- HUIT -

203 Mots
- HUIT -LE STADE est éteint à présent. La pelouse est grise dans le clair de lune. Une perle de sang se forme au bout de son doigt. Tout doucement. Elle observe la ligne rouge qui glisse lentement autour de sa main. Ses yeux s’agrandissent. Du fond de sa gorge surgit un ricanement aigre. La goutte de sang, quand elle atterrit sur le brin d’herbe, se décompose. Sur le petit paquet de poils noirs, elle devient presque gluante. La sorcière grimace. Ou bien sourit-elle ? Emile attend. La casquette un peu relevée sur le front, il guette. Ils n’ont jamais été pris en flagrant délit, mais cela arrivera. C’est inévitable. Marguerite ne veut toutefois pas entendre raison. Et lui, gentil toutou, finit toujours par faire exactement ce qu’elle désire pour que les crises ne prennent pas trop d’intensité. Un jour peut-être les médecins décideront-ils qu’elle n’est plus en état de vivre à la maison. Il pourra alors, en toute bonne conscience, la faire enfermer. Pour l’instant, il obéit à ses délires pour ne pas en devenir la victime. Même si dans le cas précis cela va trop loin. Les bâtons d’encens sont presque consumés. Le sang est bientôt sec sur les poils de l’animal. Avant que le jour ne pointe, il leur faut partir. Le sort en est jeté.
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