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Jeanne

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Extrait : "Le village de Coursy est le premier qu'on rencontre en sortant de la forêt d'Orléans quand on vient de Fay-aux-Loges. C'est un bourg d'une centaine de feux, habité par quelques laboureurs et un plus grand nombre de bûcherons, marchands de bois et autres gens de forêt. Le premier dimanche d'octobre 1848, c'était la fête patronale du pays. La secousse révolutionnaire ne s'était pas trop fait sentir dans le pays..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

● Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.

● Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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I
I Ce n’était pas par un beau dimanche, mais par un soir d’hiver triste, pluvieux et froid, que deux gendarmes chevauchaient. Ils avaient déployé leur large manteau bleu qui couvrait la croupe de leurs chevaux, relevé le collet pour garantir leur cou, et ils baissaient la tête devant la pluie fine et serrée qui leur fouettait le visage. – Chien de temps ! dit le brigadier. – Temps de chien ! répéta le simple gendarme, écho fidèle de son supérieur, comme le Pandore de la romance de Nadaud. – As-tu vu la borne kilométrique que nous venons de passer ? – Je l’ai vue, mon brigadier, mais il fait trop noir pour voir le numéro. – Il y a bien une demi-heure que nous avons quitté la Cour-Dieu ? – Une demi-heure environ, mon brigadier. – Temps de chien ! répéta le brigadier. – Chien de temps ! fit le simple gendarme. Il y eut un silence ; et, dame ! même quand on est gendarme, c’est-à-dire un héros modeste toujours prêt à sauvegarder la propriété et à donner sa vie pour l’ordre social, on n’est pas enclin à la causerie quand on chevauche par la pluie et le vent, et par une nuit noire, sur un chemin détrempé, au beau milieu de la forêt d’Orléans, entre Pithiviers et la Cour-Dieu. Enfin, le brigadier reprit : – Eh ! Poliveau ? – Mon brigadier ? répondit le simple gendarme qui répondait à ce nom. – Quand tu verras une nouvelle borne tu regarderas. – Oui, mon brigadier, je regarderai, et puis ? – Tu descendras de cheval. – Oui, brigadier. – Et tu tâcheras de voir le numéro. Je ne suis pas fâché de savoir combien nous avons encore de kilomètres d’ici à notre soupe. – Ma foi, brigadier, dit Poliveau le gendarme, abandonnant un moment son rôle d’écho fidèle pour prendre une initiative, je n’ai pas besoin de cela. – Tu n’as pas besoin de descendre de cheval ? – Ce n’est pas ce que je veux dire. Je n’ai pas besoin de regarder le numéro de la borne pour le savoir. – Et comment t’y prendras-tu, camarade ? – Je ne peux pas bien juger pour le moment, vu que nous sommes en plein bois ; mais il m’est avis que nous ne sommes plus bien loin d’un endroit qu’on appelle la Belle-Croix. – Fort bien. Et il y a une croix ? – Certainement. – C’est vrai, je l’ai remarqué ce matin. Mais une croix n’est pas une borne kilométrique, gendarme Poliveau. – C’est vrai, brigadier, mais à dix pas de la croix, il y a une borne. – C’est différent. – Et cette borne porte le n° 15. – Cré nom ! dit le brigadier, un joli ruban de queue, et pas une maison, pas un cabaret pour se réchauffer d’un verre de vin. – Tenez, reprit le gendarme Poliveau, je vois la croix. Regardez… là… sur la droite. – Ah ! oui ! – Et la borne… – Moi, j’en vois deux, dit le brigadier. – Vous voyez deux bornes ? – Oui, une à gauche, l’autre à droite. – Alors, vous voyez double, mon brigadier, sauf le respect légitime que je dois à mon supérieur. – Mais non, dit le brigadier en étendant la main ; là, sur la gauche, au bord du fossé… – Bon ! – Ne vois-tu pas quelque chose de blanc ? – C’est ma foi vrai. Qu’est-ce que ça peut donc bien être ? Comme le gendarme Poliveau disait cela, son cheval pointa les oreilles et s’arrêta court, manifestant une certaine émotion. Le cheval est un des êtres de la création dont l’ouïe est le plus développée. Le cheval du gendarme avait entendu un bruit lointain, si faible, si peu accentué que ni le brigadier, ni son compagnon, n’avaient rien entendu. Poliveau lui donna un coup d’éperon. Le cheval se remit en route ; mais à dix pas de cet objet blanc qui avait attiré l’attention des deux gendarmes, il s’arrêta de nouveau. Alors le brigadier et le gendarme entendirent distinctement, à leur tour, un gémissement assez semblable au vagissement d’un enfant nouveau-né. Puis il leur sembla que l’objet blanc s’agitait. – Nom d’une pipe ! dit le brigadier, qu’est-ce que cela ? Tiens-moi mon cheval, Poliveau. Et le brave homme mit lestement pied à terre, retroussa son manteau pour ne pas marcher dessus, s’approcha de l’objet blanc, se pencha dessus et jeta une exclamation de surprise. Malgré l’obscurité de la nuit, le brigadier avait tout de suite vu ce dont il s’agissait. C’était bien le vagissement d’un enfant qu’ils avaient entendu, et cet enfant, enveloppé dans des langes blancs, avait été déposé sur le bord de la route, tout près du fossé. Le pauvre petit être se débattait et pleurait, grelottant de froid sous les après baisers de la pluie fouettée par la bise. Eh bien, en voilà une trouvaille ! dit le gendarme Poliveau, qui avait pareillement mis pied à terre. – Pauvre petit ! dit le brigadier, c’est encore un coup de fortune que nous ayons passé par ici ; il serait mort de froid avant le jour. – Quelle est donc la misérable femme qui a pu ainsi abandonner son enfant ? s’écria le gendarme avec indignation. – Quand on pense qu’un loup aurait pu sortir du bois et en faire son souper ! Le brigadier avait enveloppé l’enfant dans un pan de son manteau. – Eh ! Poliveau, dit-il, c’est fini de nous plaindre du temps ; faut remonter à cheval, jouer de l’éperon et gagner Pithiviers au plus vite, si nous ne voulons pas que le pauvre petit meure en chemin. Et les deux braves soldats mirent leurs montures au galop, emportant le pauvre petit être qu’une mère dénaturée avait abandonné en cet endroit sinistre et désert.

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