Leo grimpa sur ses genoux pour lui montrer un dessin qu’il avait fait avec un bâton dans la terre. Sofia demanda une glace. Il leur céda tout, comme s’il rattrapait une éternité. Guilia, à quelques mètres, se tenait droite, les mains croisées sur ses genoux, l’impression d’être une étrangère dans une scène familiale dont elle était censée faire partie.
Vers 18h, Lorenzo reçut un message. Il jeta un œil à son téléphone. Raoul.
Il se leva doucement, embrassa ses enfants sur le front.
— On se retrouve à la maison, d’accord ?
— Tu pars déjà ? bouda Sofia.
— J’ai du travail, ma chérie.
Il fit un geste à Raoul. La voiture n’était pas loin. Il s’en approcha à grands pas.
Guilia se leva brusquement et le suivit. Sa voix claqua dans l’air comme un coup de vent.
— Tu vas voir ta p**e ?
Lorenzo s’arrêta net. Il se retourna lentement vers elle.
— T’es sérieuse là ? Arrête tes conneries, Guilia.
— Tu vas voir Sabrina, hein ? Je le sais. Si tu continues à aller voir cette g***e, je te jure… je vais la tuer.
Un silence tendu s’installa. Il la fixa longuement, les mâchoires serrées.
— T’es vraiment débile. T’es pas une tueuse.
— Tu crois ça ? Tu crois que je suis incapable ? murmura-t-elle avec un sourire amer. Tu me connais si peu.
Il souffla bruyamment, exaspéré, puis monta dans la voiture sans répondre.
— Lorenzo… ! appela-t-elle encore, mais la portière claqua.
Raoul démarra aussitôt.
Elle resta figée au bord de l’allée, les poings serrés, le cœur battant, regardant la voiture s’éloigner.
Le soleil était déjà bas à l’horizon, effleurant les stores du bureau. Amaya rangeait ses carnets, éteignait doucement ses lampes. Une journée dense, des confidences lourdes, des silences douloureux à accueillir.
Elle allait attraper son sac lorsqu’un déclic la fit sursauter.
La porte venait de s’ouvrir sans prévenir.
Un homme entra, sûr de lui. Grand, habillé d’un costume sombre, regard froid. Amaya s’immobilisa, la main encore posée sur le dossier qu’elle s’apprêtait à classer.
— Puis-je vous aider ? demanda-t-elle avec une prudence instinctive.
Il ne répondit pas immédiatement. Il la fixa, s’avança d’un pas lent. Et puis, sans détour :
— C’est vous la p**e qui envoie ma femme fouiller dans mes affaires ?
Amaya écarquilla les yeux.
— …Pardon ?
— Vous m’avez bien entendue, répondit-il. C’est vous, Amaya, la coach ? Celle qui se prend pour une sauveuse des femmes brisées ? Vous avez envoyé ma femme fouiller dans mon bureau, dans mon coffre-fort. Vous pensez avoir le droit de faire ça ?
Le nom claqua dans l’air comme un coup de vent glacé.
Elle fronça les sourcils, son cœur se serra un instant.
— Vous êtes… monsieur Moretti. L’époux de Guilia Moretti ?
Il ne répondit pas. Il alla s’asseoir lentement dans l’un des fauteuils en face de son bureau, comme s’il était chez lui. Amaya resta debout, le fixant, méfiante.
— Vous croyez être quelqu’un ? reprit-il. Vous pensez que vous avez le droit de rentrer dans la vie des gens, de manipuler des femmes fragiles et les monter contre leurs maris ? Vous n’êtes rien. Rien d’autre qu’un parasite. Vous avez mis des idées dans la tête de Guilia. C’est vous qui l’avez poussée à fouiller dans mon bureau. Vous la croyez forte maintenant ? Vous croyez qu’elle vous ressemble ?
Amaya se redressa, inspira.
— Monsieur Moretti, je vais vous demander de faire preuve de respect. Et de cesser immédiatement de parler ainsi de votre épouse. Si Guilia a agi, c’est parce qu’elle souffre. Elle a ses raisons. Elle cherche des réponses.
— Des réponses ? répéta-t-il en ricanant. Ce qu’elle cherche, c’est une excuse pour trahir. Pour fouiller. Pour se donner de l’importance. Tout comme vous. Vous voulez exister dans les histoires des autres. Vous ne supportez pas d’être dans l’ombre, alors vous vous glissez dans la vie des gens mariés, vous leur faites croire que vous êtes nécessaires. Mais vous ne l’êtes pas.
— Ça suffit, dit Amaya d’une voix ferme. Vous êtes grossier. Vous êtes intrusif. Et vous n’avez rien à faire ici. Je vous demande de sortir.
Lorenzo esquissa un sourire sans joie. Il se leva, lentement. Contourna le bureau avec une lenteur calculée, jusqu’à se retrouver face à elle.
— Vous avez fait une erreur, Amaya. Une très grosse erreur. En pensant pouvoir influencer Guilia. En pensant pouvoir l’éloigner de moi. En pensant pouvoir vous immiscer dans nos affaires. Vous allez le payer. Elle aussi.
