🌅 Épisode 5 — Entre battements de cœur et crayons oubliés

1694 Words
Le temps avait passé depuis la fameuse première séance d’entraînement. Un mois, pour être exact. Un mois de sueur, de rires, de soupirs, de moqueries qu’elle n’écoutait plus, de regards qu’elle apprenait à ignorer… et surtout, un mois passé à regarder Liam. Clara avait changé. Pas seulement physiquement, même si cela commençait à se voir — ses joues s’étaient un peu affinées, ses pas étaient plus assurés, et son souffle moins court — mais à l’intérieur, quelque chose avait germé : la confiance. Et cette confiance, c’était Liam qui l’avait arrosée, jour après jour, de ses encouragements et de ses sourires sincères. Les autres élèves continuaient à se moquer, bien sûr. — Regarde, la mascotte veut devenir pom-pom girl ! — T’as pas peur qu’elle s’écrase sur le terrain ? Mais cette fois, Clara ne répondait plus. Elle levait juste le menton, croisait le regard de Liam au loin et, mystérieusement, tout allait mieux. Lui, le garçon le plus populaire, le plus intelligent, le plus admiré du lycée… passait désormais du temps avec elle. Au début, tout le monde croyait à une blague. Mais au fil des jours, on les voyait rire ensemble à la cafétéria, marcher côte à côte après les cours, ou même s’entraîner au coucher du soleil. Et malgré les rumeurs, Liam ne s’en cachait pas. — Laisse-les parler, lui disait-il souvent. Ce que les gens disent, c’est juste le bruit autour de ta lumière. Ces mots, elle ne les oubliait jamais. Alors, chaque matin, elle se levait avec la motivation d’une fille qui a enfin trouvé une raison d’y croire. Une raison avec un sourire ravageur et des boucles châtains. 📚 Une après-midi d’étude, un frisson inattendu Ce jour-là, ils s’étaient donné rendez-vous chez Liam pour réviser. La maison Carter (car oui, Liam Carter avait tout d’un héros américain, jusqu’à son nom) ressemblait à un petit manoir moderne : grandes baies vitrées, escaliers en colimaçon, lumière dorée partout. Mais ce qui fascinait le plus Clara, c’était la salle d’étude. À chaque fois qu’elle y entrait, elle retenait son souffle. Des étagères pleines de livres jusqu’au plafond, une grande table en bois verni, et cette odeur — mélange de papier neuf, de café et de parfum discret. C’était comme si tout ce lieu respirait l’intelligence et la sérénité. Liam était assis à la table, concentré, une mèche rebelle tombant sur son front. — Clara, tu rêves encore ? — Non, non, je… j’admire juste la bibliothèque, mentit-elle, les joues roses. — C’est bien ce que je dis : tu rêves. Ils rirent doucement. Puis ils reprirent leurs exercices de maths. Pendant un moment, le silence fut presque paisible, rythmé seulement par le bruit des crayons et le battement régulier de leurs cœurs — du moins, celui de Clara battait un peu trop fort. Puis, en voulant attraper un livre sur la plus haute étagère, elle s’étira sur la pointe des pieds, sans succès. Liam, amusé, se leva et s’approcha d’elle. — Attends, je vais t’aider. Il tendit le bras au-dessus d’elle et attrapa le livre sans effort. Leurs mains se frôlèrent. Un frisson. Léger, électrique. Clara se retourna brusquement… et se retrouva nez à nez avec lui. Leurs yeux se croisèrent. Ce fut un de ces moments suspendus, où plus rien d’autre n’existe. Il la regardait avec une douceur étrange, comme s’il voyait une autre version d’elle, celle que personne n’avait encore remarquée. Elle, le cœur battant à tout rompre, osa lui sourire timidement. Il répondit d’un sourire franc, sincère. Et c’est précisément à cet instant que la porte s’ouvrit. — Oh ! fit une voix féminine, joyeuse et surprise. C’était la mère de Liam, un plateau de cookies à la main. Les deux adolescents sursautèrent et reculèrent d’un pas, rouges comme des tomates. — Je… je ne voulais pas interrompre, dit-elle en dissimulant un sourire. Je vous ai juste apporté un peu de quoi grignoter. Elle posa le plateau sur la table, les observant du coin de l’œil. Son fils, si souvent distant, semblait étrangement à l’aise avec cette fille. Et cela la rendait heureuse. Elle quitta la pièce en souriant, et Liam et Clara se regardèrent encore, gênés, avant d’éclater de rire. Le reste de la séance fut plus léger. Et pourtant, chaque fois qu’ils croisaient leurs regards, un étrange feu doux naissait entre eux. 🌙 Devant la maison de Clara La nuit tombait quand Liam la raccompagna chez elle. La marche fut calme, ponctuée de silences étrangement confortables. Arrivés devant la porte, Clara se tourna vers lui. — Liam… — Oui ? Elle lui prit la main. Il sentit son cœur s’arrêter une seconde. Elle la tenait avec une tendresse désarmante. — Clara ! fit-il, troublé. Elle sourit et montra un petit crayon. — C’est le tien. Tu l’as oublié. Mais lui ne regardait pas le crayon. Il la regardait, elle. — Le crayon, insista-t-elle, un peu nerveuse. Il est à toi ? — Ah… oui ! Oui, bien sûr. Merci. Elle relâcha doucement sa main, lui remit le crayon et murmura : — Bonne nuit, Liam. Puis elle disparut derrière la porte, laissant derrière elle une odeur de vanille et un sourire idiot sur les lèvres du garçon. 