POV Fernanda
Depuis que j’ai réalisé que je pourrais être enceinte, je ne connais plus à quoi ressemble l’extérieur de mon appart. Je suis restée cloitrée sur mon lit pendant des jours et des nuits, espérant que la solution viendrait à moi mais faut bien croire que je rêve beaucoup. Je n’arrive même pas à me nourrir. J’ai perdu goût à tout.
Je suis encore là, à me retourner dans mon lit, lorsque j’entends la sonnette de mon appart retentir. Je regarde l’heure et constate qu’il est huit heures du matin. Je ne sais même pas quel jour on est et c’est une grâce que j’aie une idée de l’heure.
Je ne suis pas d’humeur à voir qui que ce soit. Rien n’est si urgent dans ma vie en ce moment en dehors de cette décision radicale que je dois prendre. Jennifer a le double de mes clefs alors, elle n’oserait pas me déranger de la sorte.
Je remets confortablement ma tête sur mon oreiller et lorsque je ferme les yeux, la sonnette se fait entendre et cette fois, avec plus d’insistance. Que diable me veut cette personne à huit heures du matin ? Je trouve qu’il est un peu tôt pour aller chez quelqu’un.
Mon corps est lourd et pourtant, je dois aller rappeler ce qu’on appelle bonne manière à cette personne.
Je quitte mon lit en râlant. Lorsque je suis enfin sur mes deux pieds, je vacille un peu et manque de justesse de tomber. C’est un signe de la dénutrition ça.
Je tire mes pieds jusqu’à la porte sans cesser de jurer à voix basse.
Je fais tourner la clef dans la serrure et tire sur la porte. La tignasse blonde de ma meilleure amie se présente à moi. Je lui lance un regard mauvais et retourne au salon sans lui adresser la parole.
Elle me suit de près sans me quitter des yeux mais je l’ignore complètement.
« Fernanda ? » M’appelle-t-elle.
« Si je t’ai donné le double de mes Clefs Jennifer, c’était pour éviter d’être contrainte de quitter mon lit contre ma volonté dans de pareils moments tu comprends ? »
Elle se mordille la lèvre d’un air désolé mais ça ne me console pas du tout.
« Je sais que tu n’es pas suicidaire, Fernanda mais j’étais inquiète. Ça fait des jours et ton téléphone ne passe pas. Je suis sortie sans réfléchir d’accord ? »
Je hoche la tête sans toutefois changer l’expression de mon visage. Je ne sais même plus ce qui me met dans cet état.
« Ne sois pas en colère contre moi, je t’en prie.» me dit-elle.
« Je ne suis pas en colère contre toi Jenni mais contre moi-même. Pourquoi diable a-t-il fallu que je trouve cet individu en train de mélanger sa sueur avec une autre ? Pourquoi a-t-il fallu que je couche avec le premier venu et en plus dans un bar et celui-là aussi, pourquoi a-t-il fallu qu’il n’ait pas de c****e sur lui ? Non mais que vais-je faire maintenant ? Deux hommes irresponsables m’ont pourri la vie. »
Je peux lire de la surprise dans son regard et la raison est bien là. Elle a enfin compris comment je me suis retrouvé avec une graine plantée dans mon bide.
« Ecoute ma belle, je sais que ce n’est pas facile pour toi en ce moment mais je suis là et je te soutiendrais toujours peu importe ta décision d’accord ? Jamais je ne te laisserais tomber. »
Ses mots me font du bien et surtout la sincérité avec laquelle ils sont prononcés.
« Dis-moi, Jenni, tu ne pourrais pas aller faire ces examens à ma place ? » Je lui demande les yeux suppliants.
Elle me regarde comme si elle voulait sonder mon âme, chose que je n’apprécie pas. Je suis dans une situation qui ne me fait pas rire et ce n’est pas le moment de se demander si je suis folle ou pas parce que ça ne va pas tarder à arriver.
« Tu es peut-être enceinte Fernanda. »
« On le sait depuis quelques jours ça. »
« Comment penses-tu qu’une femme peut aller faire les examens d’une autre femme enceinte ? Fenanda tu crois réellement que c’est possible ça ? »
« Bah… je ne sais pas. Je pensais juste que là je ne souffrirai pas d’avoir les résultats tu comprends ? »
Je la vois souffler en fermant les yeux. Elle doit me trouver exaspérante à la limite. Elle avance vers moi et prends mes mains dans les siennes tout en me regardant avec tendresse.
