Chapitre 4 -partie 2

844 Words
Arthur On descendit du taxi au marché Mokolo et Beverly me demanda simplement de la suivre. On se promena dans les différents rayons pendant près de deux heures, car certains vivres se trouvaient à l’autre bout du marché. Je la suivais docilement comme un enfant. - Ouf, souffla Beverly, je crois que nous avons pris tout le nécessaire. - Merci beaucoup, lui dis-je d’un air perdu er reconnaissant. Je tenais dans mes bras deux sacs bien pleins et je me demandais bien ce que j’en aurais fait une fois arrivé chez moi. Beverly sembla comprendre mon désarroi. - Malheureusement, je ne pourrai pas te donner un coup de main aujourd'hui. Tu devras essayer de t'acheter quelque chose à manger pour ce soir. Nous avons le premier cours à 11 heures demain. Je pourrai passer chez toi après avoir déposé mes cadets à l'école. Je pourrai y être vers 8 h 15. Ce n’est pas bien loin de chez moi. - Merci infiniment, lui dis-je, le ton plein de gratitude. Je comprenais aujourd’hui qu’il était important pour les mamans d’impliquer les garçons dans la préparation des repas. Ma sœur était capable de préparer tout type de plat, des plus simples aux plus élaborés, tandis que moi, j’étais incapable de cuire un œuf. J’étais complètement désemparé et j’espérais que Beverly tiendrait parole demain, sinon je ne savais vraiment pas quoi faire de toute cette nourriture achetée. D’un autre côté, je ne pouvais pas me permettre de manger au restaurant tous les jours. Je rentrai à la maison et disposai les denrées périssables dans le frigo et au petit congélateur. Beverly bien évidemment avait pris soin de m’indiquer quels aliments pouvaient rester hors du frigo et lesquels non. C’était vraiment une chic fille. J’étais en train de refermer le frigo quand mon téléphone se mit à sonner. Je jetai un œil et vis que l’appel provenait de ma mère. - Allô maman, dis-je en décrochant l’appel, me préparant mentalement à une avalanche de questions. Ma mère m’appelait presque tous les soirs pour prendre de mes nouvelles. Savoir si je m’adaptais à ma nouvelle vie, comment se déroulaient mes études, si j’avais assez mangé et, surtout, ce que j’avais mangé. - Arthur, tu ne devineras jamais. Tu ne devineras jamais, Dieu merci, tu es parti. Mon cœur se mit à battre à ces mots. J'avais interrogé maman à plusieurs reprises pour savoir si j'avais reçu de la visite depuis mon départ. Elle m'avait dit que personne ne s'était présenté chez nous. Je lui avais ensuite demandé des nouvelles du quartier, et elle m'avait simplement répondu : " La routine, les mauvais coups des petits voyous du quartier, mais nous sommes déjà habitués." - Il y’a eu une agression ici au quartier. Des bandits ont braqué hier soir le bar de Monsieur Fotso. Je causais ce matin avec la voisine, maa Pauline et elle m’a indiqué la maison de l’un d’entre eux. Te rends-tu compte que ce sont toujours les enfants du quartier ? - Pardon maman ? demandai-je le cœur battant. Le bar de Monsieur Fotso était assez fréquenté dans le quartier. J'avais ma petite idée sur les responsables de ce braquage, mais bien évidemment, je ne pouvais pas énoncer ma pensée à haute voix. - Oui, il paraît que c'est une b***e de cinq voyous, apparemment tous des enfants du quartier. Il semble qu'il y ait eu des tirs d'armes à feu et qu'un client du bar ait été grièvement blessé durant le braquage. On raconte maintenant qu'il serait mort, s'écria maman d'une voix effrayée. - Mort, maman ? demandai-je en sentant les battements de mon cœur s’accélérer. - Oui, répondit maman. J'étais certain de connaître l'identité des personnes recherchées. Maman avait parlé de cinq individus, et cela ne pouvait pas être une simple coïncidence. Bon Dieu, et dire qu'ils étaient mes amis, et qu'il y a quelques jours... - Je suis convaincue que les voyous avec qui tu traînais sont dans le coup, lança tout à coup maman d'un ton accusateur, me sortant ainsi de mes pensées. - Mais maman, que racontes-tu ? demandai-je d’un ton innocent. - J’en suis sûre ! J’espère qu’on finira par les prendre et que ton nom ne sortira dans aucun de leurs coups, insista maman. - Ah, maman, tu accuses les gens pour rien, insistai-je d'un ton que j'espérais convaincant. - Tu sais très bien que j’ai raison. Alors, comme se passent tes cours, demandant maman, changeant tout à coup de sujet. - Tout va bien maman, répondis-je avec soulagement. Elle me prodigua encore et encore des conseils avant de raccrocher. - Bonne nuit mon fils, que Dieu te guide, conclut-elle. - Bonne nuit mater (maman en jargon camerounais). Je raccrochai et pus enfin pousser un ouf de soulagement. J’avais retenu ma respiration durant toute la conversation avec maman, dans la crainte que mon souffle ne trahisse mes appréhensions. Je me posai sur le lit et me rendis compte une fois de plus que j'avais échappé belle. J'espérais que les gars ne citeraient pas mon nom par esprit de vengeance.
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