Alina
La boue me colle à la peau, glaciale, pendant que Damon me contemple, debout, impassible, comme s’il décidait s’il allait me tuer ou me garder.
Chaque battement de mon cœur est une imploration silencieuse. Mon souffle court, mes membres tremblants, tout en moi crie la faiblesse.
Et lui, il s'en repaît.
— Relève-toi, ordonne-t-il de nouveau, sa voix rauque fendant la nuit comme un fouet.
Je tente de me redresser. Mes bras flanchent. Mes genoux s'enfoncent dans la terre détrempée. Je suis ridicule. Misérable. Et je sais que c’est ce qu’il veut. Qu’il veut me voir me battre en vain contre ma propre impuissance.
Un grognement frustré roule dans sa poitrine. En deux enjambées, il est sur moi, m’empoignant sans ménagement par les cheveux, m'arrachant un cri étranglé.
Il tire, forçant mon visage vers le sien, si proche que je peux voir la lueur de mépris danser dans ses yeux de fauve.
— Tu n’as même pas la dignité de te tenir droite, murmure-t-il à mon oreille. Tu n'es rien. Moins qu'une louve. Moins qu'une chienne.
Ses mots me déchirent de l'intérieur. Ils lacèrent mon âme comme des griffes invisibles, ne laissant derrière eux que des lambeaux de fierté arrachée.
D'un geste brutal, il m'oblige à me mettre à quatre pattes devant lui, la tête plaquée contre la terre froide et humide.
— Voilà ta place.
Je mords la terre pour ne pas hurler de honte.
Son pied nu vient heurter mes flancs, me forçant à m'écarter davantage, m’exposant dans une position obscène.
Ses doigts rudes tracent une ligne lente le long de ma colonne, s'arrêtant sur la courbe de mes reins. Je sens son souffle brûlant sur ma peau nue, sa présence immense, étouffante.
— Ton corps se tend pour moi, murmure-t-il, moqueur. Même brisée, tu m'appartiens déjà.
Il rit, un son bas, rauque, déchirant, dénué de toute douceur. Ce n'est pas un rire humain. C'est celui d'un prédateur qui joue avec sa proie.
— Tu crois que c’est la fin ? Non, Alina. C’est le début de ta dévotion.
Il me repousse rudement sur le dos, m'exposant sans la moindre pitié. Je tente de cacher mon corps meurtri, d’enrouler mes bras autour de moi, mais ses mains de fer écartent mes poignets sans effort.
— Ne cache rien. Tu n'as plus de secrets.
Ses yeux embrasent ma peau nue d'une violence insupportable. Chaque regard est une morsure, chaque seconde un supplice.
Il se penche, ses lèvres à peine effleurant ma clavicule, déposant un b****r qui n'a rien de tendre. Il mord, doucement, juste assez pour laisser une marque, pour me rappeler que je ne suis plus libre.
Puis il se redresse, dominant, souverain.
— Rampe.
Je cligne des yeux, incapable de comprendre, mon esprit saturé d'humiliation et de peur.
— Rampe jusqu'à moi. Montre-moi ta soumission.
Un rire cruel accompagne son ordre. Autour de nous, la forêt semble retenir son souffle, complice silencieuse de ma déchéance.
Je reste figée. Mon orgueil se débat encore, une faible flammèche sous la tempête.
Un éclair de rage traverse ses yeux. En une fraction de seconde, il est de nouveau sur moi. Sa main claque contre ma joue avec une brutalité calculée, assez forte pour me faire chanceler, pas assez pour me briser complètement.
— RAMPE, gronde-t-il d'une voix gutturale.
Le goût métallique du sang envahit ma bouche. Des larmes brûlantes embuent ma vision.
Alors, lentement, honteusement, je m'étire sur le sol, rampant dans la boue et les feuilles mortes, traînant mon corps humilié vers lui. Chaque mouvement est une gifle infligée à ce qu’il reste de mon orgueil.
Je sens chaque regard de Damon peser sur moi, le plaisir cruel qu'il tire de ce spectacle indigne.
Lorsqu'enfin j'atteins ses pieds nus, je n'ose lever les yeux.
Son silence est pire que ses coups.
Longtemps, il me laisse là, offerte, soumise, piétinant mes derniers lambeaux de dignité par son simple mépris.
Puis il s'agenouille devant moi, m’attrape par le menton avec une douceur cruelle, et me force à le regarder.
— Regarde-moi, ordonne-t-il, sa voix tombant comme un couperet.
Je le fais. Mon regard rencontre le sien. Et dans cet échange, je sens mon âme vaciller.
Ses pouces caressent mes pommettes, essuyant les traces de sang et de larmes avec un soin sinistrement tendre.
— Voilà... murmure-t-il. C’est ce regard que je veux voir. Celui de la peur mêlée de soumission.
Je détourne les yeux, incapable de soutenir cette lumière sadique.
Son étreinte se resserre, douloureuse.
— Non. Regarde-moi. Regarde ton maître.
Le mot claque dans l'air comme un fouet. Ma gorge se serre d'horreur.
Ma bouche s'entrouvre pour protester, mais aucun son n'en sort.
— Tu es à moi, susurre-t-il. Corps et âme.
— Non, je murmure, un dernier éclat de rébellion.
Son sourire est froid, dénué de toute pitié.
— Si, petite chose. Et je vais te le prouver. Nuit après nuit. Jusqu'à ce que tu supplies d’être marquée. Jusqu'à ce que tu mendies ma morsure comme une bénédiction.
Il se penche, ses lèvres effleurant ma gorge palpitante, là où le sang bat affolé sous ma peau.
— Je vais te casser... lentement. Doucement. Jusqu'à ce que tu n'aies plus de volonté que la mienne.
Ses dents frôlent ma peau. Il ne mord pas. Pas encore. Il veut que j'attende. Que je craigne. Que je désire presque.
Et je sais, dans l’effroi glacé qui s’empare de moi, qu'il tiendra sa promesse.
Et pire encore — qu’il prendra plaisir à le faire.