Destinée à Porter l'Héritier de l'Alpha

Chapitre 2 : Un Problème Inattendu

Louane

Six jours. Il ne reste que six jours avant de savoir si mes rêves vont enfin se réaliser... ou si je devrai imaginer une autre vie, sans cet enfant que je désire plus que tout.

Depuis l’insémination, je ne pense à rien d’autre. L’angoisse et l’espoir me rongent à parts égales de savoir si je suis tombée enceinte, et je n’ai même pas pris le temps de digérer la trahison de Michael. Mon esprit s’égare sans cesse. Je me surprends à caresser mon ventre du bout des doigts, à imaginer une chambre de bébé, à me voir marcher dans la rue avec une poussette. Et le matin, en partant travailler, je fredonne malgré moi comme si mon cœur cherchait à se rassurer.

Quand j’arrive chez mes employeurs, dans le quartier le plus huppé de Moon Valley — ce qui revient à dire du monde entier tant cette ville est l’une des plus chères qui soient — deux petites voix s’élancent vers moi, pleines de joie. “Louane !”

En un clin d’œil, Jennifer, trois ans, s’accroche à mes jambes tandis que son frère aîné, Ken, entoure ses bras autour de ma taille. “Bonjour mes petits trésors !” Je m’exclame en leur rendant leur étreinte. “Prêts pour le musée ?”

“Ouaaais !” s’écrient-ils en chœur, dévalant déjà le perron sans penser à leurs manteaux. Je parviens tant bien que mal à les ramener pour les emmitoufler, puis nous sortons enfin dans la neige.

Ken s’élance en avant, impatient de rejoindre le musée des sciences, sans se soucier des petites jambes de sa sœur. Amusée, je soulève Millie sur ma hanche. “Oh là là, tu deviens bien lourde pour moi, petite chipie.”

“Même pas ! C’est toi qui es trop petite !” Jennifer rit de toutes ses dents.

Elle a peut-être raison. Avec mes 1,55 m, je n’ai jamais eu le gabarit d’une haltérophile. Plutôt fine, athlétique, mais pas costaude.

“Espèce de maligne !” Je réplique en éclatant de rire.

Quand je lève les yeux vers Ken, je remarque qu’il s’est arrêté net. Mon cœur se serre. Nous sommes devant la demeure des Solberg. Et là, planté sur le trottoir comme une statue vivante, Fabian Solberg lui-même nous fixe d’un regard qui me brûle la peau.

C’est l’homme le plus beau que j’aie jamais vu, en même temps, l’un des plus terrifiants. Sa chevelure sombre et ses yeux verts, son corps musclé et sa carrure massive — au moins un mètre quatre-vingt-douze — semblent faits pour dominer chaque espace. Il n’y a rien d’humainement normal dans sa présence. Une aura presque animale, sauvage, émane de lui.

Je prends une grande inspiration, tentant de me contenir et je m’avance pour que Jennifer puisse le saluer. Quand elle l’a salué, à ma surprise, Fabian retire son regard brûlant de moi pour offrir à la fillette un sourire lumineux, si sincère qu’il m’émeut profondément. En le voyant se pencher vers mes deux petits protégés, je repense aux confidences de Nelly. Lui aussi connaît le vide d’un désir de famille inaccompli. Soudain, je ressens une empathie pour lui.

Ken, ravi de l’attention, sort de sa poche son nouvel avion miniature et lui montre comment il vole. Il le lance de toutes ses forces… et l’avion file, droit au milieu de la rue. Avant même que j’aie le temps de crier, Ken court après, ses petits pieds battant le trottoir, fonçant tête baissée dans la circulation.

"Ken, non, fais attention !" je crie, le cœur battant à tout rompre, le regard fixé sur lui alors qu’il se précipite dans la trajectoire d’une voiture. Je reste figée, paralysée par la peur. Avant même que je puisse penser à poser Jennifer pour courir après lui, un éclair traverse mon champ de vision. Je n’ai jamais vu personne bouger aussi vite de toute ma vie.

Fabian devient presque une silhouette floue, filant après Ken et le tirant hors de la route juste avant que la voiture ne percute. Les pneus crissent encore lorsque Fabian repose Ken à mes côtés, son expression soudainement grave.

"C'était très dangereux." Il le gronde doucement. "Il ne faut jamais s'engager dans la rue sans avoir regardé des deux côtés"

Ken baisse la tête. "Je suis désolé, je ne voulais pas que mon avion soit écrasé."

"Tu es un million de fois plus important qu'un jouet." Fabian lui répond fermement, "et tu as fait peur à ta nounou."

"Je suis désolé, Louane." Ken renifle, levant de grands yeux vers moi.

"Je sais mon chéri, mais ne refais plus jamais ça." je souffle, le serrant contre moi. "Merci énormément." Dis-je à Fabian, reconnaissante au-delà des mots. "Je n'ai aucune idée de la façon dont vous vous êtes déplacé si rapidement ! On se serait cru dans un film de super-héros."

"Ce devait être l'adrénaline." Fabian hausse les épaules, offrant un dernier sourire à Jennifer avant de s’éloigner. "Profitez du reste de votre journée, et reste à l'écart de la route, jeune homme !"

"Oui monsieur !" Ken dit en rangeant son avion. "Je suis vraiment désolé." Ajoute-t-il en me regardant.

"C’est oublié mon chéri." Je lui dis doucement, tout en prenant sa main pour m’assurer qu’il ne reparte pas en courant.

"Il s’est passé tellement de choses si vite," je raconte à Nelly plus tard dans la soirée. "Plus j’y pense, plus ça semble incroyable. Une seconde il était là, et la suivante… disparu. C’était magique."

"Dieu merci, Ken va bien." répond-elle, mais son visage, au lieu de se détendre, se crispe dans une profonde grimace.

En observant Nelly, je comprends que ce n’est pas seulement la frayeur de Ken qui la préoccupe. Quelque chose cloche, et je me sens coupable de ne pas l’avoir remarqué plus tôt. "Tout va bien ?"

Nelly fronce les sourcils. "Pas vraiment. Mais tu as tellement de choses à faire en ce moment que ce n'est pas important."

"Nelly, ne sois pas ridicule." je la réprimande. "Que se passe-t-il ?"

"En parlant de Fabian Solberg," commence-t-elle, mystérieuse, "Tu sais, le sperme qu'il nous a envoyé pour analyse ?"

"Ouais," je confirme, me demandant où elle veut en venir.

"Il a disparu... et je suis la dernière personne à l'avoir vu, sans compter qu'il était sous ma garde." Explique-t-elle, sa voix chargée d’émotion. "Louane, je pense... Je pense que je vais être renvoyée. Et s'il y a une enquête, je pourrais perdre ma licence médicale."

"Quoi ?" Je m’exclame. "Que veux-tu dire par disparu ? Un flacon de sperme ne peut pas se lever et s'en aller."

"Je sais, je pense que quelqu’un a dû le voler, mais il est impossible de savoir qui est responsable. Et il semble que je vais devoir porter le blâme." Elle partage cela, les yeux brillants de larmes.

"Nelly, je n’arrive pas à croire que tu ne m’aies pas dit ça plus tôt !" je m’exclame, "Ils ne peuvent pas te licencier, ce n’est pas juste."

"Tu ne comprends pas, Fabian est l’un de nos plus gros donateurs." Explique Nelly. "Et il est furieux, il veut littéralement ma tête sur un plateau."

Il y a une semaine, j’aurais pu croire qu’il n’y avait aucun espoir pour Nelly, mais voir à quel point Fabian a été gentil et compréhensif avec les enfants aujourd’hui me fait douter. Peut-il vraiment être si impitoyable ? S’il comprenait que Nelly ne serait jamais aussi irresponsable, il montrerait sûrement un peu de clémence… Je dois essayer de l’aider, je ferais n’importe quoi pour ma sœur, même supplier un milliardaire impitoyable pour obtenir sa grâce.