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1386 Words
- Océane, tu es là-dedans ? Entendit-elle l’appeler justement Victoria. Tu vas bien ? Océane sursauta en entendant la voix inquiète de son amie. Depuis combien de temps était-elle ici, plongée dans ses pensées ? Assez longtemps pour que son amie vienne s’enquérir de son état. - Oui…oui. Je sors, dit-elle en se relevant. - Ok, dit-elle sur un ton un peu sceptique. Fais-vite ! Ce soir, il y a un monde fou et on ne peut pas se passer de serveuse. C’est ce que m’a demandé Nathan de te dire. Océane eut un petit sourire en pensant à son patron et coordonnateur de la boîte de nuit. Il était de notoriété publique qu’il sortait avec Victoria même si celle-ci le démentait toujours et pourtant, elle avait vu les regards qu’ils s’échangeaient parfois. Comme, elle aurait aimé être à sa place et connaître un temps soit la passion. Parfois, elle en venait à se dire qu’elle n’était pas normale. À son âge, elle aurait déjà dû connaître le désir et la passion pour un homme, mais cela n’a jamais été, hélas, le cas. Aucun des baisers ou des caresses qu’un homme, aussi beau soit-il, lui ait donné n’avait éveillé aucune flamme en elle. Pas étonnant qu’on dise qu’elle avait de la glace qui coulait dans ses veines. Mais, en vérité personne n’avait su éveiller du désir en elle comme lui. Fermant les yeux, elle se souvint de ce regard de jade et ce sourire sardonique qui enflammait son jeune corps alors. Rien que d’un regard, d’une petite caresse, il faisait parcourir de doux frissons sur tout son corps. Secouant la tête, elle pesta contre ses pensées qui la ramenaient à un passé qu’elle voulait plus que tout oublier. Ses réactions à d’alors n’étaient pas réelles. Elle était si jeune et inexpérimentée à l’époque qu’un simple regard suffisait à l’émouvoir, mais ce n’était plus le cas aujourd’hui. Elle avait rencontré assez d’hommes dans sa vie pour comprendre qu’on en faisait vraiment d’un plat ses histoires de désirs et de passions. Oui, tout un plat. Ce genre truc n’existait que dans les films et les livres, bien sûr. Pas dans la vraie vie. Ou pour les autres. Inspirant et expirant plusieurs, redressa le menton, un sourire sur les lèvres, sortit de la pièce et regagna sa place dans la boite de nuit surchauffée en ce samedi soir. * * * Marcos détourna un instant les yeux des papiers épars sur la petite table basse près de son MacBook grandement ouvert et allumé, de son jet privé et maugréa. Impossible de ne pas penser à l’appel reçu la vieille alors qu’il rentrait à sa suite, après une longue réunion. Il avait été agacé tout d’abord de savoir qui l’appelait, se demandant comment elle avait réussi à obtenir son numéro de téléphone privé. Mais, en se rappelant la jeune mannequin, il se rendit bien compte qu’il n’y avait peu de chose que la jeune femme ne pouvait obtenir contre un déploiement de ses charmes, qui d’ailleurs ne l’ont jamais vraiment aussi bien attiré. Il avait été des plus agacés lorsqu’il s’était rendu compte qu’elle avait tenté de la joindre plusieurs fois au cours de la nuit. Liliane était connue pour être un oiseau de nuit et une véritable nymphomane. Elle avait tenté tant de fois de le mettre dans son lit sans réussite qu’elle commençait à l’agacer alors lorsqu’il l’avait eu au téléphone, il n’avait pas été des plus agréable avec elle. - Je n’ai pas de temps à perdre avec toi, lui avait-lancé prêt à raccrocher, à la minute où il avait reconnu sa voix. - Toujours aussi de mauvais poil, M. le Vicomte, dit-elle dans un rire. Ce serait dommage pour toi si tu raccrochais, car tu ne serais pas qui j’ai rencontré hier soir dans une boîte de nuit de Wellington. Je m’y trouve pour le tournage de la nouvelle campagne publicitaire… - Je me fiche de ce que tu fiches en Nouvelle-Zélande, Liliane, la coupa-t-il d'une voix cassante, en se dirigeant vers les vitres de sa suite qui donnait une vue incroyable sur la capitale nippone. Si c’est pour me raconter ta vie ou autre, je suis bien trop