Amaya le regardait droit dans les yeux. Un calme étrange s’était installé sur son visage.
— Pourquoi vous souriez ? demanda Lorenzo, agacé par cette sérénité qu’il ne comprenait pas.
— Parce que vous n’êtes pas le premier, répondit-elle simplement. Le premier mari à venir ici, en colère, blessé dans son ego, menaçant, croyant me faire peur. Vous êtes le même. Toujours le même.
— Je serai le dernier.
Amaya s’interrompit. Son regard se figea. Elle vit quelque chose dans les yeux de cet homme. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas encore nommer. Mais elle comprit qu’il ne plaisantait pas.
L’atmosphère était devenue électrique. Lourde.
Et le vrai jeu venait à peine de commencer.
Amaya le fixait, les pupilles dilatées, les mains encore prisonnières entre le mur et le torse imposant de Lorenzo. Il approchait son visage. Lentement. Elle sentait son souffle effleurer sa joue, chaud, troublant, dangereux.
— Qu’est-ce que vous faites ? murmura-t-elle, la gorge nouée.
Lorenzo ne répondit pas.
Et au fond, c’était bien ça le problème. Il ne disait rien. Mais tout dans son regard, dans la tension de ses bras, dans l’air brûlant entre eux, criait qu’il franchirait une ligne.
Amaya avait une boule au ventre. Ce genre de sensation qu’on déteste avoir. Parce que ce n’est pas de la peur. C’est autre chose.
Lorenzo Moretti était séduisant. Trop. Ça, elle le savait déjà. Elle l’avait deviné rien qu’en entendant son nom dans la bouche de Guilia. Et maintenant qu’il était là, devant elle, elle comprenait pourquoi sa cliente perdait le sens de la réalité. Cet homme était une tempête. Et son intensité était presque toxique.
— Vous êtes marié, souffla-t-elle. Vous devez respecter votre femme.
Lorenzo eut un sourire en coin, terriblement insolent.
— Arrête de fuir, Amaya. Je sais que tu me veux.
Elle serra la mâchoire.
— Oui, peut-être… Mais je sais me retenir. J’ai des principes. J’ai jamais eu de relation avec le mari d’une cliente. Et je n’en aurai jamais.
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase.
Les lèvres de Lorenzo s’écrasèrent contre les siennes.
C’était brutal. Féroce.
Et Amaya, malgré tout ce qu’elle s’était promis, répondit à son b****r.
Son cœur battait à tout rompre. Elle se détestait déjà. Mais elle s’abandonna à cette seconde d’égarement. Juste une seconde.
Lorenzo recula légèrement, leurs lèvres encore proches. Il la regardait comme un chasseur qui avait atteint sa cible.
— Tu disais ?
Son sourire la fit frissonner.
Amaya le fusilla du regard. Elle venait de comprendre. Il n’était pas simplement un homme marié, ni juste un mafieux ou un homme de pouvoir.
Lorenzo était ce genre d’homme qui brisait les règles. Qui vous faisait perdre tout repère. Le genre d’homme qu’on devrait fuir… mais qu’on aime quand même.
Et c’était ça, le plus dangereux.
Les lèvres de Lorenzo avaient effleuré la peau d’Amaya, juste sous l’oreille. Un b****r à peine murmuré, entre douceur et fureur contenue. Son souffle était chaud, irrégulier. Ses mains, elles, étaient devenues dangereusement précises.
Mais Amaya le repoussa. Brutalement.
— Stop !
Elle haletait. Ses mains tremblaient.
— Vous êtes marié, Lorenzo.
Il la fixa. Aucune honte dans ses yeux. Juste cette noirceur intense, insondable.
— Et alors ?
— Et alors ?! répéta-t-elle, la voix brisée. Vous êtes le mari de ma cliente. C’est immoral. Injuste. C’est tout ce que je combats.
Il s’approcha encore.
— Peut-être. Mais t’as envie de moi, Amaya. Arrête de mentir.
Elle détourna le regard.
Elle voulait fuir. Fuir cet homme. Fuir cette pièce. Fuir ses propres failles.
Mais elle ne bougea pas.
Parce que c’était vrai.
Lorenzo la touchait là où personne ne l’avait atteinte depuis longtemps.
— Tu me rends faible, murmura-t-elle. Et je déteste ça.
Il s’arrêta. Son regard se fit plus grave.
Puis, sans prévenir, leurs lèvres se retrouvèrent.
Ce n’était plus de la provocation.
C’était une déflagration. Sauvage.
Le genre de b****r qui ne laisse aucun doute.
Ils s’étaient perdus. Juste un instant. Mais assez pour savoir que rien ne serait plus comme avant.
Il la pénètre subitement et commence ses mouvements de va et vient brutalement. Le souffle court, le regard embué, Amaya avait du mal à croire ce qui était en train de se passer.
C'était sauvage. Brut. Animal. Et terriblement bon.
A suivre