Chapitre 3

1438 Words
Direction un club huppé qu’elle connaissait. Loin de la zone de Ruggerio. Un endroit où les hommes riches cherchaient à se distraire. Ce soir, elle ne cherchait pas de plaisir. Elle cherchait une opportunité. Un gros poisson. Quelqu’un qui paierait cher pour avoir Flavia. En sortant de sa chambre d’hôtel, Flavia referma lentement la porte derrière elle. L’écho de ses talons sur le carrelage du couloir résonna dans le silence du quatrième étage. À peine avait-elle fait quelques pas qu’elle croisa un couple, accompagné d’un garçon d’environ dix ans, qui sortait également de leur chambre voisine. La femme élégante, tirée à quatre épingles dans un tailleur beige crème la détailla de la tête aux pieds. Une moue de dédain lui tordit les lèvres en voyant la robe noire fendue de Flavia, le maquillage appuyé, les talons brillants et le regard affirmé. Le mari, lui, laissa son regard glisser sur ses jambes sans même chercher à le cacher. Il hocha presque imperceptiblement la tête, comme s’il validait silencieusement ce qu’il voyait. — Honteux, marmonna la femme tout bas, assez fort pour être entendue. Flavia la fixa un instant, sans dire un mot. Elle n’avait plus ni la force ni le cœur pour répondre. Elle savait ce qu’elle dégageait. Ce qu’elle portait. Ce qu’elle allait faire. Mais elle ne devait rien à personne. Arrivée devant les ascenseurs, elle appuya sur le bouton. Deux lumières rouges s’allumèrent. L’un des ascenseurs arriva le premier, et le couple s’y engouffra. La femme tourna brusquement la tête vers Flavia lorsqu’elle s’approcha. — Ce n’est pas possible. On est déjà trois, dit-elle sèchement, en serrant son fils contre elle. Flavia s’arrêta net, le visage impassible, le cœur serré. Elle recula d’un pas, se contentant de hocher la tête. Elle resta là, figée, pendant que les portes se refermaient. Mais avant qu’elles ne se ferment totalement, le mari glissa calmement : — J’ai oublié mon téléphone. Je vous rejoins en bas. Sans attendre la réponse de sa femme, il sortit prestement de l’ascenseur. La femme fronça les sourcils, surprise, mais n’eut pas le temps de protester. À ce moment précis, les portes de l’autre ascenseur, celui qui faisait face à Flavia, s’ouvrirent en silence. Elle y entra sans un regard pour l’homme resté dans le couloir. Mais elle sentait ses yeux sur son dos. Elle ne se retourna pas. Elle ne ralentit pas. Elle avait un objectif. Ce soir, elle allait vendre son image, mais elle garderait le contrôle. Et dans l’ascenseur, seule, elle se redressa, remit une mèche derrière son oreille et souffla : — Ce monde est sale. Et moi, je suis juste plus honnête que les autres. La porte de l’ascenseur était sur le point de se refermer, dans un glissement silencieux, lorsque soudain une main s’interposa. Elle se rouvrit brusquement. C’était lui. Le mari. Il entra dans la cabine avec un calme presque indécent, le regard planté dans celui de Flavia. Elle lui adressa un sourire rapide, nerveux, mais assumé. Lui, il lui rendit un sourire lent, épais, chargé de tout ce qu’il ne disait pas. Il ne regarda pas les boutons ni les étages. Juste elle. — On dirait que le destin est joueur, murmura-t-il. Flavia ne répondit pas. Ils n’en avaient pas besoin. Le silence qui suivit était électrique, saturé d’un désir brut, immédiat. Et comme si l’ascenseur n’était plus qu’un écrin suspendu dans le temps, il s’approcha. Elle ne bougea pas. Et quand leurs lèvres se touchèrent, ce fut comme une entaille dans la retenue. Brutale. Affamée. Inévitable. Il appuya sur le bouton d’arrêt d’urgence, et l’ascenseur se figea. Le néon au-dessus d’eux clignota faiblement. Il la plaqua doucement contre le miroir, glissant une main sur sa cuisse dénudée. Elle bascula la tête en arrière, ses ongles accrochés à son col, ses jambes encerclant sa taille. Ils firent l’amour là, dans ce carré métallique suspendu entre deux étages, comme s’il n’y avait plus ni lois ni barrières, seulement deux corps qui se reconnaissaient sans un mot. Quand tout fut terminé, l’homme replaça sa chemise, les mains tremblantes. Il jeta un regard admiratif à Flavia, les yeux brillants d'un désir encore vibrant. — T’es belle, murmura-t-il. Vraiment belle. Comment tu t'appelles ? — Flavia, répondit-elle sans détour, le souffle court mais le regard assuré. — Flavia… répéta-t-il, comme s’il goûtait chaque syllabe. Moi c’est Antonio. Un silence, chargé de tension. — Tu