occupé. Elle eut un rire avant de lâcher sur un ton faussement doucereux : - J’ai croisé ton ex-fiancée… Marcos serra les poings malgré lui alors que lui revenait à nouveau sa conversation téléphonique avec Liliane Pichet. Il n’était pas stupide, Liliane avait un but très simple en le prévenant lui plutôt que les journalistes - en fait si ce n’était pas déjà fait. Elle espérait qu’il lui serrait redevable et c’était hélas bien le cas. Il grimaça en pensant à cela. Peu importe ce que cela sera, il allait tenter de lui rendre l’appareil, car elle avait réussi là où lui avait tant de fois échouer : retrouver son ex-fiancée disparue. C’était vraiment incroyable que Liliane ait croisé ainsi au hasard la jeune femme qu’il cherchait depuis des années. Depuis l’appel la veille de la jeune femme, il n’arrêtait pas de penser à elle : Océane Hochart. Il revoyait son sourire innocent, ses yeux d’un bleu rappelant la couleur du ciel et ses longs cheveux bruns. Mais, elle n’avait rien d’innocent, il ne devait pas oublier. Et, il n’avait rien oublié. C’est pour cela qu’il avait sauté dès la première heure dans son jet en partance pour Wellington. Heureusement que les tractations qu’il effectuait à Tokyo était terminée et qu’il avait remporté un fructifiant contrat. Une chance encore qu’il se retrouve dans cette partie du monde lorsque la jeune femme l’avait appelé. Il aurait mis plus de temps s’il s’était retrouvé à Barcelone ou à Londres. Et, le temps, il en avait que trop perdu à propos de la jeune française. Cela faisait plus de quatre ans que personne n’avait eu de nouvelle ni entendu parler d’Océane Hochart depuis qu’elle s’était enfuie de chez elle avec une forte somme, des bijoux en laissant une lettre stipulant qu’elle allait rejoindre l’homme qu’elle aimait et du coup refusait de l’épouser, annulant leur mariage. Quand il pensait qu’elle n’avait pas eu le courage de le lui dire en face ? Peu importe qu’elle fût jeune, cela n’excusait en rien son acte de tromperie et d’humiliation. Ce mariage. Leur mariage avait été arrangé des mois avant sa fuite sous leur consentement mutuel. Même si ce n’était qu’un mariage de convenance et le vœu cher de son défunt père ami et de celui d’Océane, il avait obtempéré. Même si épousé une charmante héritière, frivole et si jeune ne lui avait pas plu, il avait accepté et elle aussi. En fait, ils l’avaient tous cru. Mais, le jour du mariage, il avait attendu comme un imbécile dans une église bondée de toutes les personnes les plus en vue de Paris et d’Europe. Décidément, il aurait dû refuser que le mariage ait lieu en France et plutôt chez lui, à Valence, en Espagne. Il ne serait pas fait si puérilement humilié. Il se souvenait encore de la colère qui l’avait étreinte lorsqu’Anne, la sœur aînée d’Océane, lui avait remis la lettre qu’elle lui avait demandée de lui remettre au pied de l’autel. Il avait eu envie de l’étrangler. Non, il en avait toujours l’envie, mais ne le ferait pas. Il avait plutôt dans l’idée de se venger de cette petite diablesse comme il avait passé ses dernières années à le faire avec la société cosmétique Hochart. Il ne put s’empêcher de jeter un regard au journal qui était presque camouflé sous ses documents et où en gros titre s’étalait la crise cardiaque de Lucien Hochart qu’on lui octroyait d’ailleurs parce qu’il était en passe de faire fait faillite à celui-ci et de lui racheter ses entreprises. Le destin était de son côté semble-t-il. Ne disait-on pas que la vengeance était un plat qui se mangeait froid ? Eh bien il allait déguster la sienne avec plaisir ! Il espérait que dès son arrivée, il obtiendrait toutes les informations la concernant qu’il avait fait demander par ses hommes. Elle s’était en effet si bien effectuée à disparaître que personne n’aurait pu imaginer la trouver à l’autre bout du monde. Mais, maintenant, il l’avait retrouvé et elle allait se rendre compte qu’on ne se payait pas impunément la tête du Vicomte Marcos de Lucas.
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