4

1743 Words
C’était bien elle ! Debout devant la grande baie vitrée du salon privé insonorisé, installé au-dessus de la piste de danse du High Five, Marcos observait depuis presqu’une demi-heure Océane se mouvoir dans le club dans une robe noire à fines bretelles, très courte, dévoilant ses longues jambes galbées, haussées sur des talons vertigineux. De ce qu’il avait pu observer, elle n’avait pas tellement changé. Ou plutôt si. Ses formes s’étaient beaucoup plus épanouies. Adieu la jeune fille sortant de l’adolescence et place à la femme sexy qu’il avait devant lui. La femme la plus sexy sur qui il avait eu à poser les yeux. Il la scruta sourire à un des clients qui lorgnait sans vergogne son décolleté offert à sa vue. Il ferait certainement pareil s’il se trouvait à sa place. Même de là où il se trouvait, il ne pouvait que s’extasier de leur rondeur enveloppée dans la robe. La flèche du désir qui le saisit si vivement l’énerva. Mais, qui pouvait-il après tout ? Il était un homme, après tout. Elle s’apprêtait à quitter le carré V.I.P lorsqu’un autre type l’apostropha, lui saisissant le poignet avec un sourire. Marcos sentit une rage le saisir de voir cet importun touché sa peau. Il était temps de faire appel au superviseur. Comment s’appelait-il déjà ? Nathan Walker. Marcos avait attendu une journée entière après avoir atterri à l’aéroport de Wellington avant de procéder à cette confrontation. Il n’était pas du genre patient et encore moins en ce qui concerne régler ses affaires et celui qui le lie à la jeune française n’avait été que trop remise à plus tard. L’attente avait été pénible, mais le simple fait de s’imaginer son expression lorsqu’elle le reverra, cela l’avait plus qu’aidé à patienter. Ainsi que penser à toutes les informations obtenues par le détective. En fait, il n’avait presque rien obtenu des recherches sur elle. Elle était très discrète, vivait dans un petit quartier, dans un petit appartement avec deux autres personnes. Pas de trace du type pour lequel elle l’avait quitté devant l’autel. L’aurait-elle à son tour largué ? Ou bien fut-ce lui ? Qui sait ? Toutefois, il avait réussi à glaner quelques belles informations concernant sa vie comme employée au High Five. Le propriétaire, qui se trouvait être − bien étrange ou parfaite coïncidence − une de ses connaissances d’affaires, avait été peu enclin à lui parler de la jeune femme, mais il avait réussi à le convaincre avec un partenariat. Comme toujours l’argent lui avait délié très vite la langue. Ainsi, apprit-il, elle y travaillait depuis deux ans, n’avait jamais eu de problème avec ses employeurs ou les employés, était respectueuse avec les clients et n’aurait jamais eu de liaison avec ceux-ci. En fait, c’était une des règles de l’établissement, mais comme stipulait le propriétaire qui savait ce qui se passait une fois qu’elle avait terminée son service. Une femme comme elle, habituée à un certain style de vie n’avait qu’à claquer des doigts pour obtenir ce qu’elle voulait. Jouée les pauvres serveuses devait être aisée pour cet ex-mannequin. Combien de pauvre nigaud avait-elle déjà dû prendre dans son filet ? Justement, il voyait l’homme glisser discrètement dans la main dans la jeune femme une petite carte blanche. Ses contacts sans doute. Le sourire qu’elle lui lança en se redressant le fit grincer des dents. Serrant ses doigts autours de son verre de whisky, il se retourna en entendant quelqu’un frapper. Presqu’aussitôt, entrait sous son invitation un grand gaillard à la peau sombre vêtu d’un costume bleu. Il le toisait d’un air pas content. Il ne devait être enchanté par les recommandations qu’il avait exigées, mais il n’était pas un client comme les autres. Il était devenu le nouveau partenaire de son patron. - Avez-vous fait ce que j’ai ordonné, M. Walker ? Dit-il en suivant du regard la jeune femme qui se dirigeait vers le bar, récupérée sans doute d’autre commande. - Oui, M. De Lucas. Mlle Wagner sera affiliée à votre service toute la soirée. Wagner. Oui, c’était ainsi qu’elle se faisait appeler ici, maintenant. - Parfait ! Dit-il toujours sans se retourner. Vous pouvez vous retirer. Nathan ne quitta pas tout de suite la tête, mais il entendit enfin la porte se refermée derrière lui. Se tournant jeta un coup d’œil à la pièce décoré dans un ton noir et doré avec deux grands canapés bruns sombres, un fauteuil et une table basse en verre. Deux tableaux représentant l’océan - ironique comme situation- trônait sur les murs se faisant face. Face à l’un deux, un minibar très bien garni avec deux tabourets devant. C’était un bel endroit, élégant et coquet. Prenant la télécommande restée sur un coin de la table basse, il déclencha la musique qui sortit d’enceintes invisibles. Un langoureux slow. Revenant face à la baie vitrée, il chercha du regard Océane et l’aperçut en train de discuter avec une autre serveuse près du bar. Elle paraissait embarrasser et leva les yeux vers lui, mais de là où elle se trouvait elle ne pouvait rien voir qu’à la vitre était tentée et réfléchissait l’extérieur. Dans quelques instants, il allait enfin la