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Les moujiks

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Nicolas Tchikildiéev, garçon à l’hôtel du « Bazar Slave », à Moscou, tomba malade. Ses jambes faiblirent, sa démarche changea, et un jour, trébuchant dans un couloir, il s’affaissa avec le plateau sur lequel il portait du jambon aux petits pois. Il lui fallut quitter sa place. Il dépensa en remèdes tout l’argent qu’il avait et celui de sa femme, et n’eut plus de quoi vivre. Il s’ennuyait à ne rien faire et pensa qu’il fallait retourner chez lui au village. Il vaut mieux être malade chez soi ; la vie y est moins chère, et ce n’est pas en vain que l’on dit : les murs de la maison vous aident.

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II
II Olga, allant à l’église, emmena avec elle Mâria. En descendant vers la prairie toutes deux étaient joyeuses : le libre espace plaisait à Olga, et Mâria sentait en sa belle-sœur une amie. Le soleil se levait. Bas, sur la prairie, un épervier, comme endormi, volait ; la rivière était encore voilée ; il traînait des vapeurs çà et là ; mais déjà sur la colline, de l’autre côté de la rivière, s’étendait une b***e de lumière : l’église brillait, et, dans le jardin du pomechtchik, des freux criaient à tue-tête. – Le vieux passe encore, racontait Mâria, mais la vieille est méchante ; elle ne fait que chamailler. Notre blé n’a duré que jusqu’au carnaval ; nous achetons maintenant la farine au traktir. Elle se fâche : Vous mangez beaucoup, dit-elle. – Bah ! bah ! mon hirondelle ! dit Olga. Prends patience ; tout est là. Il est dit : Venez à moi vous qui peinez et qui êtes accablés. Olga parlait par sentences, d’une voix traînante, et sa démarche était celle des femmes qui font des pèlerinages, rapide et affairée. Elle lisait chaque jour l’Évangile à haute voix, à la façon d’un sacristain et sans comprendre grand-chose. Mais les paroles saintes la touchaient aux larmes, et elle ne pouvait pas prononcer sans une douce défaillance de cœur certains vieux mots slaves comme achtché et dondéjé. Elle croyait en Dieu, à la Vierge et aux saints ; elle croyait qu’il ne faut offenser personne au monde, ni les faibles, ni les Allemands3, ni les juifs ; et que même il arriverait malheur à ceux qui n’aiment pas les animaux. Elle croyait que cela est écrit dans les livres saints. Enfin, même quand elle prononçait des mots de l’Écriture qu’elle ne comprenait pas, son visage prenait une expression compatissante, attendrie et radieuse. – D’où es-tu ? lui demanda Mâria. – Je suis du gouvernement de Vladimir. Mais il y a déjà longtemps que je suis à Moscou ; j’y suis depuis l’âge de huit ans. Elles arrivèrent au bord de la rivière. Une femme sur l’autre rive se déshabillait. – C’est notre Fiôkla, dit Maria, la reconnaissant. Elle va travailler dans la maison du bârine4, chez les régisseurs... Elle est dévergondée et insolente en diable ! Fiôkla, brune, les cheveux épars, jeune encore, et ferme comme une jeune fille, se jeta dans l’eau et se mit à gambader ; il se fit autour d’elle des ondes de tous côtés. – Dévergondée en diable ! répéta Mâria. On passait la rivière sur des poutres branlantes sous lesquelles nageaient, dans l’eau pure et transparente, des b****s de barbeaux à large front. De la rosée brillait sur les arbustes verts qui se réfléchissaient dans l’eau. Il montait des souffles chauds, délicieux. Quelle belle matinée !... Et comme la vie aurait été agréable dans ce monde, s’il n’y avait pas eu le besoin, le besoin effroyable et sans issue que personne ne peut éviter !... Mais il suffisait de se retourner vers Joûkovo pour se ressouvenir au vif de toutes les scènes de la veille ; et le charme qui semblait vous entourer s’évanouissait en un clin d’œil. Les deux femmes arrivèrent à l’église. Mâria s’arrêta à l’entrée, n’osant pas aller plus loin. Elle n’osa pas non plus s’asseoir, bien qu’on ne commençât à sonner la messe qu’à neuf heures ; elle se tint debout tout le temps. Quand on lut l’évangile, le peuple se rangea tout à coup, faisant place à la famille du pomechtchik, composée de deux jeunes filles en robes blanches, à chapeaux à larges bords, et d’un petit garçon rebondi et rose en costume marin. Leur apparition attendrit Olga. Du premier regard, elle décida que c’étaient là des gens comme il faut, instruits et distingués. Mâria les regardait en dessous, d’un air revêche et triste comme s’ils n’eussent pas été des êtres humains, mais des monstres capables de l’écraser si elle ne se rangeait pas. Quand le diacre psalmodiait quelque chose d’une voix grave, il lui semblait tout à coup entendre : « Mâ... aria ! » et elle frissonnait.

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