Pas pour nous

Chapitre 4

À peine avait-il fait quelques pas qu'il sentit les regards se tourner vers lui.

— Hum, très beau ce soir, Hadrian... lança une fille près du canapé, un sourire aguicheur sur les lèvres.

— Oh Hadrian, on fait une photo ? s'exclama une autre en agitant son téléphone.

Il leur adressa un sourire en coin sans répondre, habitué à ce genre d'attention. Il n'avait même pas encore repéré Cassidy que déjà, plusieurs filles lui lançaient des œillades appuyées.

Mais avant qu'il ne puisse réagir, une voix furieuse fusa à travers la pièce.

— Dégage de chez moi !

Le silence s'abattit brutalement autour de lui. Hadrian tourna la tête et aperçut Cassidy, postée sur le seuil du salon, les bras croisés, un regard noir fixé sur la fille qui venait de commenter son arrivée.

La tension était palpable.

— Cassidy, ça va, calme-toi... tenta la fille, visiblement mal à l'aise.

— Non, ça ne va pas ! Tu veux baver sur mon copain, fais-le ailleurs.

Un murmure parcourut la pièce, certains amusés, d'autres gênés. La fille, vexée et piquée au vif, leva les mains en signe de reddition avant de tourner les talons et de quitter la maison.

Hadrian poussa un soupir en voyant Cassidy trembler légèrement, la mâchoire crispée sous l'effet de la colère. Il s'approcha d'elle et passa un bras autour de sa taille, la tirant contre lui.

— Hey, c'est bon... murmura-t-il près de son oreille.

Cassidy inspira profondément, mais son corps restait tendu.

— J'en ai marre qu'on me prenne pour une conne, souffla-t-elle.

Hadrian glissa une main sur sa nuque et déposa un b****r sur son front, geste machinal qu'il faisait souvent avec elle quand elle s'énervait.

— C'est toi et moi, pas elles, lui rappela-t-il d'un ton posé.

Elle le regarda un instant, comme pour vérifier s'il disait ça juste pour la calmer ou s'il le pensait vraiment. Puis, lentement, son expression s'adoucit et elle se blottit contre lui, ses bras enroulés autour de son torse.

— T'as intérêt à être à moi ce soir, murmura-t-elle contre sa chemise.

Hadrian esquissa un sourire.

— Toujours.

Et comme si cette scène n'avait jamais existé, la soirée reprit son cours, la musique explosant à nouveau dans les enceintes, les discussions s'animent, et Hadrian, fidèle à lui-même, s'abandonna au moment, cherchant une fois de plus à oublier tout ce qui l'attendait en dehors de ces murs.

....

Juliana entra dans la maison en appelant Alicia, mais aucune réponse. Fronçant les sourcils, elle posa son sac et parcourut le salon du regard. Personne.

Elle se dirigea vers la cuisine, vérifia rapidement, puis monta à l'étage. Devant la porte de la chambre d'Alicia, elle poussa doucement la porte de la chambre et aperçut Alicia allongée sur son lit, profondément endormie.

Un soupir agacé lui échappa.

— Évidemment... murmura-t-elle, exaspérée.

Juliana s'approcha du lit et secoua doucement l'épaule d'Alicia.

— Ali, réveille-toi !

Une voix sèche, un ton agacé. Alicia ouvrit les yeux en sursaut et cligna plusieurs fois, désorientée. La lumière de sa chambre était allumée et, devant elle, sa mère se tenait les bras croisés.

— Je pensais que lorsque je rentrerais, tu serais déjà prête ! s'exclama Juliana.

Alicia passa une main sur son visage, encore ensommeillée. Elle jeta un regard à l'heure sur son téléphone et réalisa qu'elle s'était endormie bien plus longtemps que prévu.

— Maman... j'ai pas envie d'aller à ce dîner... murmura-t-elle d'une voix rauque.

Juliana soupira, visiblement déjà fatiguée de devoir avoir cette conversation.

— Tu n'as pas le choix. Allez, lève-toi et prépare-toi. Charles veut beaucoup te voir.

Charles. Son futur beau-père.

Alicia resta silencieuse. Sa mère n'attendit pas son avis et quitta la chambre pour aller se préparer à son tour.

Alicia, elle, resta assise sur son lit, le regard vide. Elle attrapa son téléphone machinalement et ouvrit Snapchat. La première story qui apparut la frappa comme un coup de poing. La soirée de Cassidy battait son plein. Lumières tamisées, musique forte, rires éclatants. Tout le monde était là.

Elle continua à faire défiler les stories, et son estomac se serra en tombant sur une photo en particulier.

Cassidy et Hadrian, collés l'un à l'autre, souriant à l'objectif. Hadrian avait sa main posée sur la hanche de sa copine, l'air parfaitement à l'aise, parfaitement heureux.

Alicia sentit une bouffée de rage l'envahir.

