La Bataille d'une mère

Chapitre 3

Chapitre 3

Yacine : tu as fini le linge maman ?

Moi : non ma chérie, il me reste quelques habits. Bébé Khadija s’est réveillée?

Yacine : nono

Moi : ok d’accord, retournes surveiller les jumelles.

Je me suis réveillée très tôt ce matin pour faire le linge. Avec les enfants, il y’a toujours à faire en plus de mes habits, c’est pas chose facile mais heureusement que je me suis levée assez tôt, parce que je finis bientôt sinon j’y aurai passé la journée.

Éclipse du temps :

Beau-père : alors Rabyatou comment vas tu ?

Moi (repassant les habits) : ça va al hamdoulilah .

Beau-père : hum, tu en es sûre ?

Moi : oui oui

Beau papa : il s’est passé quelque chose pendant mon absence ?

Moi (souriante) : non papa

Beau-papa : tu me le diras si quelque chose ne va pas ?

Moi : bien sûr que oui

Beau-papa est de tour aujourd’hui, ce qui est une source de paix et de bonheur pour moi et mes enfants. Lorsqu’il est présent, personne n’ose s’en prendre à moi ou à mes enfants avec leur longue bouche. C’est pour cela qu’à chaque fois je guette bien ses tours à la maison. Il chouchoute très bien ses petites-filles qu’il gâte énormement.

****

Après le dîner, j’étais entrain de ranger les habits lorsque une sonnerie de téléphone s’est faite entendre. Comme il ne s’agissait pas de mon téléphone, j’ai pensé que c’ést mieux de ne pas y toucher mais au bout de quelques minutes le propriétaire ne semblait pas être dans les parages, je me dis qu’il vaut mieux le prendre. Je voulais juste le mettre en mode silencieux lorsque je vois la notification d’un message.

Notification S M : J’ai faim de t...

Je repose le téléphone avec les mains toutes tremblantes, je reconnais le second phone de Malik, celui qu’il a acheté depuis quelques temps. Je ne me suis jamais demandée ce qu’il fabriquait avec un nouveau mais j’avais déjà ma petite idée. Alors que j’allais tourner les talons et aller m’occuper de mes affaires, la curiosité m’emporte sur la conscience ainsi je reprend le téléphone qui je remarque n’a pas de code.

Bizzare

Mais comme j’ai déjà lu la notification j’appuis sur, et voilà les messages qui défilent..

~ma femme est mauvaise, elle ne fait rien pour moi. Dès que je quitte le bureau, c’est les cris et les disputes qui m’accueillent à la porte~

~ohh désolée pour toi dudu~

~tu ne sais pas combien je regrette de l’avoir épousé, à part être fainéante et insolente, elle n’a aucune qualité que des défauts. Si je t’avais rencontré en premier, hum ~

~oh dudu , je te promet que si tu m’épouse, je te rendrai vraiment heureux. ~

~je n’en doute pas une seconde avec tes tours de reins, la dernière fois j’ai failli avoir l'avc.~

~oh attends encore, la prochaine fois j’en ferai beaucoup +++~

~alors on doit se voir au plus vite ma petite princesse ~

~tu as ce que j'avais demandé ? ~

~bien sûr alors les portes du paradis s’ouvrent à moi ? ~

~~

J’ai du dégoût en lisant ces sms qu’il échange avec ces filles qui croient tout ce qu’il leur dit. Et depuis quand il a un bureau ?

Donc c’est ce qu’il raconte pour les avoir ces filles, je m’occupe mal de lui, que je ne suis pas une bonne femme ?

Ehh l’ingratitude de l’homme n’a jamais de mesure dis donc.

****/

QUELSQUES JOURS PLUS TARD.

Oh je suis bien heureuse aujourd’hui d’accueillir un membre de ma famille chez moi. Il s’agit de la grande sœur de ma mère, qui au début n’approuvais pas du tout mon mariage avec Malik. Mais en la voyant aujourd’hui assise dans ma chambre, je me dis qu’elle a peut être changé d’opinion .

Moi (lui tendant le verre d’eau) : bienvenue ma tante.

Elle : merci ma fille.

Moi (m’asseyant) : et la famille ?

Elle : tout le monde va bien, et toi ici tout se passe bien ?

Moi : al hamdoulilah ma tante.

Elle : Rabya, regardes moi (levant la tête) tout va bien ici ?

Moi (soufflant ) : on fait avec

Elle : c’est ce que je pensais bien.

Moi : …

Elle : je suis au courant de tout Rabya.

Moi :

Ma tante : hum, on me dit tout ce que tu vis dans cette maison.

Moi : hmm

Elle (me toisant) : n’est-ce pas que ta belle-famille te mène la vie dure ? En plus de ton mari ?

Moi : ma tant…

Elle lève la main et me coupe la parole.

Elle : ta mère ne tient les deux bouts que grâce à ses tontines et son boulot de vendeuse de produits, j’espère que tu ne tiens pas à lui causer plus de soucis qu’elle n’en a déjà ?

Moi : je n’ai encore rien dit au sujet de ce qui se passe vraiment avec Malik, mais depuis quelques temps, je pense à y remédier.

Elle (levant les yeux) : et tu vas faire quoi dis moi ? À part la stresser parce qu’il n’y a pas trente six solutions. Un : tu restes dans ton foyer et ta mère se souciera à tout moment sur ton état.

Moi : …

Elle :deux : tu divorces et ramènes avec toi tes quatres filles, ce qui fera cinq bouches de plus à nourrir en plus des budgets que je gère ton petit frère à la maison. Tu crois qu’ils y arriveront?

Moi : mais…

Elle : Rabya ce mariage, c’est toi qui l’as voulu alors acceptes et assumes. Ta mère ne porte plus de beaux boubous ni de bijoux, tout ça à cause de toi.

Moi (baissant la tête ) : …

Elle : tu sais tous les sacrifices qu’elle fait pour toi ? Juste pour que tu n’envies aucune de tes semblables ?

Moi : je sais

Elle : alors je ne veux pas entendre sortir de ta bouche le mot divorce. Si tu nous avais écouté, tu ne serais pas là aujourd'hui, bref c'est parce que ta mère se soucit de toi qu'elle m'a demandé de passer te voir comme j'habite plus proche. Elle pensait sûrement que tu t'ouvriras plus à moi qu'à elle.

Moi : ne lui dit rien.

Elle (se levant) : pas de doute la dessus, je n'ai pas envie de lui encore plus souffrir. Je saurais quoi lui dire.

Moi : tu ne restes pas ?

Elle : non je dois passer chez ta mère.

Bon si la majorité des gens pense que les choses pourraient être simple chez moi. C’est faux, oui il fut un temps, c’était la belle vie, le rêve mais plus depuis quelques années. Mon père a pris sa retraite depuis des années et c’est l’un de mes frères qui subvient aux besoins du reste de la famille. Mon autre frère lui a démissionné depuis son envol pour les États-Unis, il répète que ce n’est pas la belle vie là bas.

Ma mère aussi à ses périodes aidait la famille avec ses petits commerces mais les choses ne marchent plus comme avant. Elle tient les deux bouts mais juste comme ça. Elle se sacrifie beaucoup pour moi.

Je sais déjà ce qu’elle aurait dit si je lui avais narré mon vécu de tous les jours.

///----///

Maman : pourquoi tu m’as caché tout cela ?

Moi (pleurant) : j’avais peur que tu sois déçue maman ou que tu me demandes de rester dans ce mariage .

Elle : comment ça rester ? tu ne passeras pas une nuit de plus dans cette maison.

Moi : qu’est-ce que je dois faire ?

Elle (se levant) : prépares tes affaires et ceux des enfants,  je verrai qui aura quelque chose à dire.

