VIII Quelles mystérieuses métamorphoses de l’âme traverse un être humain qui s’éprend d’un autre ? Quelles influences, impossibles à décomposer dans leur menu détail, déterminent cette invasion de notre vie entière par un sentiment qui se glisse en nous minute à minute, et que nous reconnaissons alors seulement que nous sommes incapables de le chasser ? Ils ne sont pas perceptibles, les faits, pourtant à jamais ineffaçables, qui nous contraignent de placer tout notre bonheur sur une seule tête, et de ne plus vibrer que dans un seul cœur. Non, mais un son de voix, mais un regard, mais la ligne d’une bouche, mais, moins que cela, un air de visage, voilà les causes infiniment petites de ce grand effet. À la distance de plusieurs années et quand l’inexorable nature nous a une fois de plus dém