Elle serra les dents et secoua la tête, refusant de se laisser atteindre plus longtemps. Elle fit défiler les stories rapidement, jusqu'à tomber sur une autre vidéo.

Aubrey et Leah, en pyjama sur un canapé, un bol de popcorn entre elles. Elles riaient, totalement détendues.

#SoiréeEntreFilles

Un pincement désagréable lui traversa la poitrine.

Tout le monde s'amusait. Tout le monde était occupé. Sauf elle.

Elle jeta son téléphone sur son lit et expira bruyamment.

Ok. Stop.

Elle n'allait pas rester là à s'apitoyer sur son sort pendant que tout le monde profitait. Si elle devait aller à ce dîner, alors autant le faire en étant à son avantage.

D'un bond, elle se leva et alla directement sous la douche. L'eau chaude coula sur sa peau, apaisant légèrement la tension dans ses muscles. Elle ferma les yeux un instant, essayant d'effacer cette sensation de malaise qui ne la quittait plus.

Une fois sortie, elle s'installa devant son miroir et commença à se maquiller légèrement. Rien de trop voyant, juste assez pour avoir l'air apprêtée.

Elle venait à peine de finir que sa mère refit son apparition, une robe à la main.

— Mets ça.

Alicia baissa les yeux vers le vêtement et faillit grimacer.

Une robe longue, à fleurs, avec des manches bouffantes.

— Maman, t'es sérieuse ?

— Elle est très bien, répondit Juliana.

Alicia la prit sans rien dire. Mais dès que sa mère quitta la chambre, elle la reposa immédiatement et ouvrit son propre dressing.

Hors de question que je sorte habillée comme une vieille dame.

Elle attrapa une robe plus moderne, ajustée mais élégante, qui lui donnait un air plus mature.

En s'observant dans le miroir, elle esquissa un léger sourire.

Si elle devait affronter ce dîner, autant le faire avec style.

Alicia descendit lentement les escaliers et rejoignit sa mère dans le salon.

Juliana, occupée à vérifier son maquillage dans un miroir, leva les yeux vers elle et fronça légèrement les sourcils en remarquant qu'elle n'avait pas mis la robe qu'elle lui avait donnée. Pourtant, au lieu de s'énerver, elle la détailla un instant avant de sourire.

— Tu n'as pas mis la robe que je t'ai choisie... mais tu es très jolie comme ça.

Alicia haussa les épaules et réajusta distraitement la fine bretelle de sa robe noire.

— Merci.

Elle attrapa son sac et se dirigea vers la porte.

— On peut y aller ?

Juliana acquiesça et prit ses clés avant de la suivre.

Elles quittèrent la maison et montèrent dans la voiture, un SUV élégant que Juliana avait acheté quelques mois plus tôt. Alors qu'elle démarrait, elle tenta d'engager la conversation.

— Ce dîner est important, Alicia. J'aimerais que tu fasses un effort.

Alicia, les bras croisés, regardait défiler les rues par la fenêtre, l'air absent.

— Un effort pour quoi ?

— Pour accepter cette nouvelle vie, pour voir que tout ça, c'est une bonne chose.

Alicia esquissa un sourire ironique et secoua la tête.

— Super.

Juliana poussa un soupir.

— Je sais que ce n'est pas facile pour toi, mais Charles est un homme bien. Il t'apprécie beaucoup et il veut que ça se passe bien entre vous.

Alicia ne répondit pas. Elle ne savait même pas quoi dire. Toute cette histoire la dépassait. Sa mère s'était fiancée à un homme qu'elle connaissait à peine, et elle devait faire semblant d'être enchantée par cette nouvelle vie qu'elle n'avait jamais demandée.

Son regard se perdit dans le vide alors qu'elle pensait à Hadrian. À la soirée. À Cassidy dans ses bras.

Elle sentit un mélange de colère et de tristesse l'envahir, mais elle refusa de se laisser submerger par ces émotions.

Au bout de quelques minutes, la voiture ralentit et s'arrêta devant un restaurant cinq étoiles.

Alicia leva les yeux et sentit son estomac se nouer.

Le bâtiment était immense, d'une élégance intimidante. Des grandes baies vitrées laissaient entrevoir l'intérieur luxueux, où des lustres en cristal illuminaient une salle décorée avec soin. À l'entrée, un voiturier en uniforme accueillait les clients en ouvrant les portes des voitures de luxe.

Alicia inspira profondément.

— Sérieusement ? On aurait pas pu aller dans un endroit normal ?

Juliana eut un petit rire.

— Charles voulait quelque chose de spécial.

Alicia se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas répondre et suivit sa mère jusqu'à l'entrée.

Lorsqu'elles pénétrèrent à l'intérieur, une agréable odeur de plats raffinés les enveloppa. Tout était chic, silencieux, avec une ambiance feutrée où seuls des murmures discrets et le tintement des verres se faisaient entendre.

A suivre..