Partie 9 - FAIT DIVERS (RECIT D’UN VOITURIER) Tenez, mon bon monsieur, dans ce petit bois, par delà la ravine, il est arrivé une histoire… Mon défunt père – que Dieu ait son âme ! – portait à son maître cinq cents roubles argent. Nos moujiks, et ceux de Chépéliôvka, affermaient alors les terres de leur propriétaire, et mon père lui apportait le loyer d’une demi-année. Mon père avait la crainte de Dieu, lisait les Ecritures, et à Dieu ne plaise qu’il eût fait de faux comptes à qui que ce soit ou eût profité de l’occasion pour le rouler. Aussi les moujiks l’estimaient-ils beaucoup, et, lorsqu’il y avait quelqu’un à envoyer en ville pour parler aux autorités ou porter de l’argent, c’est mon père qu’ils désignaient. Mon père sortait de l’ordinaire. Mais, soit dit sans lui faire offense, il av

