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La louve et le guerrier briser

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Blurb

On dit que chaque loup naît avec une moitié d’âme, quelque part dans ce monde.Certains la trouvent tôt, d’autres la perdent trop vite. Et puis, il y a ceux qui pensent ne jamais pouvoir aimer de nouveau.Herman était de ceux-là.Guerrier d’élite au service de l’Alpha suprême, il avait tout connu : la gloire, la guerre, la loyauté. Et l’amour. Jusqu’au jour où le champ de bataille lui arracha ce qu’il avait de plus précieux son âme sœur, sa raison de combattre.Brisé, il jura de ne plus jamais poser une griffe sur un ennemi.Mais l’Alpha suprême ne pouvait se permettre de perdre un guerrier tel que lui. Alors, on lui confia une nouvelle mission : veiller sur sa fille, une enfant de dix ans, grassouillette, moquée, fragile. Sans pouvoirs, sans statut, sans place dans le monde. Juste une petite louve mal-aimée.Ce qui devait n’être qu’une tâche de routine devint une renaissance lente.Herman lui enseigna la force. Elle lui rendit la foi.Il la protégea du monde. Elle l’arracha à sa solitude.Et à mesure que les années passaient, elle grandissait. Et lui aussi.Mais pouvait-il vraiment aimer celle qu’il avait juré de protéger ?Et si le destin lui offrait une seconde chance aurait-il le droit de la saisir ?

