et aperçut un homme arrêtée sous un arbre vêtu d’une sorte de cape noire avec à son côté un énorme chien noir tout droit sortir des enfers. De là où elle se tenait elle ne voyait pas le visage de l’homme tapis dans l’ombre.             Levant la tête, elle se rendit compte que le ciel s’était soudain assombrit. Il n’allait tout de même pas se mettre à pleuvoir ? − Désolée, je sais… − Vous n’avez rien à faire ici, la coupa-t-il sèchement. Veuillez vous en aller où je me trouverai dans l’obligation de lâcher mon chien.             Complètement ahurie, Mika se figea sur place. Le chien avança dans la lumière de quelque pas, l’air menaçant. Le chien n’était pas noir mais bleu, se rendit-elle compte. Alors l’inconnu sortit de la pénombre et elle put mieux l’apercevoir. L’homme ne payait pas de mine mais il était très grand, une poitrine très large, ses traits étaient durs mais à la fois raffinés. Il devait être un bel homme sans cette horrible barbe fournie qui lui couvrait la mâchoire et le visage. Il avait quelque chose vraiment de flippant mais aussi familier. Était-ce...             Mika n’avait qu’une seule envie prendre la poudre d’escampette sauf qu’elle devait trouver encore le fameux chef d’orchestre si elle ne voulait pas être virée. À moins que ce soit lui justement. Il fallait en être sûr. − Je cherche M. Longford… Sir Adam Longford.             Le regard qu’il lui lança lui glaça le sang. Il la scruta un long moment et elle eut l’impression d’être nue malgré sa tenue. − C’est une propriété privé et pas un hôtel et encore moins un endroit où on vous hébergerait.             L’avait-il entendue ou faisait-il comme si non ? C’est vrai qu’avec son allure elle ressemblait un peu à une voyageuse perdue. Esquissant une moue, elle s’apprêta à dire quelque chose mais n’eut le temps que de voir l’homme passer près d’elle et poussant la porte, lui lança : −  Il y a des hôtels au village et je suis sûr que vous trouverez une chambre à un prix qui conviendrait à votre bourse.             Sans autre mot, il entra dans la maison, en poussant l’imposante porte qui lui parut bien lourde, et referma dans un grand bruit la porte d’entrée.             Mika resta un moment paralysée puis se retournant vers la porte, la scruta un moment. Il ne lui avait même pas répondu. Quel sale type !             Que devait-elle faire maintenant ? Partir ou sonner et espérer que celui-ci réponde à ses questions ? Et puis ce temps qui venait de changer si soudainement.             Poussant un soupir, elle aperçut ce qui ressemblait à une sonnette. Elle espérait qu’elle marchait. Elle sonna, frappa et attendit. Attendit encore et encore mais personne ne vint. À croire qu’il n’y avait personne dans cette immense demeure et si elle n’avait pas vu l’homme à la barbe entré à l’intérieur elle l’aurait bien cru.             Des aboiements venant de derrière la porte lui rappelèrent les menaces de l’inconnu. Elle aurait dû lui dire ses quatre vérités mais elle était tellement effrayée que pas même un mot n’a pu lui échapper. Poussant un soupir, elle décida de s’en retourner en priant que la pluie ne tombe pas avant qu’elle puisse retourner au village qui était bien loin de la propriété.             Une fois rentrée, elle prendrait ses affaires et embarquerait dans le premier train pour Londres. Puisqu’elle se trouvait là, elle allait en profiter pour rendre visite à sa famille à Brighton quelques jours. La plage, la mer lui feront du bien et lui videront l’esprit.             Elle avait vraiment perdu son temps en venant ici.             Poussant un soupir, elle lâchait la lanière de la coque de son violoncelle qu’elle avait agrippé nerveusement tout ce temps puis rebroussa chemin.             Elle était à la moitié du chemin lorsque la pluie tomba soudain drue et en quelques minutes elle fut trempée. - Fait chier ! hurla-t-elle les yeux levés au ciel.             Elle resta ainsi un moment à contempler entre les clignements de paupières le ciel sombre. Le village était loin, très loin et elle mettra une bonne heure avant d’y arriver si elle n’était morte de froid avant. Même s’il n’y avait pas de vent, la pluie était un peu froide. Ou elle pouvait retourner au manoir demandé l’hospitalité. Mais au souvenir de l’homme barbu, elle baissa les yeux et scruta le reste de la route qui lui restait à faire. Elle préférait encore manquer une pneumonie que faire face à nouveau à cet homme.             Alors qu’elle reprenait la route, des pas venant de derrière elle transperçant le bruit de la pluie lui vit se retourner brusquement. Un vieil homme dans un épais manteau noir avançait vers elle un parapluie sur la tête et un autre fermé à la main.
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER