Le patriarche était comblé de bonheur d'avoir été le père de cinq enfants, dont trois étaient des filles et deux des garçons. Parmi eux, son aîné, Alphonse Fieber, se distinguait par sa grande bonté et sa profonde compassion envers autrui. Il était un homme au grand cœur, toujours prêt à aider ceux qui en avaient besoin.
Sa femme, hélas, n'avait pas eu la chance de concevoir un enfant biologique, ce qui avait provoqué chez eux un sentiment de manque et un désir ardent de fonder une famille. Confrontés à cette situation, ils avaient décidé d'opter pour l'adoption. Ce choix s'était tourné vers un enfant nommé Didas Fierber. Cette décision s'était révélée être une source de bonheur incommensurable pour eux, apportant une immense joie non seulement à Alphonse et sa compagne, mais également à toute la famille qui avait accueilli ce nouvel être avec enthousiasme et amour. L’adoption avait permis à leur foyer de s’agrandir et d’enrichir leur vie de la présence d’un enfant qu’ils chérissaient profondément.
Le deuxième fils, Gustave Fieber, était un homme profondément dévoué et empreint d'amour. Sa vie avait été marquée par la perte tragique de sa femme, décédée plusieurs années auparavant après avoir combattu une maladie qui avait duré longtemps. Malgré cette épreuve difficile, Gustave avait eu la chance de partager des moments précieux avec elle avant son départ, ce qui lui apportait un certain réconfort. Ensemble, ils avaient eu un fils qu'ils avaient prénommé Grégory, un rappel vivant de leur amour et de leur union. Grégory représentait pour Gustave une source d'espoir et de joie, lui offrant un sens à sa vie au milieu de la douleur du chagrin. .
En ce qui concerne les filles de ce patriarche, la première d'entre elles se prénomme Ashley. Elle a construit sa propre famille et est devenue mère d'un garçon qu'elle a nommé Xavier. Cependant, après quelques années de mariage, Ashley et son époux ont traversé des difficultés qui les ont conduits à divorcer. Suite à cette séparation, Ashley a dû faire face à la nécessité de retourner vivre dans la maison familiale avec son fils.
Ashley se distinguait nettement de ses frères et sœurs par son comportement, qui était assez singulier. Contrairement à eux, elle ne semblait pas véritablement proche de sa fratrie, et entre eux, les relations étaient souvent marquées par des tensions sous-jacentes. Malgré les liens du sang qui les unissaient, l’atmosphère entre Ashley et ses frères et sœurs était plutôt froide et empreinte de discordes, ce qui créait un climat délicat au sein de la famille.
Quant aux deux autres filles jumelles du patriarche, Mélanie et Mélissa, elles avaient toutes deux eu la chance de se marier d'être mères. Chacune d'elles avait eu deux filles.
Conformément aux traditions établies au sein de cette famille, le premier petit-fils qui naîtrait du fils de la lignée serait considéré comme le probable héritier de la famille. Cette règle avait été transmise de génération en génération, solidifiant ainsi un certain ordre dans la succession familiale.
Dans ce contexte délicat, Alphonse, quant à lui, ne s'était jamais réellement investi dans les questions liées à l'héritage laissé par son père. Il avait toujours considéré ces enjeux comme étant d'une complexité qui le dépassait et avait préféré se concentrer sur d'autres aspects de sa vie. Pourtant, il était parfaitement conscient que son enfant adoptif, qui avait toute sa place dans son cœur, n'aurait pas vraiment l'opportunité de bénéficier d'une situation avantageuse dans cette saga successorale.
En effet, s'agissant d'Ashley, il est important de noter que son fils était plus âgé que Grégory, car elle avait contracté mariage peu avant son frère. Cette situation créait un décalage d'âge entre les deux enfants. De surcroît, le fait que Xavier, le fils d'Ashley, soit également plus âgé que Grégory, renforçait la conviction d'Ashley selon laquelle ce dernier serait destiné à devenir le principal héritier de la famille.
Cependant, malgré cette croyance, elle était consciente que sa certitude pourrait être mise à mal à l’avenir. En effet, elle savait que seuls les petits-fils nés de fils de la famille avaient droit à l'héritage, ce qui plaçait Grégory dans une position avantageuse, et risquait de contrecarrer les attentes qu'elle avait pour lui.
Gustave, de son côté, ne s'inquiétait pas trop à propos de l'héritage familial. Il était fermement convaincu que son fils Grégory représentait l'héritier idéal de la lignée des Fieber. En effet, Gustave était le seul enfant mâle de la lignée Fieber à avoir eu un fils biologique, ce qui le plaçait dans une position particulièrement favorable pour recevoir l'héritage familial.
Mélanie et Mélissa, pour leur part, n'avaient jamais ressenti le besoin de s'angoisser à propos de l'héritage laissé par leur père. La raison en était simple : toutes deux n'avaient donné naissance qu'à des filles. Cela les éloignait donc des préoccupations liées à la transmission du nom et des biens familiaux, une réalité qui semblait davantage concernée par la descendance masculine.
Toute la famille était confortablement installée autour de la table, savourant un repas dans un silence absolu, ponctué uniquement par le léger tintement des couverts. L’atmosphère était paisible, chaque membre de la famille se concentrant sur son assiette, lorsque soudain, le calme fut brutalement interrompu par la sonnerie stridente d’un téléphone.
Monsieur Moore, visiblement agacé, fronça les sourcils et déposa sa cuillère avec un bruit sec sur la table. Fixant ses proches d’un regard courroucé, il cherchait du regard l'origine de cette interruption indésirable. L’expression sur son visage trahissait son irritation ; il voulait désespérément savoir qui, parmi eux, avait eu l’audace d'apporter un téléphone à table et de troubler ce moment de quiétude.
Le bruit strident s'échappa de la poche de Grégory, interrompant le calme qui régnait autour de la table. Malchanceux, ce dernier avait malheureusement omis de laisser son téléphone dans sa chambre avant de descendre pour aller se restaurer. Cette négligence ne passa pas inaperçue.
— Quelle insolence !! s'exclama Monsieur Moore, se redressant brusquement et frappant sa main avec force sur la table, ce qui fit vibrer les assiettes et fit sursauter quelques convives. L'alerte était donnée et la tension monta d'un cran. Tremblant de nervosité sous le regard réprobateur de son grand-père, Grégory s'empressa de sortir son téléphone de sa poche. D'un geste maladroit, il le déposa sur la table, en évitant de croiser le regard de Monsieur Moore.
Se hâtant ensuite vers son grand-père, il s'inclina avec respect, son cœur battant la chamade.
— Excuse-moi, grand-père, je te prie de m’excuser, j'ai oublié de le laisser dans ma chambre avant de descendre, balbutia-t-il avec une sincérité palpable dans la voix, conscient de la gravité de son acte et espérant préserver le calme dans l'atmosphère tendue.