Chapitre 16

466 Words
Chapitre 16 Août 1967 – Nom d’une pipe, s’exclama Julien, sans s’apercevoir que Buchot, terrifié par la menace d’une crise cardiaque, avait renoncé à fumer la sienne depuis le décès brutal de Maret. C’est quand même très grave. Je vois mal Rabot tuer sa propre fille de façon aussi horrible pour se venger. Il faut donc envisager sérieusement la possibilité d’une erreur judiciaire. Le divisionnaire avait beau avoir un caractère de cochon, il était d’une profonde honnêteté intellectuelle. Cette fois, il avait écouté attentivement son subordonné. Et reconnu que son obstination avait eu du bon. – Cela voudrait dire, poursuivit-il, que l’assassin court toujours. Et il faut poursuivre l’enquête de façon particulièrement discrète pour ne pas lui mettre la puce à l’oreille. La discrétion s’impose également vis-à-vis du Parquet et évidemment de la presse. Jusqu’à ce que nous ayons une certitude. Cela va faire du bruit… – Malheureusement, monsieur, j’ai déjà un peu « secoué le cocotier » avec mes questions insistantes sur ce fameux classeur rouge, au moins dans le petit groupe des étudiants proches de Chantal Lacorre… sans grand résultat d’ailleurs. – Je sais, je sais, mais si l’assassin est l’un d’entre eux, il n’en sait pas plus pour l’instant. C’est maintenant qu’on va marcher sur des œufs. – Cela veut aussi dire, monsieur, qu’il faut reconsidérer la possibilité d’un lien avec le meurtre de Maître Hubert. Et peut-être également la cause du décès du professeur Malorgue, jusqu’à présent attribué à un suicide. – Ouais, et pourquoi pas le meurtre de l’élève infirmière, pendant que vous y êtes ? Un tueur en série, comme Landru ou le docteur Petiot ! Bon, à la limite, je comprends pour Maître Hubert. On peut penser que l’assassin éventuel ait craint qu’il soit en possession de confessions ultimes de Rabot, susceptibles de l’impliquer. Mais pourquoi Malorgue ? Je sais que sa fille en était persuadée, mais il n’y avait aucun élément objectif. Ou alors il faudrait imaginer qu’il était au courant de quelque chose, et je ne vois pas pourquoi il ne nous en aurait pas parlé. – En tout cas, si assassin il y a – ce dont, personnellement, je suis maintenant convaincu –, il s’agit de quelqu’un de la Faculté, et même peut-être d’un des étudiants… Tous deux se turent. Julien savait que Buchot avait raison. Quant à ce dernier, il réalisait qu’il allait devoir reprendre tout à zéro. Discrètement. Mais sans négliger aucune piste. Il était difficile d’imaginer un de ces étudiants en tueur récidiviste. Mais il savait par expérience que les apparences peuvent être trompeuses. Il persistait à écarter Pierre Banari de la liste des suspects potentiels. Il le connaissait suffisamment maintenant pour être persuadé que ce garçon était incapable de commettre ces meurtres. Mais aurait-il pu se tromper sur Alain Mammard ? Il se rappela que, pour le faire craquer, il lui avait dit qu’ils avaient des doutes sur la culpabilité de Fernand Rabot. S’il était impliqué, il était désormais averti. Dans le cas contraire, il fallait espérer que, la honte aidant, il avait tenu sa langue… En attendant, il fallait qu’il prenne quand même un peu de vacances. Il verrait peut-être plus clair au retour.
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