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1073 Words
Avec un hoquet de surprise, Océane se figea en reconnaissant cette voix à l’intonation espagnole tellement douce et sexy qu’elle en frissonna. Elle la reconnaîtrait entre mille car elle l’avait entendu tellement de fois lui parler de sa ville, de sa vie et du fait qu’il la trouvait belle qu’elle ne pouvait l’oublier. Non, c’était impossible ! Les jambes aussi lourdes que de la pierre, elle regardait l’homme se retourner et aussi soudainement avec un effet très théâtral la pièce se trouva plus éclairé et elle revit le visage impossible à oublier. Ses pommettes hautes, ce nez aquilin, ses cheveux de jais, ses yeux d’un vert sombre étincelant de colère et qui la scrutèrent avec férocité, cette mâchoire volontaire et cette bouche mince et charnure qui esquissait un sourire diabolique. C’était bien lui ! Elle ne rêvait pas. Elle avait face à elle, le Vicomte Marcos de Lucas, son ex-fiancé. L’homme qu’elle avait fui et refusé d’épouser, l’abandonnant à deux jours du mariage, pratiquement devant l’hôtel. L’homme à cause de qui elle avait tout quitté pour fuir le plus loin possible. Mais, aussi l’homme le plus beau de la terre, l’homme qu’elle avait aimé et cru stupidement qu’il ressentait les mêmes sentiments avant de comprendre que tout ce qui l’intéressait était ce qu’il gagnait à leur union. Il l’avait séduite et pauvre ingénue qu’elle était, elle avait bu toutes ses paroles. Un peu plus de quatre ans plus tôt, son père avait voulu tenir une promesse faite à son plus vieil et meilleur ami d’enfance qui hélas était mort, le défunt Vicomte Vicente de Luca. Ceux-ci avaient prévu de marier lui son fils à une des filles de son père. Son père l’avait alors choisi elle pour honorer cette promesse. Elle devait ainsi épouser le fils unique de son défunt meilleur ami : Marcos De Lucas. Marcos De Lucas n’était pas non plus n’importe qui. C’était un riche, puissant et brillant homme d’affaire qui dirigeait une chaîne d’hôtellerie et de restaurants haute gamme dans toute l’Europe et dans plusieurs autres pays à travers le monde. À l’époque, elle travaillait comme mannequin free-lance. Elle n’avait jamais vraiment pris ce métier au sérieux même si cela l’avait rendu assez célèbre. C’était pour elle surtout le moyen de se libérer un peu du joug de son père et avoir un peu d’argent à elle. Comme dans un rêve, les souvenirs de leur première rencontre lui revinrent. Ce fût au cours de la fête du cinquante-troisième anniversaire de son père. Lorsqu’elle avait vu cet homme entré dans le vaste salon où se tenait la soirée, elle eut le souffle coupé, ainsi que la plupart des femmes de la soirée. Jamais, elle n’avait vu un aussi bel homme. Mince, grand, il devait faire plus d’un mètre quatre-vingt, le visage parfait, une bouche mince et dur. Il portait ce soir-là un smoking noir qui moulait parfaitement son corps athlétique et arborait un sourire ravageur sur ces délicieuses lèvres. C’était un homme trop beau pour être vrai. Océane était restée suspendue à ses lèvres toute la soirée. Elle était tellement sous le charme ravageur de cet homme qu’à aucun moment elle n’avait songé refuser le mariage arrangé par son père. En un rien de temps, ils furent fiancés. Elle voulait plus que tout appartenir à cet homme. Mais son rêve se brisa le jour où elle s’aperçut que cet homme ne ressentait rien pour elle et elle le découvrit d’une terrible façon en le surprenant qui embrassait sa sœur aînée Anne. C’était deux jours avant le mariage. Cet après-midi, elle était revenue de l’essayage de sa robe de mariée toute heureuse à la maison. Lorsqu’elle était entrée dans le salon, elle les vit sur le canapé, enlacés échangeant un langoureux b****r. Heureusement ceux-ci ne la virent pas. Elle s’était cachée et avait écouté leur discussion qui avait suivi. - Comment pourrais-tu préférer le b****r de cette gamine au mien, Marcos ? Avait-elle roucoulé d’une voix suave. - Je n’ai jamais vraiment embrassé ta sœur, Anne. On ne s’est rencontré qu’une demi-dizaine de fois. - Et, tu comptes l’épouser malgré tout. Pour faire plaisir à la mémoire de ton défunt père ? - S’il le faut, dit-il en se détachant d’elle. Ta sœur n’est encore qu’une gamine. Elle ne sait pas ce que ce mariage représente pour moi. - Je vois, tu comptes te servir d’elle. - C’est toi qui le dis Anne, pas moi. - Eh, bien si ma très chère petite sœur ne peut pas te satisfaire, car j’en suis sûre elle ne saura pas le faire, fais-moi signe. Tu sais où je vis. Anne avait quitté le salon sous ses mots et une minute plus tard Marcos avait quitté également le salon et la maison. Le choc fut-elle qu’Océane ne put se rendre au défilé ce soir-là. Jamais, elle n’avait été aussi attristée de sa vie. Elle avait l’impression que son cœur avait été brisé à jamais. Elle qui comme une idiote était tombée amoureuse de Marcos de Luca venait de découvrir la triste et cruelle vérité. Il ne la considérait que comme une gamine et se servait d’elle, elle ne savait même pas pourquoi. Il avait accepté leur mariage juste pour respecter la parole de son père et non pas comme elle qui était tombée amoureuse de lui. Comment avait-elle pu être si aveugle ? Emportée dans sa joie, elle ne s’était pas rendu compte que cet homme ne ressente pas les mêmes sentiments qu’elle. Certes, elle n’avait que dix-neuf ans alors, mais elle avait quelque peu d’expérience et pouvait être plus adulte que ce qu’il pouvait le penser. C’est ainsi que le soir même du mariage, elle s’était enfuie. Cette décision l’avait fait cruellement souffrir, mais elle connaissait bien trop son père, jamais il n’aurait accepté qu’elle veuille faire annuler le mariage et elle ne voulait pas être l’objet d’un homme. Elle avait trop de fierté pour avoir à supporter cela. Oui, elle était partie comme une voleuse. Et, maintenant ce soir, il était là, face à lui. Toujours aussi figée qu’une statue, elle le vit refermer la porte sur eux, sa seule chance de s’échapper d’ici venait de s’envoler. Même si, elle n’était toujours pas capable de bouger. Elle tremblait et elle vacilla un instant et s’agrippa au fauteuil près d’elle. Non, elle devait rêver ? C’était impossible. - Bonsoir, Océane ! Dit Marcos d’une voix de velours en avalant une gorgée de son verre.
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