Chapitre 14

1462 Words
Arrivée au bureau, la secrétaire lui lança un sourire moqueur. — Le boss vous attend, dit-elle d’une voix faussement gentille. Flaviana haussa un sourcil, puis marcha d’un pas ferme jusqu’au bureau du patron. Elle ouvrit la porte sans frapper. — Vous avez manqué la réunion d’hier, lança le patron en s’appuyant sur son fauteuil. Il va falloir vous rattraper… — Vous êtes vraiment un sale pervers, lui coupa Flaviana d’une voix forte et glaciale. Le patron sursauta, surpris. — Comment vous parlez à… — Taisez-vous ! Vous couchez avec les filles pour leur donner des postes, vous vous croyez au-dessus de tout ! Je m’en fous de ce p****n de travail. Je démissionne. Elle jeta son badge sur le bureau et tourna les talons, le cœur battant à toute vitesse. En quittant le bâtiment, elle se sentit fière, enfin libérée d’un poids. En bas, sur le trottoir, elle croisa Silvano, les mains dans les poches, qui s’arrêta net en la voyant sortir. — Tu sors d’ici ? T’as l’air énervée… — J’ai démissionné, répondit-elle en soufflant. Je viens d’envoyer valser ce vieux porc. Elle lui raconta ce qui s’était passé. Silvano l’écouta attentivement, sans l’interrompre, puis hocha la tête. — T’as bien fait. Moi aussi, je suis sur le départ. Je monte ma boîte. Travailler avec lui, c’est fini. Ils se regardèrent, un petit moment de silence complice. — Bon… je vais y aller, dit Flaviana. — Bonne chance, lui répondit Silvano avec un petit sourire en coin. Elle fit quelques pas, puis se retourna. — Donne-moi ton numéro ? Silvano prit son téléphone, entra son contact, et répondit doucement : — Je t’appelle, c’est moi qui le ferai. Flaviana sourit, un vrai sourire. Elle s’éloigna, le cœur plus léger. Silvano était peut-être le seul homme qu’elle trouvait réellement… adorable. Ainsi, Flaviana avait tourné une page. Travailler dans un bureau, subir les regards, les sous-entendus, se plier à une hiérarchie d’hommes qui la voulaient plus qu’ils ne la respectaient… ce n’était pas pour elle. Elle avait essayé, sincèrement, mais au fond d’elle, elle le savait depuis le début : elle était née pour vivre différemment, pour se mouvoir dans un monde où les règles étaient les siennes, pas celles qu’on lui imposait. La semaine passée auprès du cheikh Khaled avait confirmé cette intuition. Il ne lui demandait rien d’autre que sa présence. Pas de sexe, pas d’attitudes déplacées. Il voulait sa compagnie, son sourire, ses conversations légères, sa beauté. Il la regardait comme une œuvre qu’on admire, non comme un corps à posséder. C’était rare, presque irréel. Seuls deux hommes dans sa vie lui avaient offert cette forme de respect désarmante : Silvano… et Khaled. Ce soir-là, ils dînèrent ensemble dans un restaurant discret mais luxueux, au sommet d’un hôtel cinq étoiles. La ville s’étendait sous leurs pieds comme un tapis d’étoiles. Khaled portait un costume ivoire sur mesure, son regard sombre et doux posé sur elle. Flaviana, dans une robe noire qui épousait ses formes à la perfection, jouait le jeu de la séduction. Elle riait un peu plus fort que d’habitude, effleurait son poignet au moment de prendre son verre, le regardait droit dans les yeux entre deux phrases. Elle avait ce don : créer une tension sans jamais la forcer. Khaled comprit. Il n’était pas naïf. Il savait très bien qui elle était, ce qu’elle avait traversé, ce qu’elle cherchait à obtenir… mais il sentait aussi que derrière cette sensualité affichée se cachait une jeune femme en quête de tendresse sincère, peut-être même de sécurité. Et c’est cette contradiction qui l’attirait. Ils quittèrent le restaurant sans un mot de trop. L’ascenseur les mena jusqu’à la suite du cheikh. Une fois à l’intérieur, les lumières tamisées, l’atmosphère feutrée, ils restèrent un instant debout, face à face. Puis, lentement, leurs lèvres se rencontrèrent. Ce fut un b****r profond, intense, presque silencieux. Pas de précipitation, pas de violence. Juste un désir mutuel de se découvrir autrement. Flaviana sentit cette chaleur rare, celle qu’on ne ressent pas avec les hommes qui la veulent trop vite. Khaled prenait son temps. Et cela changeait tout. Flaviana se surprit à s’abandonner, non pas pour l’argent, ni pour le jeu, mais parce qu’elle en avait envie. Parce que cet homme, contre toute attente, éveillait quelque chose qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps : le goût d’un lien sincère, peut-être même... la promesse d’un avenir où