« Je sais que c’est difficile mais avoir le cœur net sur la situation serait une meilleure chose pour toi. Va prendre ton sac maintenant et on va aller te faire une prise de sang. C’est une clinique réputée et j’ai eu le contact de cet homme grâce à un ami. »
Je me lève et me rends dans ma chambre, tout en espérant ne jamais trouver ce sac à main. Mais vu qu’il est sous mes yeux et que je dois arrêter de faire ma gamine, je le prends et la retrouve dans le salon.
Lorsque je suis hors de mon appart, je n’arrive pas à croire que rien n’a changé depuis le jour où je me suis enfermée chez moi. Ça fait quoi déjà ? Une éternité je crois. Je me rends compte que dans toute chose, Le changement est tellement lent.
Nous n’avons pas à patienter longtemps sur le trottoir car, on a la chance de trouver un taxi qui accepte de nous laisser à la clinique.
Pov Alfonso
A peine je franchis les portes de la clinique que la réceptionniste m’annonce que j’ai de la visite. En y pensant bien, je ne vois pas vraiment qui serait venu me rendre visite. Je n’ai qu’une demi-heure de retard.
Je marche vers mon bureau et lorsque je passe la porte, je vois cette silhouette ferme dans un costume trois pièce et ce gabarit n’appartient qu’à une seule personne ; Carlos Eduardo Gomez.
« C’est à cette heure que tu arrives ? Tu as une demi-heure de retard, Docteur. »
« Je sais mais ce n’est pas mortel. Mon personnel pouvait s’occuper de toi. »
Il me lance un regard noir et je sais ce que ça signifie. Je m’attendais bien à ça.
« Je ne veux pas de ton personnel, Alfonso. Tu sais que je préfère que ma vie privée reste sécrète alors je tenais à ce que ce soit toi puisque je sais que je peux compter sur ta discrétion. Je voudrais que tu me fasses des examens. »
« Tu es malade ? » je lui demande surpris parce que ça se voit qu’il est en forme.
« Pas vraiment mais je voudrais que tu me fasses des examens précis. Surtout des MST. »
Je n’arrive pas à cacher ma surprise en l’entendant. Je connais que Carlos est un homme à femme mais qui prends toujours ses précautions. Il n’est jamais en rupture de capotes vu que je lui en fournis à chaque fois. Je ne suis jamais avec lui dans ses aventures mais jamais il n’a couché avec une fille sans c****e alors, sa crainte soudaine m’étonne.
« Il se passe quoi, Carlos ? »
« Il y a deux mois de cela, j’ai couché avec une fille. Elle n’avait pas arrêté de me coller et cela m’avait chauffé. Ce n’était pas une pouffiasse je peux te l’assurer mais les petites filles pensent que c’est en buvant l’alcool que tous les problèmes se résolvent. Tout était allé tellement vite et je n’avais pas eu le temps d’enfiler une c****e. »
« Et la fille. A quoi ressemble-t-elle ? »
« Je n’en sais rien. »
J’ouvre grand les yeux parce que je n’arrive pas à croire. Il ne sait pas à quoi ressemblerait la fille qui lui a certainement filé les MST.
« Et Manuella, est-elle au courant de cette aventure ? »
Il me regarde et hausse les épaules avant de me répondre.
« Elle sait parfaitement que c’est ma vie donc je n’ai pas de compte à lui rendre. Tout ce qui m’intéresse maintenant c’est ma santé et rien d’autre alors, je voudrais que tu me fasses ces fichus examens. »
Alors que je suis en train de faire le prélèvement d’Edouardo, une infirmière entre et m’annonce que deux jeunes femmes demandent à me voir.
Lorsque je vais accompagner Edouardo, je vois deux jeunes femmes assises à l’accueil. L’une d’elle a la tête baissée et les mains qui tremblent tellement vite. Je comprends immédiatement que c’est pour elle qu’elles sont là. Encore une gamine qui a fait des bêtises, j’en vois tous les jours.