POV Fernanda
« Je crois qu’il est positif Fernanda ! » Me dit mon amie.
« Tu crois ou tu lis ? » je lui demande toute paniquée. « Mon cœur bat déjà assez comme ça s’il te plaît Lis-moi ce résultat. »
Je sais qu’elle a une idée du résultat parce que ce n’est pas la première fois qu’elle voit un test de grossesse. Je crains que ce soit le résultat qui l’effraie mais je ne tiens plus du tout. Je dois savoir. Elle a peut-être peur pour ma vie et moi aussi parce que ça changera tout mais je dois à tout prix savoir.
« Tu vois quoi alors ? » je lui demande une nouvelle fois.
« Euh… je… » Commence-t-elle sans jamais terminer.
Ça y est ! Je n’en peux plus. Sans attendre une seconde de plus, je lui arrache le te test de grossesse des mains et va vers ma chambre. Je claque la porte aussi durement et m’adosse contre elle. Je regarde l’objet dans ma main et surtout le tableau de lecture.
Deux bâtonnets rouges y sont inscrits, marquant ainsi la positivité du test.
Je le secoue sans savoir pourquoi. Peut-être par espoir qu’un bâtonnet puisse disparaitre mais ça ne change pas.
Je sens mon monde s’écrouler et les pierres les plus lourdes se reposer sur mes épaules. Je n’arrive pas à croire que ça m’arrive. J’avais vu mon petit ami avec une autre fille cette nuit-là, je n’avais pas pu supporter que je m’étais refugiée dans le premier bar qui s’était présenté à moi. Je voulais juste souler un peu pour oublier les moments que j’avais passés avec cet énergumène qui me servait de petit ami. J’avais tellement bu que je n’avais pas envie de danser seule alors, je me suis accrochée comme une sangsue au premier qui s’était présenté à moi et ce durant toute la soirée, que j’avais fini par coucher avec lui.
Depuis cette nuit-là, je n’ai cessé de penser à son corps comparable à celui d’un Dieu grec. Pendant deux mois, j’ai tout fait pour l’oublier mais c’est impossible vu la façon avec laquelle il m’a traité. Je n’avais pas l’impression d’être un p******l car il m’avait fait l’amour.
Pendant deux mois j’ai lutté pour oublier et maintenant c’est mort. Si la chance pouvait se présenter à mois pendant une ou deux années pour l’oublier, ça ne sera plus possible. Je porte désormais la vie en moi, une vie que nous avons créée à deux.
Je ne peux mettre aucun nom sur son visage, la seule chose dont je me souviens de lui c’est un grain de beauté sur son torse que j’ai pris plaisir à caresser cette nuit-là.
« Fernanda ? » m’appelle, Jennifer.
Je ne sais pas à quel moment elle est entrée dans ma chambre ni par comment.
« Je veux être seule, Jenni. Tu peux partir maintenant. »
Elle me regarde et secoue la tête de gauche à droite.
« Je ne peux pas te laisser toute seule. Cette nouvelle, tu ne t’y attendais pas du tout et il est hors de question que je te laisse la digérer toute seule. » Elle me prend la main tout en cherchant mon regard. « Je peux imaginer l’état dans lequel tu te trouves mais on doit en parler. »
Je la regarde mes yeux remplis de panique. Tout se mélange dans ma tête. Tous les évènements de cette nuit-là. Mon petit-ami avec cette fille, ma fuite, ma présence dans ce bar, les verres que j’ai avalé sans compter ensuite cet inconnu.
« Que vais-je faire ? C’est un bébé, Jenni. »
« On est encore sûr de rien. Il va falloir prendre rendez-vous dans une clinique pour avoir la confirmation de ta grossesse. Le G-test n’est pas toujours fiable. »
Je la regarde et secoue négativement la tête. Je ne sais pas pourquoi mais je préfère encore rester dans le doute que de savoir que je suis réellement enceinte. Je ne me sens pas prête à accepter cette réalité.
« Rester dans l’ignorance peut être dangereux pour toi, et tu le sais, » me rappelle-t-elle. « Tu dois avoir la confirmation Fernanda et ce n’est qu’après ça que tu pourras me dire comment c’est arrivé. »
Elle a raison de vouloir savoir comment c’est arrivé car jusqu’à ce jour, elle ignore tout de cette soirée. Je n’ai jamais eu le courage de lui en parler parce que passer une nuit dans les bras d’un inconnu en risquant tout, ce n’est pas vraiment ce qui se crie sur tous les toits.
« Tu veux le garder ou pas ? » me demande-t-elle.
Je la regarde septique. Cette question, je ne m’y attendais pas. Moi-même je ne sais pas ce que je vais en faire.
« On est sûr de rien et c’est toi qui me l’a dit, Jenni alors, cette question n’a droit à aucune réponse pour le moment. »
Elle laisse tomber à contre cœur et je la remercie silencieusement pour ça. Je suis tellement chamboulée et j’essaye de garder mon calme pour voiler la souffrance que je ressens en ce moment. Je suis certaine que si mes parents étaient encore en vie, je serais sans doute leur plus grosse déception. Je viens tout juste de quitter l’université et je n’ai pas encore de travail. Je dois vite réfléchir.
« Je pense que j’ai besoin de me reposer, Jenni. »
« Non, je reste avec toi, » me dit-elle d’un ton catégorique.
Je veux bien de sa compagnie parce qu’elle me fait toujours du bien mais là, j’ai vraiment besoin d’être seule pour réfléchir.
« Ecoute, Jenni je ne vais pas me donner la mort pour ça, d’accord ? Je veux juste être seule pour mieux réfléchir. »
« C’est d’accord ! Je vais prendre un rendez-vous pour toi. »
« Non ! » répondis-je brusquement. « Tu le feras quand je te le demanderai et pour ce qui est de maintenant, tu ne vas rien faire. »
Elle hoche la tête et avance vers moi, elle me prends dans ses bras et s’en va par la suite.
Je me sens tellement faible que je ne résiste pas et me glisse sous la couette. Sans le vouloir, une larme solitaire glisse le long de ma joue et s’échoue sur l’oreiller. C’est dur de croire que mon destin est à jamais lié à celui d’un inconnu.