confronter. Il eut un sourire diabolique. À son service. Mais pas seulement ce soir. Océane était loin de se douter qu’à partir de ce soir non seulement elle ne travaillerait plus ici, mais qu’il avait pour elle des plans des plus délicieux. * * * Océane poussa un soupir et se dirigea vers Nathan qui se trouvait devant le cordon noir menant au salon privé V.I.P. Elle adressa un sourire au grand type qui gardait et interdisait l’accès à la zone. - Qu’est-ce que c'est que cette histoire Nathan ? Depuis quand les gens du salon privé ont besoin d’être servi toute la nuit ? Tout le monde savait bien que lorsque quelqu’un réservait le salon ici, c’était pour profiter du lieu sans présence d’une serveuse. À part leur apporter leurs boissons, personne n’y montait jusqu’à ce que les clients aient quittés les lieux. Et puis, si ceux-ci avaient d’évidence besoin de quelque chose, il n’avait qu’à appeler à l’accueil et on leur montait leur commande. C’était comme ça que ça marchait ici, alors elle n’y comprenait rien. - Je suis désolé, Océane. Je sais que ce n’est pas coutume, mais c’est un grand ponte. En plus, c’est l’ami du patron et le nouveau copropriétaire de la boite, semble-t-il. - Je ne savais pas que le boss avait un associé ? - Moi non plus. Je l’ai appris il y a une heure seulement. - Mais, pourquoi moi ? - Parce qu’il parle français et comme on sait tous ici que… - Oui, je sais, dit-elle en poussant un soupir excédé. Manquait plus que cela. La poisse de parler sa langue natale. - Tu auras un grand pourboire ce qui serait bien vu que d’après Victoria, tu comptes quitter le club. Hélas, elle n’avait pas le choix. Elle aurait dû même quitter le night-club depuis la vieille, mais Victoria avait réussi à la convaincre de rester une nuit de plus. Et, même si Liliane avait parlé avec Marcos qu’il quitte l’Espagne pour venir en Nouvelle-Zélande, cela demandait du temps. Il y avait des chances que Liliane n’ait également rien dit à Marcos, mais elle ne voulait pas prendre de risque. Si elle pouvait quitter la ville, elle l’aurait fait, mais elle devait rendre sa thèse corrigée et aidée à l’emménagement de Mariana, la sœur de Victoria, avec elles dans leur appartement. Victoria qui avait été si gentille avec elle trois ans plus tôt lorsqu’elle avait quitté ses amis européens. Pour toutes ses raisons, elle était encore ici. Et, puis, elle aurait bien besoin de cet argent. Elle aurait du mal à trouver un boulot aussi bien payé et son autre travail d’aide en cuisine dans ce petit restaurant l’aidait à peine à payer la nourriture. Elle réussissait généralement à se faire pardonner en cuisinant. Un don qu’elle s’est trouvé avoir hérité de sa grand-mère et découvert ici. Oui, elle avait besoin de cette somme pour tenir jusqu’à trouver un autre boulot. - Pas le choix, c’est ça ? Est-il seul ? Demanda-t-elle avec une certaine crainte. Se retrouver seule, dans une pièce exiguë avec un homme, n’était pas pour lui plaire, même si elle savait ne rien avoir à craindre. Elle n’aurait qu’à crier et Steve le grand bodybuilder et garde arriverait en un rien de temps. - Oui, mais je ne pense pas pour longtemps. Désolé encore, Océane. Monte avec sa bouteille de Chardonnay. Elle hocha la tête avant de retourner au bar. Cinq minutes plus tard, elle se trouvait devant la porte du salon privé, un plateau contenant un seau à champagne et deux flûtes de champagne. En plus, le bougre était accompagné. Elle n’avait aucune envie de tenir la chandelle. Elle n'avait que trop assisté à des scènes où des clients s’embrassait sans vergogne, oublieux de ce qui les entourait. À vrai dire, parfois, elle les enviait presque. Secouant la tête, elle frappa à la porte et attendit. Une voix étouffée lui dit d’entrer. Après une grande inspiration, elle poussa la porte et entra dans la pièce. La musique extérieure assourdissante disparut presque immédiatement, remplacée par une musique plus douce, quelque peu langoureuse. La pièce était plongée dans une certaine obscurité, mais Océane n’avait pas besoin de lumière pour se mouvoir. Elle connaissait assez bien cette pièce aux meubles élégants pour y avoir aidé plus d’une fois la femme de ménage. Elle jeta un regard dans la pièce et aperçut une forme de dos face à la baie vitrée, près du minibar. Océane eut un étrange frisson et une impression de déjà vu face au dos et aux larges épaules de cet homme élégamment vêtu d’un costume sombre, semble-t-il. Il émanait de lui quelque chose de puissant, de magnétique. Déglutissant, elle avança dans la pièce et déposa sa charge sur la table basse et un moment son regard fut attiré par la scène en contrebas. On apercevait parfaitement la piste de danse, la foule qui s’y défoulait, une partie du carré V.I.P et le bar. - Voici votre commande, monsieur ! Dit-elle en se redressant. Si vous avez besoin d’autre chose, vous n’avez qu’à me demander. Elle crut l’entendre rire et étrangement ce rire lui donna un frisson. Difficile de dire si c’était de peur ou d’autre chose. - J’ai tout ce que je veux dans cette pièce, querida.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD