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1741 Words
Océane passa les portes de la bibliothèque nationale avec un pincement au cœur, mais aussi avec un peu de joie. Elle avait encore du mal à croire qu’elle ait obtenu son diplôme, certes dans un pays étranger, mais elle avait obtenu. Entre l’équivalence et l’adaptation au système éducative, elle avait cru devenir folle, mais elle avait réussi. Son directeur de thèse était très content d’elle et elle encore plus. Elle qui était venue ici sans rien, elle se rendait compte du trajet parcourut. Elle avait réussi à faire sa vie. Mais son ancienne vie et sa famille lui manquait toujours. Depuis sa rencontre la vieille avec Liliane, elle pensait de plus en plus à sa famille. Maintenant qu’elle avait retrouvé une certaine stabilité, elle pouvait tenter de reprendre contact, mais elle avait peur. Et honte. Elle n’aurait pas dû s’enfuir ainsi, mais elle ne pensait alors ne pas avoir d’autre choix. Son père n’aurait pas accepté qu’elle veuille mettre un terme aux fiançailles et encore moins sa mère. Et, elle, elle en aurait été incapable s’ils avaient refusé. Pas seulement pour leur faire plaisir, mais parce que naïvement elle aurait pensé un jour qu’il l’aimerait comme elle l’aimait alors. Avant de s’enfuir, elle y avait pensé, elle se souvenait. Elle avait dû se forcer à se rappeler les raisons qui la poussaient à vouloir partir, annuler son mariage, trahir sa famille et son fiancé. Cela a été la décision la plus difficile et la plus impulsive de sa vie. Poussant un soupir, elle leva la tête vers le ciel légèrement recouvert. Elle espérait juste que Liliane se tairait, mais elle avait la sensation que cela ne serait pas le cas alors elle n’avait de choix. Poussant un autre soupir au moment même où son téléphone sonna, elle le sortit de son petit sac à dos. Victoria l’informait elle et sa jeune sœur se trouvait au café où elles s’étaient convenues de se trouver. La jeune sœur de sa colocataire, qui vivait à Nelson avec leurs parents, venait d’être admise au Te Whaea, l’école de danse et d’arts dramatique de Nouvelle-Zélande, à la joie de tous. Connaissant son amie, elle avait prévu une de ses sorties. Elle se rappelait comment elle l’avait entraîné malgré elle, et peu après son emménagement, à aller visiter Le village de Hobbiton et leurs fameuses et célèbres maisons de Hobbites qui avait servi pour les films à grand succès du Seigneur des anneaux. Mais, par la suite, à lui a été reconnaissante de lui avoir fait découvrir cet endroit atypique. Océane sourit et lui répondit qu’elle était en route. Le café n’était pas loin d’ici, elle n’aurait pas besoin de prendre un taxi, juste de marcher. Elle se mit donc en route. Avec les années, elle s’était rendu compte que ce n’était pas exagéré cette histoire de culture des cafés dans cette ville. Elle aimait vivre dans cette ville. C’était si différent de Paris et très peu peuplé. Plus d’air pur également. Et si loin de chez elle et inconnu de son ancien cercle que personne ne penserait à venir l’y chercher. Enfin, jusqu’à ce que le hasard la mette sur le chemin de Lilian pichet. Elle savait qui elle était et ce dont elle était capable, juste pour son plaisir sadique. Pleines de ses anciennes collègues doivent encore se le rappeler. À l’époque, Liliane n’avait jamais tenté de l’embêter parce qu’elle avait plus d’influence qu’elle n’en aurait jamais eu, mais aujourd’hui c’était différent. Elle était plus que jamais célèbre et connaissait assez de journalistes à qui raconter leur rencontre et c’est ce qui l’effrayait le plus. Elle ne voulait plus se retrouver avec la pression d’être constamment observé qu’elle avait dans son ancienne vie juste parce qu’elle était riche et venait d’une vieille famille noble. Serrant la lanière de son sac à dos, elle pressa le pas. En quelques minutes, elle arriva en vue du café et aperçut son amie avec sa peau brune et ses longs cheveux noirs et une jeune femme lui ressemblant énormément assise à côté d’elle. Dès qu’elle l’aperçut, Victoria lui fit un signe de la main. À son tour, elle leva la main, mais au lieu de s’avancer vers elles, elle se figea avec l’étrange impression qu’elle était observée. Elle connaissait cette sensation presqu’oubliée. Les poils de sa nuque se hérissaient. Instinctivement, elle jeta un regard autour d’elle à la recherche d’un soupçon de personne bizarre, la tête d’un objectif ou quelqu’un lui faisant penser à un paparazzi, mais elle ne vit rien. Et pourtant, la sensation lui nouant l’estomac était toujours là. Elle eut envie de rebrousser chemin. Il fallait qu’elle s’éloigne d’ici. - Hey Océane ! L’interpella Victoria en se levant. Inspirant et expirant plusieurs fois, elle jeta un dernier regard autour d’elle puis se lança dans la rue rejoindre sa coloc et sa sœur. C’était peut-être imprudent. Elle avait l’intuition qu’elle avait découverte. Elle savait qu’elle devait penser à ce qu’elle allait faire maintenant, mais n’avait pas vraiment envie. La seule chose qu’elle voulait était de profiter de cette magnifique, dans cette charmante ville, avec ses amies. Avant que sa nouvelle soit chamboulée, soit par elle, soit par des personnes extérieures. *** - Voici les informations que vous avez demandées, M. De Lucas. D’un mouvement de tête, Marcos fit signe à son chef de sécurité de poser le dossier qu’il tenait dans la main sur la table devant lui. Gael posa la chemise bleue devant lui, près d’une tasse de café vide que vint prendre une hôtesse au moment même, en lui souriant, mais c’est à peine s’il fit autant attention à elle qu’à son garde du corps. Il était toujours à bord de son jet posé sur le tarmac du sol de Wellington où ils avaient atterri une heure plus tôt. Sans cesser sa conversation téléphonique, en espagnole, Marcos ouvrit le document. Le détective qu’il avait contacté avait fait du bon travail en seulement une journée. Le pouvoir de l’argent et de l’influence, pensa-t-il un sourire sardonique en coin. Il avait là son adresse et le lieu où elle travaillait. Tient, le nom du propriétaire de son lieu de son travail nocturne ne lui était pas si inconnu que cela, lui qui pensait ne rien avoir avec cette petite capitale. Le détective n’avait pas eu le temps de vérifier plus en avant sa vie privée, cela aurait pris du temps. Et, il préférait agir maintenant. Si Océane avait reconnu Liliane comme elle l’avait fait, elle pourrait décider à nouveau de disparaître et c’était une chose qu’il ne voulait pas laisser se produire. - Tu as lu le contrat, il te convient ? entendit-il lui dire son avocat à l’oreille. Marcos jeta un coup d’œil la chemise noire quo contenaient les papiers qu’il avait reçus par fax il y a une dizaine de minutes et qu’il avait demandé à son avocat à Valence de faire établir au plus vite. Et, il avait été comme toujours parfaitement et convenablement servir. Il savait qu’il avait peut-être un peu péché par orgueil en faisant établir ce document, mais il était toujours du genre à être toujours prêt à toute éventualité. - Parfaitement ! Répondit-il d’un ton laconique. De ton côté, tu t’es bien assuré de la légalité et la validité du contrat ? - Sinon je ne te l’aurais pas envoyé. L’avocat poussa un soupir. - J’espère que plus jamais tu ne me demanderas d’établir un tel contrat. C’est diabolique ce que tu fais. - J’ai fait des choses bien pires que cela Guillermo, mais merci de ta promptitude. - C’est rare de recevoir des remerciements de ta part, ce qui est encore plus inquiétant de ce que tu comptes faire de ce contrat. Marcos eut un ricanement. Il souleva une photo prise devant un vieil immeuble banal et décrépit d'un quartier populaire d’où elle sortait. Il grimaça. La photo était un peu floue. Il n’était pas sûr que ce soit même les traits paraissaient identiques à ses souvenirs. Eh bien ce soir, il aurait confirmation que c’était bien sa belle française, car ce soir, ils se reverraient après plus de quatre ans. - Dis à Gustavo de se tenir prêt à recevoir à tout moment des indications pour le dossier des Cosmétiques Hochart et qu’il collabore avec toi. - Tu comptes continua ta petite vendetta contre eux, alors ? - Je veux aussi que tu m’envoies ce soir les copies du contrat Éberhard, je désire y jeter un coup d’œil. - Oui, patron. - Parfait ! Sur ses mots, il raccrocha, mais continua-t-elle à scruter la photographie, parcourut d’un étrange frisson. - Dois-je réserver une suite dans un hôtel pour ce soir, señor ? Demanda le garde du corps. - Nous n’en aurons pas besoin, nous ne faisons qu’escale ici, Gael, dit-il sans lever les yeux de la photo. Dites au pilote de se tenir prêt à décoller dès ce soir à n’importe quel moment. À quelle heure as-tu réservée la voiture qui doit venir me chercher ? Demanda-t-il en levant enfin la tête. - À dix heures ce soir. - Parfait ! Dit-il en se levant et récupérant le porte-document noir. Je vais me reposer un moment en attendant, fais-en de même. J’aurai besoin de toi, ce soir ainsi que de deux autres de tes hommes. Marcos vit son garde du corps froncé les sourcils avant de hocher la tête, montrant son consentement. Ce geste ne dura qu’un instant mais il le vit. Il savait qu’il devait être surpris par sa demande. Il s’entourait rarement de ses gardes du corps lorsqu’il allait vadrouiller les soirs, mais ce soir, c'était différent, car il n’allait pas à la conquête de coup d’un soir. En fait, il n’avait pas vraiment besoin d’eux, mais leur présence aurait de quoi intimidée la jeune femme. Et vu qu’il ne connaissait pas bien la ville, ce serait aussi bien d’avoir des gens avec lui au cas où elle tenterait de s’enfuir. Il ne comptait ne lui laisser aucune chance de tenter quoi que ce soit. Il sourit en se dirigeant vers sa chambre au fond de l’appareil. La pièce était assez grande et décorée avec tout ce qu’il fallait, dans un luxe qui ferait oublier qu’on se trouvait à bord d’un avion et pas dans un hôtel. Son sourire s’élargir alors qu’il ôtait les boutons de sa chemise dont il se débarrassa en le jetant sur le lit. Se venger n’avait jamais été aussi délicieux.
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