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L'Irréparable

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Extrait : "C'est en 1877, au mois de mai, que Mlle Hurtrel devint, d'un jour à l'autre, célèbre pour sa beauté dans ce que les journaux plus particulièrement Parisiens appellent le Monde. Entendez par là cette société à demi européenne, à demi française, qui peuple la plus grande partie des hôtels situés autour du parc Monceau et de l'Arc de Triomphe, ainsi qu'un petit nombre de vieux hôtels de la rive gauche."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.

• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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L’irréparable (étude) … « 13 février 1883. – Bonne journée, de celles à marquer avec un caillou blanc, comme dit le poète ancien. Travail at home jusqu’à trois heures. Puis visite à M. R***. Conversation philosophique sur la complexité de la personne humaine. Le soir, chez Mme V ***. Appris le détail de l’histoire de Mlle Hurtrel. Transcription presque exacte de la même idée dans la vie réelle. Plaisir aigu d’intelligence à ces deux visions successives, l’une abstraite, l’autre concrète, d’un fait unique… » Feuilletant le memorandum de mes heures mortes, dans la solitude d’un hôtel gothique d’Oxford, j’y retrouve ces lignes mystérieuses et je me souviens du moindre détail de cet après-midi. J’entends encore la voix de M. R***. Je revois son beau regard errant de métaphysicien, le cabinet encombré de livres, et, par la fenêtre, les squelettes des arbres du jardin des Plantes, dans le voisinage duquel habite le célèbre professeur. Autour de lui gisaient sur le tapis mal raccommodé les épreuves de son grand ouvrage : De la dissociation des Idées, où il a étudié les maladies de la volonté consécutives à celles de l’Intelligence. Trois gravures, accrochées à la partie de la muraille que les rayons noirs de la bibliothèque n’ont pas envahie, représentent Aristote, Léonard de Vinci et Spinoza… « Non, disait le savant, ses deux mains croisées sur sa large poitrine, ses deux pieds allongés contre le feu et sa tête énorme secouée par un tic qui lui est habituel, – non, la personne humaine, la personne morale, celle dont nous disons moi, n’est pas plus simple que le corps lui-même. Par-dessous l’existence intellectuelle et sentimentale dont nous avons conscience, et dont nous endossons la responsabilité, probablement illusoire, tout un domaine s’étend, obscur et changeant, qui est celui de notre vie inconsciente. Il se cache en nous une créature que nous ne connaissons pas, et dont nous ne savons jamais si elle n’est pas précisément le contraire de la créature que nous croyons être. De là dérivent ces volte-face singulières de conduite qui ont fourni prétexte à tant de déclamations des moralistes… Nous dépensons toute notre activité à poursuivre un but dont nous imaginons que dépend notre bonheur, et, ce but atteint, nous nous apercevons que nous avons méconnu les véritables, les secrètes exigences de notre sensibilité. Que d’exemples de ces erreurs intimes fournirait l’histoire des conversions religieuses, si elle était étudiée par un psychologue !… Eh ! Pourquoi remonter à ces témoignages de l’ordre mystique, lorsque l’expérience quotidienne nous permet d’observer sur place la qualité de notre être ? Cette demi-métamorphose de caractère, provoquée chez la plupart des femmes par la révélation des réalités physiologiques dont s’accompagne la première possession, qu’est-elle donc, sinon la mise en lumière, soudaine et parfois si douloureuse, d’un être inconnu à lui-même et qui sommeillait dans la vierge ? Nous tenons ici la formule de presque tous les drames secrets du mariage. La jeune fille se croit douée d’un certain caractère ; elle organise à l’avance sa félicité d’après ce caractère. Elle se marie ou elle se laisse marier. Puis, cinq fois sur six, dans l’année qui suit, parfois dans la semaine, parfois dans les vingt-quatre heures, elle découvre qu’elle s’est trompée sur sa propre personne. Elle s’imaginait qu’elle aimerait son mari, elle le hait ; qu’elle le haïrait, elle l’adore ; – et ainsi du reste. Elle s’est réveillée comme d’un songe et transformée. Ou plutôt non, aucune magie n’a opéré sur elle. Tout simplement elle a découvert un moi mystérieux jusqu’alors, qui pensait et qui sentait en elle, – à son insu… Ah ! mon cher enfant, quelle artiste en mystification que cette nature, si plaisamment qualifiée de bonne par l’ironique Montaigne !… » Quelques heures plus tard, – il n’y a que Paris pour fournir à de pareils contrastes, – je regardais Mme V*** s’accouder sur les innombrables petits coussins brodés qui s’amoncellent dans le coin de son divan familier. Tout en blanc et si fine, elle jouait, en me parlant, avec un éventail garni de plumes d’autruches blanches et frisées, et ses pieds, chaussés de bas de soie et de mules de couleur noire, faisaient une charmante opposition à la blancheur vaporeuse du reste de sa toilette. Avec sa voix musicale elle me racontait la tragique aventure d’une de ses amies de jeunesse, bien cruellement punie de la faute de n’avoir pas vu clair dans son cœur, – commentaire mondain et mélancolique de la doctrine de mon Maître en psychologie sur la multiplicité du moi. C’est le détail de cette aventure que je m’amuse à transcrire, d’après mes notes d’alors, en complétant ces notes par quelques inductions personnelles, – mais à peine, – et sans dramatiser une histoire dont les grands évènements furent des pensées : « Nous sommes faits, a dit Shakespeare, de la même étoffe que nos rêves… »

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