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            Figée, Mika l’observa avancer, plus curieuse qu’apeurée. Dès qu’il fut à son niveau, il ouvrit le second parapluie et le lui tendit. Elle le prit en le remerciant. Elle était peut-être déjà trempée mais elle n’allait pas refuser cela surtout que cet homme avait bravé ce temps pour le lui amener. - Bonsoir, cher demoiselle. Je suis Henry Hudson, le valet de Sir Longford et l’intendant de cette demeure et je vous ai vu tout à l’heure discuté avec mon maître. Je suppose qu’il s’est montré très peu courtois avec vous?             Et ce n’était peu de le dire. - J’ai remarqué que vous comptiez vous rendre au village mais avec cette pluie vous pouvez me croire se serait suicidaire, enchaîna-t-il sans lui laisser le temps de parler. Que diriez-vous de venir avec moi attendre la fin de la pluie dans le manoir ? Et aussi boire un thé chaud et pourquoi pas prendre un bain et changer de vêtements ?             Apercevoir un homme aussi gentil venir de nulle part avait vraiment quelque chose de louche surtout dans cette propriété digne des films noirs ou des plus grands thrillers. Mais la perceptive d’un thé et d’un bain chaud, de vêtements secs et surtout l’air joyeux et aimable du vieil homme lui fit oublier tout bonne retenue. Elle dit oui d’une petite voix. - Veuillez me suivre, mademoiselle. Voulez-vous que je porte votre étui ? - Je m’appelle Mika… Mika Atkins, enchantée. Et, non. Je peux le porter. - Comme le voudrez, Mlle Atkins.             Elle le suivit et ils marchèrent à nouveau sur cette route de gravier mais ils empruntèrent un autre chemin et finirent par contourner la maison. Plus ils avancèrent, plus la pluie redoublait d’intensité. Mika ne put s’empêcher de frémir, pas seulement à cause du vent froid qui se levait et du fait qu’elle soit trempée mais du fait de ce que ce temps qui empirait. Heureusement que le valet avait décidé de lui venir en aide et était venu lui apporter une aide si inopportune et appréciable.             Ils entraient par une petite porte et elle se retrouva dans une grande cuisine équipée d’équipements moderne. Jamais, elle ne serait imaginée l’intérieur si moderne.             Il rangea les parapluies dans un coin et ôta son manteau sous lequel il portait un élégant costume de majordome comme elle en avait déjà vu dans des films avec même des gants blancs puis l’invita à la suivre.             Elle le suivit dans un dédale de couloir et de pièces plongées dans une quasi-obscurité et qui sentait le renfermé. Ils montèrent ensuite un escalier menant à l’étage supérieur et ils entrèrent dans la première pièce qu’il alluma. - Nous y voilà, lança le valet en la laissant passer.             C’était une chambre et elle était grande et vraiment impressionnante. Cela devait faire un moment que personne ne devait y avoir mis les pieds. Toutefois, elle était impeccable et semblait être rigoureusement entretenue. La chambre ne sentait pas le renfermée comme elle l’aurait cru.             Le mur était recouvert d’un papier blanc avec des motifs noirs. Un énorme lit à baltringue trônait au milieu de la pièce sur lequel était dressé des draps noirs et blancs. De grands rideaux étaient tirés sur une grande fenêtre, Henry le tira et les attacha avec des cordelettes sur les côtés pour laisser entrer le peu de lumière extérieur offrant une vue sur les hauts arbres et sur le ciel gris et pluvieux. - La salle de bain est par là, dit-il en indiquant une porte entrouverte. Il y a des serviettes et tout le nécessaire de toilette. Vous n’avez qu’à laisser vos vêtements dans ce panier et le posé devant la porte. Et il y a la clé sur la serrure au cas où vous voudriez fermer.             Elle y avait pensé. À croire qu’il lisait dans ses pensées - Vous êtes très prévoyant M. Hudson mais je suppose que c’est dû à votre métier. - Je suppose, dit-il d'un ton impassible. Je vous laisse maintenant seule. - Merci encore pour tout M. Hudson. Vous m’avez non seulement épargné sans doute une pneumonie mais aussi vous me permettez de me reposer en attendant que la pluie cesse. - De rien Mlle Atkins, dit-elle avec un petit sourire. Cela me fait plaisir de m’occuper d’une autre personne que du maître. Vous êtes notre première visite depuis plus de trois mois.             Il tiqua presque à ses paroles et se redressant se dirigea vers la porte. - Je ne pense pas que votre maître soit très heureux de ma présence ici. Et, si ce n’avait été vous je crois que j’aurai aimé rentrer sous cette pluie. Mais, je promets qu’une fois la pluie cessée, je m’en irais bien vite.             Le valet eut un petit rire. - Je peux vous dire quelque chose, Mlle Atkins. - Bien sûr, M. Hudson. - Vous avez des yeux magnifiques. Je n’en avais jamais vu de pareils couleurs. - Merci ! dit-elle sentait le rouge lui monter aux joues, agréablement surpris par sa remarque.             Une fois seule, Mika alla fermer la porte à clé comme il lui avait si gentiment susurrée puis fixant le lit poussa un soupir. Il avait l’air très agréable et elle avait presqu’envie de s’y coucher mais elle devait tout d’abord prendre une douche bien chaude et changer ses vêtements mouillés. Sans plus attendre, elle se dirigea vers la salle de bain.             La salle de bain était là aussi très moderne. Il y avait comme il l’avait dit tout le nécessaire de toilette avec du shampoing au parfum chatoyant. Se déshabillant, elle se glissa dans la douche et prit un très long bain chaud puis drapée d’une éponge-peignoir. Elle rangea ses vêtements usagés ainsi que sa paire de tennis dans le panier mais avec un certain scrupule. Ce serait la première fois qu’une autre personne que sa mère et elle allait laver ses vêtements. Bien sûr elle n’y avait pas mis ses sous-vêtements, pas pudeur. Elle trouverait un coin pour les sécher dans la chambre ou la salle de bain.             Devant la porte, elle trouva un autre panier contenant des vêtements secs et des pantoufles. Avec un sourire de reconnaissance, elle prit le panier et en se redressant elle crut entendre comme un soupir mais lorsqu’elle scruta le couloir sombre, elle ne vit personne.             Elle avait dû rêver, pensa-t-elle en refermant la porte à clé.             Le panier contenait un énorme pull qui devait être celui d’un homme et un jean de femme qui était un peu grand mais elle ne comptait pas rechigner et une paire de chaussette. Elle s’habilla vite et fut heureuse d’avoir quelque chose de chaud et sec sur le dos.             Mika se dirigea ensuite vers la fenêtre et s’assit sur un petit sofa poser contre le mur sous la fenêtre. Elle resta un moment ainsi. Sa mère avait raison, il existait encore des gens bien. Cet homme lui avait sans doute sauvé la vie et après sa rencontre avec cet odieux barbu capé, elle ne pouvait qu’être heureuse.
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