elle n’aurait plus besoin de jouer un rôle. Ils firent l’amour dans la suite, dans une obscurité luxueuse où seul le souffle de leurs corps résonnait. Ce n’était pas juste un acte, c’était une tension contenue, une danse silencieuse de domination et de plaisir partagé. Flaviana se montra telle qu’elle était vraiment : audacieuse, provocante, sans peur. Elle aimait mener le jeu, tester les limites, inverser les rôles quand l’homme en face croyait tout contrôler. Mais Khaled n’était pas un homme ordinaire. Il avait de la retenue, de la puissance maîtrisée, un calme troublant. Lorsqu’il prit les commandes, elle comprit qu’elle avait trouvé un égal. Leurs dialogues, parfois murmurés, parfois soufflés dans l’oreille, mêlaient provocation et respect. Il la traitait comme une femme libre, capable d’être soumise sans jamais être dominée. Et elle lui prouvait que le plaisir n’avait de goût que lorsqu’il était équilibré, consenti, électrisant. À l’aube, elle se réveilla dans ses bras. Ils échangèrent peu de mots. Un regard, un sourire, une phrase du cheikh : — On se reverra peut-être. Aucun "je t’appellerai", aucun "reste encore un peu". Juste cette promesse ambiguë, lancée comme un défi au silence du matin. Et c’était très bien ainsi. Flaviana quitta l’hôtel, toujours vêtue de sa robe noire. Dans le taxi qui la ramenait chez elle, elle fixait la ville à travers la vitre embuée. Elle ne regrettait rien. C’était ce qu’elle voulait. Ce qu’elle avait choisi. Ce qu’elle aimait. Les jours suivants passèrent rapidement. Elle reprit sa vie, se leva tard, fit quelques achats, retrouva Léandra. Elle ne parla à personne de cette nuit-là. Pas même à sa sœur. Mais souvent, alors qu’elle buvait un café ou qu’elle marchait dans la rue, elle repensait à la suite d’hôtel, au parfum musqué du cheikh, à sa voix grave lorsqu’il lui disait de ne pas détourner les yeux. Et à Dubaï, dans un gratte-ciel aux baies vitrées teintées, le cheikh Khaled, entre deux rendez-vous diplomatiques, laissait parfois son regard errer sur la mer en silence. Il pensait à elle. À cette italienne à la langue acérée et au regard brûlant, capable de transformer une simple nuit en souvenir obsédant. Ni l’un ni l’autre ne se l’avouait encore, mais ils savaient que ce n’était pas fini. Un jour, le cheikh invita Flaviana à le rejoindre à Dubaï puis au Qatar. — Je veux que tu viennes avec moi, dit-il doucement. Que nous passions du temps ensemble, que tu m’accompagnes dans mes voyages. Flaviana hésita un instant, puis accepta. — Très bien, répondit-elle. Je prépare mes affaires. Pendant un mois, Flaviana voyagea au gré du cheikh Khalid, qui lui offrait tout sans compter. Luxe, confort, attention… Elle n’avait jamais connu pareil traitement. Mais un jour, le téléphone sonna. C’était son père. — Flaviana, il faut que tu envoies de l’argent pour la famille, insista sa voix, pleine d’inquiétude. — Papa, répondit-elle calmement, je suis en voyage, je ne peux pas pour le moment. Les appels se multiplièrent, la pression monta. Épuisée, elle finit par en parler au cheikh. — Je dois rentrer en Italie, dit-elle avec regret. Il la regarda, compréhensif. — Alors, rentrons. Ainsi, ils prirent le chemin du retour. Dès son arrivée en Italie, Flaviana alla directement chez ses parents. Elle leur remit une enveloppe bien garnie, que son père prit en silence avant de la regarder droit dans les yeux. — Où est-ce que tu étais partie comme ça ? demanda-t-il d’une voix sèche. — En mission, répondit Flaviana en évitant son regard. Sa mère, plus douce, l’invita à rester. — Reste déjeuner avec nous, ma fille. Ça fait longtemps. — Non, maman. Je dois rentrer, répondit-elle, pressée. Puis elle se tourna vers Léandra, qui l’observait avec un sourire mêlé d’admiration et de reproche. — On rattrapera tous ces moments, d’accord ? promit Flaviana en la serrant dans ses bras. Elle s’éloigna, reprenant la route vers chez elle. Sur le trajet, elle fut surprise par un embouteillage anormal. Le taximan, un vieil homme nerveux, grommela en ralentissant. — Apparemment, y a eu un accident. C’est toujours pareil à cette heure-ci… Flaviana soupira, la tête appuyée contre la vitre. Elle venait à peine de se poser que son téléphone vibra. Un message de l’émir. Viens me voir à l’hôtel. J’ai envie de te voir. Maintenant. À peine arrivée chez elle, elle changea de tenue rapidement et prit la route de l’hôtel. A suivre
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD