IX Quel long, quel rigoureux hiver ! Dès Noël les moujiks n’eurent plus de blé et achetèrent leur farine. Cyriaque, inoccupé à la maison, faisait du vacarme les soirs, répandant la terreur sur tout le monde, et, les matins, le mal de tête et la honte le torturaient ; il faisait peine à voir. Dans l’étable, nuit et jour, retentissaient les meuglements de la vache crevant de faim ; la bâbka et Mâria en avaient l’âme déchirée. Comme un fait exprès il gelait à pierre fendre, et des tas de neige énormes s’amoncelaient. L’hiver durait. À l’Annonciation il souffla encore une véritable tourmente, et la semaine de Pâques il tomba de la neige. Malgré tout, l’hiver finit. Il y eut au commencement d’avril des journées tièdes avec des gelées la nuit, mais un petit jour chaud l’emporta enfin ; les rui