📖 Le silence avant les examens Les jours suivants furent plus studieux. Les examens approchaient, et Clara s’était enfermée dans sa chambre, entre ses fiches de révision et des tasses de thé à la menthe. Elle continua son régime, mais mit les entraînements en pause. Elle n’écrivit à personne. Pas même à Liam. De son côté, lui aussi révisait, mais avec une étrange impatience. Chaque soir, son téléphone restait allumé, posé près de ses livres. De temps en temps, il le déverrouillait, juste pour vérifier. Rien. Aucun message. Sa mère finit par le remarquer. — Tu attends un appel ? demanda-t-elle en lui servant un chocolat chaud. — Non, non… enfin, peut-être, répondit-il en souriant. Elle haussa un sourcil, amusée. — Oh, je vois. C’est une fille, n’est-ce pas ? — Maman ! protesta-t-il en riant. Mais il ne nia pas. 🏫 Lundi matin : un changement Le lundi matin, quand Clara entra en classe, elle portait une robe bleu ciel qui soulignait sa taille — une robe qu’elle n’avait pas mise depuis des mois. Ses cheveux étaient relevés, son regard plus assuré. Elle s’assit à sa place habituelle, déjà concentrée. Liam entra peu après, visiblement ravi de la voir déjà là. D’habitude, c’était lui qui l’attendait. Mais avant qu’il puisse la rejoindre, Emma — la capitaine des pom-pom girls, aussi belle qu’insupportable — s’approcha de lui. — Liam ! s’exclama-t-elle d’un ton mielleux. Tu vas être premier encore cette fois, hein ? Elle se colla presque à lui, riant trop fort, jouant avec ses cheveux. Il esquissa un sourire crispé. — Emma, tu peux… aller t’asseoir, s’il te plaît ? Elle bouda et retourna vers ses amies, vexée. Liam soupira et se tourna vers Clara, espérant croiser son regard. Mais elle resta plongée dans son cahier. Le professeur entra et distribua les sujets d’examen. Pendant deux heures, un silence de cimetière régna. Quand les copies furent ramassées, Clara se leva sans un mot. Elle passa devant Liam sans le regarder. Il fronça les sourcils. Toute la semaine fut pareille. Pas un mot. Pas un regard. Rien. Ses amis le taquinaient : — Elle t’a oublié, mec ! — Ou alors, elle joue à la difficile ! Mais lui, au fond, était troublé. Très troublé. 🚗 Vendredi : le cœur parle enfin Le vendredi après la dernière épreuve, Liam sortit du lycée sans un mot. Son chauffeur l’attendait déjà. Il monta à l’arrière de la voiture, la tête appuyée contre la vitre. — Même pas un mot… cinq jours entiers, murmura-t-il. Il soupira. — Ai-je fait quelque chose de mal ? Peut-être qu’elle m’évite. Peut-être qu’elle a trouvé quelqu’un d’autre pour l’aider… Puis, avec un rire nerveux : — Oh, les femmes ! Mais soudain, il la vit. Clara. Marchant seule sur le trottoir, les cheveux dans le vent, le sac à l’épaule. Son cœur bondit. — Arrêtez la voiture s’il vous plaît ! lança-t-il. Il ouvrit la portière. Clara, surprise, s’arrêta et lui adressa un petit sourire avant de monter. — Salut, dit-il doucement. — Salut, répondit-elle, sereine. — Tout va bien ? Tu m’as évité toute la semaine… Elle rit légèrement. — Je ne t’ai pas évité, Liam. Il y avait les examens, je voulais me concentrer. Et… je ne voulais pas te déconcentrer non plus. Il la regarda, presque amusé. — Ne pas me parler m’a plus déconcentré que si tu m’avais parlé, tu sais. Elle rougit. — Alors, je te promets de te parler tous les jours maintenant. Leurs regards se croisèrent, longs, doux, complices. La voiture s’arrêta devant la maison de Clara. — Bon, à demain ? dit-elle en détachant sa ceinture. Mais avant qu’elle ne sorte, Liam lui prit la main. — Clara ! Elle se tourna, surprise. Il inspira profondément, nerveux. — Accompagne moi au bal de fin d’année. S’il te plaît. Son regard était sincère, presque inquiet, comme s’il redoutait qu’elle dise non. Clara resta figée quelques secondes, avant de sourire largement : — Oui, j’aimerais beaucoup t’accompagner. Même si je dois affronter le regard brûlant d’Emma. Ils éclatèrent de rire. Et ce rire, léger, fit battre leurs cœurs à l’unisson. Chez lui, Liam n’avait pas arrêté de sourire depuis qu’il était rentré. Sa mère, intriguée, lui demanda : — Qu’est-ce qui te rend si heureux, mon fils ? — J’ai enfin choisi ma cavalière pour le bal, répondit-il. Elle leva les yeux au ciel, amusée. — Laquelle de tes admiratrices a gagné ton cœur cette fois ? Il répondit simplement : — Aucune d’entre elles. Et dans ses yeux brillait une tendresse nouvelle. Chez Clara, c’était tout le contraire : impossible de se calmer. Elle monta en courant dans sa chambre, s’écroula sur son lit et cria dans son oreiller : — Aaaaaaah ! Liam m’a invitée au bal ! Elle se mit à danser, tourner, chanter. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait… choisie. Pas par hasard. Pas par pitié. Mais par amour qui naît doucement.
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