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Le loup silencieux
Le vent hurlait sur les hauteurs de Drasven. Là où les arbres étaient noirs et noueux, où les pierres portaient encore les traces de griffes et de sang. Là où les souvenirs ne mouraient jamais vraiment. Herman fixait l’horizon, immobile. Sa cape lourde battait dans son dos, mais lui ne bougeait pas. Il ne bougeait plus depuis longtemps. Autrefois, il était la Terreur des Frontières, le Premier Croc de l’Alpha suprême, celui que l’on envoyait quand la diplomatie échouait. Il n’avait connu que la guerre, la rage et la loyauté. Puis elle était morte. Et tout ce qu’il avait été s’était effondré avec elle. Depuis deux ans, il vivait reclus dans l’une dans sa résidence au nord, loin des ordres, loin du clan, loin des hommes. Le monde pouvait brûler, il ne lèverait plus la patte. Mais ce matin-là, quelqu’un osa frapper à sa porte. Trois coups secs. Pas de soldat , pas de messager. Une fillette. Petite, ronde, les joues rouges d’avoir marché dans le froid. Elle leva les yeux vers lui avec une sorte d’admiration muette. Ses doigts potelés serraient la poignée d’un petit sac en toile rêche. — Tu es Herman ? demanda-t-elle d’une voix fragile. Il resta silencieux. — Je suis… envoyée par mon père. Il plissa les yeux. — Et ton père… c’est qui ? — L’Alpha suprême, répondit-elle en gonflant la poitrine. Et il a dit… que tu devais veiller sur moi maintenant. Un grondement sourd monta dans la gorge d’Herman , un ordre , encore . Même après tout ce temps, on venait le chercher , on venait l’arracher à ses ruines. — Je ne suis pas une nourrice, grogna-t-il. — Je sais, fit-elle doucement. C’est pour ça qu’il t’a choisi. Elle n’avait pas peur. Pas même quand il montra les crocs, pas même quand ses yeux brillèrent d’or. Elle le regardait comme on regarde une légende. Et ça le perturba plus que tout le reste. Il laissa le silence s’installer. Puis, contre toute attente, il ouvrit la porte en grand. — Entre, petite. Tu vas attraper froid. Le feu crachotait dans la cheminée , projetant sur les murs de pierre des ombres dansantes. Herman posa devant elle une assiette garnie de pain, de viande séchée et d’un petit bol de soupe encore fumante. Elle s’assit sagement sur le siège de la salle à manger , les pieds ne touchant même pas le sol. — Merci, souffla-t-elle avant d’engloutir sa première bouchée. Herman l’observait, adossé contre le mur, les bras croisés. Cette gamine n’avait rien d’impressionnant. Elle avait l’air douce, un peu maladroite, et pourtant… elle était calme. Trop calme. Comme si elle savait exactement où elle mettait les pieds. — Ton nom ? demanda-t-il. Elle leva les yeux, essuya sa bouche du revers de la manche. — Eléna, répondit-elle simplement. Eléna Tharok. Le nom claqua dans l’air comme une lame. Tharok. Le sang direct de l’Alpha suprême. Herman grogna dans sa barbe. — Et ton père ne s’est pas dit que c’était un peu dangereux de t’envoyer seule ici ? — Il a dit que si tu refusais, je devais rester quand même. Que tu ne laisserais jamais une enfant dormir dehors. Il s’écarta de la cheminée. Ce foutu Alpha connaissait trop bien ses faiblesses . — Bien sûr qu’il a dit ça… marmonna-t-il. Il passa la main dans sa chevelure sombre, puis attrapa sa lourde cape accrochée près de la porte. — Termine ton repas. On part dans une heure. — On va où ? demanda-t-elle, une goutte de soupe au coin des lèvres. — Chez ton père. J’ai deux mots à lui dire. Elle sourit doucement. — Tu ne vas pas le mordre, hein ? Herman s’arrêta. Un éclat d’amusement passa dans son regard, fugace. — Pas cette fois. Elle éclata de rire. Un rire clair et chaud qui résonna dans la vieille maison, chassant, l’espace d’un instant, les fantômes accrochés aux pierres. Il aurait aimé détester ce rire. Mais il n’y parvint pas. Ils quittèrent la maison avant l’aube. Le ciel était encore noir, percé de quelques étoiles timides. Le froid mordait les doigts, piquait les joues, et chaque pas faisait craquer la neige gelée sous leurs bottes. Eléna trottinait à côté de lui, enroulée dans un manteau trop grand. Ses bras dépassaient à peine des manches, mais elle avançait sans se plaindre. Herman, lui, marchait sans un mot, ses yeux dorés balayant les alentours avec la vigilance d’un loup de guerre. Le silence entre eux était pesant. Non pas hostile, mais… dense. Comme si les mots n’avaient pas encore leur place. Au bout d’un moment, ce fut elle qui brisa la glace. — C’est vrai que tu as tué huit Ombras à toi tout seul ? Il ne répondit pas. Ses yeux restaient fixés droit devant. — Et que tu as mordu le bras droit de l’Alpha de Brynloar ? demanda-t-elle encore. — Je l’ai arraché, pas mordu. Elle cligna des yeux. Puis hocha la tête, impressionnée. — Est-ce que ça fait mal, de se transformer ? D’être… entre les deux ? Cette fois, il ralentit à peine. Puis répondit, d’un ton grave : — Moins que de perdre quelqu’un. Elle baissa les yeux, touchée sans comprendre tout à fait. Ils marchèrent encore longtemps. Le vent soufflait à travers les arbres nus, hurlait comme les voix d’un ancien passé. Les loups de la région restaient silencieux. Même eux savaient reconnaître la présence d’Herman. Eléna finit par grimper sur une souche, peinant à suivre le rythme. — Tu marches trop vite, grogna-t-elle. Il s’arrêta, croisa les bras. — Tu crois que les ennemis vont t’attendre ? — Y’a pas d’ennemis ici, répliqua-t-elle. Juste de la neige et des branches qui fouettent la figure. Il plissa les yeux. Puis s’approcha lentement… et, sans prévenir, la hissa sur ses épaules. Elle lâcha un cri de surprise, agrippée à lui comme un chaton. — Je suis pas un bébé, grogna-t-elle. — Et moi je suis pas un mulet. Alors tu te tiens tranquille ou je te laisse dans un congère. Elle rit encore. Un son qui se faufilait entre les sapins gelés comme un feu minuscule dans le froid. Herman ne souriait pas. Mais quelque chose, en lui, s’était relâché. Juste un peu. Et pendant ce trajet entre les arbres, entre le deuil et la promesse, quelque chose de fragile avait commencé à naître. Puis la petite parla encore . - dis t’as quel âge ? Voyant qu’il ne répondait toujours pas elle pris les devants . - moi j’ai dix ans et toi ? Il eu un rire presque sarcastique avant de lui répondre . - j’ai vingt quatre ans maintenant tais-toi .

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