Moi : tu en es sûre et papa ?

Elle : quoi ton père ? Vas préparer tes affaires.

///----///

*********

LE LENDEMAIN

Avec l’argent que m’a donné ma mère qui s’élève à trente cinq milles francs, je me suis réveillée avec la ferme intention de faire quelque chose. Comme mon budget est limité, j’ai décidé d’aller acheter quelques marchandises au marché célèbre de ‘’Sandika'' là où on vend tous les petits commerces. Des mangues, des oranges, des sucettes, des chocolats…

Comme je n’ai aucune idée sur comment ça se passe, je me suis laissée guider par une femme expérimentée qui m’a conseillé d’acheter surtout les sucettes et les petits biscuits, les préférés des enfants et que ça se vendra beaucoup plus vite. C’est ainsi que je me suis laissée faire en achetant un peu de tout.

La dame : si tu as le temps, il faut aller vendre ça devant les écoles ou les coins de jeu des lieux où fréquentent les enfants, ça se fera plus vite.

Moi : merci beaucoup.

Elle : et si tu es chez toi, poses le juste devant la porte. Les enfants viendront comme des aimants.

Moi : merci beaucoup

Elle : de rien, que le Seigneur t’assiste.

Moi : amine.

****

Arrivée chez moi, comme elle me l’a demandé, je divise les produits avant de les placer sur une petite table qui me servait à rien dans ma chambre. J’étais en train d‘arranger le tout lorsque j’entend une voix bien connu.

Malik : c’est quoi ça ?

Moi : ma marchandise.

Lui : et tu penses faire quoi avec ?

Moi (le regardant) : bien évidemment les vendre.

Lui : haha tu es sérieuse ?

Moi (les mains sur les hanches) : très même.

Alors que j’allais détacher un nouveau sachet de biscuits, je le vois donner un grand coup de pied sur la table, qui se renverse à moitié. Les gens qui étaient entrain de passer, se mettent d’un coup à nous jeter des coup d’œil.

Lui (criant presque) : tu veux gâter mon image, c’est ça han. Tu veux qu’on rit de moi ?

Moi (ramassant mes produits) : Malik, ne me provoques pas deh

Lui : sinon ?

Moi (remettant tout sur le plateau) : je te jure que tu n’as pas intérêt à le refaire.

En moins de deux voilà sa mère qui se ramène.

Belle-maman (devant nous) : il se passe quoi ici ?

Malik (me montrant du doigt) : tu vois maman, tu vois

Belle-maman (regardant son fils) : eh moi qui pensait que c’est toi qui lui as donné l’argent pour...

Malik (grimaçant) : mon argent pour acheter ça ? Tu me connais mal donc.

Belle maman (souriante) : c’est ce que je me disais même.

Malik (à moi) : après avoir ramassé tout ça, vas vite les jeter à la poubelle.

Moi : rêves bien

Il allait s'approcher de moi lorsque sa mère le retient.

Belle-maman : eh laisses la, si elle veut vendre. Laisses ! On verra où ça va la mener avec sa toute petite marchandise.

Elle disait cela tout en montrant la marchandise du doigt.

Malik : mais maman…

Belle-maman (le tirant) : viens mon chéri, laisses la, oh ne te fatigues pas, d’ici quelques jours, c’est elle-même qui abandonnera. Ce genre de truc ne rapporte que des miettes.

Même si ça rapporte que des miettes, j’ai envie de lui dire que ça me va. Pff et ce petit bouffon, tchipp. J’ai le cœur qui chauffe rien qu’en pensant à lui. Non plus maintenant, je suis déterminée à faire face, je ne les donnerai plus satisfaction de se moquer de moi. Je suis décidée à leur prouver que les choses pourraient être différentes à partir de cet instant.

Je ne baisserai pas les bras, je ne me laisserai plus faire, cette fois j'irai jusqu'au bout.

Bonne lecture mes cocos bisou de moi