vas quelque part ? demanda-t-il, les mains dans les poches, comme s’il cherchait une excuse pour ne pas la quitter. — Je sors boire un verre, répondit-elle avec un sourire léger. Il hocha doucement la tête, puis, sans dire un mot, sortit quelques billets pliés de sa veste. Une liasse. Il la lui tendit calmement. Flavia fronça les sourcils, surprise. — Non, c’est bon, murmura-t-elle en reculant d’un pas, un peu désarmée. — Prends-les, insista-t-il doucement. C’est pas pour ce qu’on vient de faire. C’est… pour le reste de ta soirée. Le regard planté dans le sien, elle hésita, puis tendit la main. Leurs doigts se frôlèrent. Elle prit l’argent. Sans honte. Parce que ce soir, elle avait décidé de ne plus s’excuser. L’ascenseur s’ouvrit en un léger chuintement, et Flavia sortit, sa robe caressant doucement ses jambes alors qu’elle avançait d’un pas sûr. En passant devant l’accueil, son regard croisa de la femme de Antonio qui attendait, un sourire froid figé sur les lèvres. Sans hésiter, Flavia lui lança un sourire presque moqueur, un éclat de défi dans les yeux. Puis, d’un geste lent et délibéré, elle porta sa main à ses lèvres et essuya la trace rouge de son rouge à lèvres celle qui, malencontreusement, s’était débridée lors de leur étreinte dans l’ascenseur. Ce simple geste était un message clair, muet mais brûlant de vérité : Flavia savait ce qui venait de se passer. Et elle ne se cachait pas. Elle avait pris sa revanche, au cœur même de son jugement silencieux, avec une assurance que personne ne pourrait lui enlever. Flavia pénétra dans le club feutré, ce repaire où les riches hommes d'affaires venaient dépenser leur fortune et chercher distractions. Elle s’installa au bar, commanda un verre aux reflets ambrés, et s’assit en observant autour d’elle. Des regards insistants, des sifflements admiratifs, des sourires complices lui parvenaient, mais elle ne s’y attardait pas. Son attention fut attirée par un homme seul, attablé non loin, qui semblait plongé dans ses pensées. Elle le reconnut aussitôt : c’était Alessandro Vitale, l’un des clients VIP de Ruggerio, connu pour fréquenter régulièrement ce club. Alessandro avait souvent voulu Flavia, mais Ruggerio s’y était toujours opposé farouchement. Sans hésiter, Flavia s’approcha de lui. Il releva la tête, visiblement surpris de la voir ici. — Que fais-tu ici, Alessandro ? demanda-t-elle en croisant les bras. — J’aime changer d’endroit, répondit-il avec un sourire en coin, surtout quand je ne peux pas obtenir ce que je veux ailleurs. Flavia pencha légèrement la tête, un sourire provocateur aux lèvres. — Eh bien, tu peux l’avoir maintenant. Alessandro la regarda, amusé et intrigué, un éclat de défi brillant dans ses yeux. Flavia s’installa près d’Alessandro, jouant avec la paille de son verre, ses yeux brillants d’un éclat joueur. La conversation s’engagea, légère d’abord, puis de plus en plus intime, chargée de sous-entendus qu’elle lançait avec une aisance déconcertante. Elle le séduisait, délibérément, savourant l’effet qu’elle avait sur lui. Après quelques minutes, Alessandro se pencha vers elle, un sourire défiant aux lèvres. — Alors, prouve-moi que tu peux vraiment me plaire… Prouve que tu es à la hauteur. Flavia répondit en esquissant un sourire malicieux. — J’ai une meilleure idée. On va ailleurs, dans un endroit plus calme. Sans attendre, ils quittèrent le tumulte du club pour rejoindre une somptueuse villa aux abords de la ville. Lieu luxueux, chaque détail respirait la richesse extrême. Alessandro ouvrit la porte avec un geste naturel, confiant. — Ma femme et mes enfants sont en voyage, dit-il en s’effaçant pour la laisser entrer. Tu vois, ici, c’est chez moi. Flavia observa les pièces spacieuses, le mobilier élégant, la vue imprenable sur la ville endormie. Ici, les apparences n’avaient plus d’importance, seulement le jeu du désir et du pouvoir qui venait tout juste de commencer. Ils s’embrassèrent avec une intensité sourde, comme deux corps qui se connaissaient déjà sans s’être jamais touchés. Alessandro glissa ses mains sur sa taille, et Flavia, sans résister, se laissa porter. Elle n’était pas là que pour l’argent, même si c’était vital. Il y avait en elle cette soif de sensation, cette envie étrange de savoir ce que ça ferait, de sentir un autre que Ruggerio dominer son corps, et peut-être son esprit. A suivre
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD