Chapitre 1 : Trevor
Vingt ans après les événements qui ont réunis la famille Jenkins...
Quand je pousse la porte du bar, je ne suis pas surpris de voir le regard des personnes les plus près de la porte tourner leurs têtes dans ma direction et me regarder comme si je débarquais tout juste d'une autre planète.
Je dois dire que croiser un mec portant des lunettes de soleil alors que nous sommes au beau milieu de la nuit, ça doit faire bizarre.
En même temps, ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix.
Si je ne les porte pas quand je viens en ville, on me prendrait à coup sûr pour un phénomène de foire.
Vous en connaissez beaucoup vous des mecs avec un œil violet et un autre doré ?!
Ajoutez à ça mon mètre quatre vingt dix huit, mes quatre vingt dix kilos de muscles et ma gueule de beau gosse hérité de mon père, et voilà le résultat.
J'ignore toutes ces personnes qui me dévisage actuellement pour me concentrer sur le but de ma venue en ce lieu.
J'active la vue de mon loup en même temps que son odorat.
Au moment exact où je localise enfin ma proie, la voix de mon loup vient raisonner dans ma tête.
Shamus : " Elle est là bas."
Je lui réponds par lien mental
Trevor : " Je l'ai vu.
Crois moi, elle va m'entendre cette emmerdeuse de première !"
Shamus : " Sois sympa avec elle."
Tout en avançant droit vers ma cible, je réponds à mon acolyte de toujours
Trevor : " Je tâcherai d'y penser."
Je m'arrête pile derrière cette nana qui commence réellement à me sortir par les yeux.
Elle est tellement concentré sur les conneries qu'elle débite à la minute, qu'elle ne remarque même pas que toutes les filles qui l'accompagne ont cessés de parler pour regarder la personne qui se tient actuellement dans son dos, en l'occurrence moi.
Elle continue à glousser comme une dinde, tandis que moi, je dois réellement prendre sur moi pour ne pas l'encastrer dans le mur un peu plus loin.
Fille : " Non, mais j'vous jure, il avait une tête à mourir de rire."
Bon, ras le bol de toutes ces conneries !
J'attrape son poignet, puis je retourne cette petite blonde insupportable face à moi, la coupant net dans sa conversation débile.
Trevor : " Tu viens avec moi !"
Fille : " Mais qu'est-ce que..."
Elle stoppe net sa phrase quand elle constate qui se tient maintenant devant elle.
Je crois que son visage est passé du blanc au livide en un quart de seconde.
Elle sait qu'elle a déconné et qu'elle va me devoir des comptes.
Croyez moi, ça va barder !
Fille : " Trevor ???
Mais, qu'est-ce que tu fais là ?"
Elle se fout de moi ou quoi ?!
Qu'est-ce que je fous là ?!
La même chose que d'habitude, je rattrape ces conneries !
Trevor : " Tu as deux minutes pour te décider à lever ton cul de cette f****e chaise avant que je ne réponde plus de moi !"
Finalement, je ne lui laisse pas le choix.
Je la tire sèchement, puis je l'oblige à se lever, qu'elle le veuille ou non.
C'est bon, elle m'a gonflé celle là !
Elle tente de me faire la lâcher, mais je serre un peu plus mes doigts d'acier sur son poignet tout en approchant mon visage du sien et en lui chuchotant avec un grondement contenu dans la voix.
Trevor : " Ne m'oblige pas à utiliser mes pouvoirs sur toi Ana, tu sais que tu n'aimerais pas ça !"
Malgré qu'elle meurt très certainement d'envie de m'en coller une, elle me chuchote en retour, afin d'être sûr de ne pas être entendu par les nombreuses personnes tout autour de nous.
Ana : " Tu as promis aux parents de ne plus te servir de tes pouvoirs sur moi alors à ta place, je ne m'y risquerais pas si tu ne veux pas avoir des problèmes !"
Je tourne la tête à gauche, puis à droite.
J'approche à nouveau mon visage du sien, puis je baisse légèrement mes lunettes afin qu'elle puisse bien constater que Shamus est à deux doigts de prendre le contrôle.
Je sais que mes yeux oscillent actuellement entre leurs vairons habituels et le rouge sang, couleurs des yeux de mon loup.
Et je sais également qu'elle a parfaitement compris que si Shamus s'en mêle, ça ira très mal pour elle.
Tout comme moi, il a beau tenir à elle, mais il ne supporte pas son don inné pour se mettre en danger constamment.
Je réponds à cette petite insolente.
Trevor : " Tu vois les parents quelque part ?
Pas moi, alors suis moi sans faire d'histoire ou je te jure que je n'hésiterais pas une seule seconde."
Comme vous l'avez compris, cette sale gamine est ma petite sœur.
Ana Jenkins.
Une nana de vingt trois ans à qui l'ont a donné pour mission de m'emmerder le plus possible depuis qu'elle est apparu sur cette terre, et croyez moi, elle le fait très bien !
Elle effectue un mouvement brusque, qui me surprend, et qui me fait par la même occasion la lâcher.
Elle part vers la sortie du bar, tout en grommellant dans sa barbe.
La connaissant comme je la connais, elle doit très certainement être en train de cracher sa haine tout en jurant que je suis le pire grand frère qui existe.
En gros, les mêmes conneries que d'habitude.
Ana : " Je te déteste et tu es le pire grand frère au monde !"
Vous voyez, qu'est-ce que j'avais dit ?
Je la connais trop bien.
Trevor : " Oui oui, en attendant sors d'ici et vas jusqu'à ma voiture !
Elle n'est pas verrouillé, tu m'attendras à l'intérieur."
Elle s'arrête dans sa marche, puis se retourne vers son grand frère adoré
Ana : " Tu ne viens pas avec moi ?!"
Trevor : " Non, je vais manger avant, j'ai faim."
Ana : " Et bien, je peux rester manger avec toi."
Je secoue la tête à la négative en même temps qu'un affreux rictus apparaît sur mes lèvres.
Trevor : " Tu n'aimeras pas ce genre de... repas."
J'ai bien insisté sur le mot.
Logiquement, elle doit avoir compris ce que j'entends par repas.
Vu sa mine dégoutée, oui, elle a compris.
Ana : " Tu caches des choses à ta famille Trevor.
Je croyais que tu ne le faisais plus ça non plus.
Tu l'as promis !"
J'hausse les épaules tout en lui faisant un clin d'œil.
Trevor : " Ce sera notre petit secret alors."
Ana : " Et pourquoi je ne dirais rien ?!"
Trevor : " Parce que figure toi que j'étais justement en train de manger un bon gros steak saignant quand j'ai reçu un coup de fil paniqué de maman pour me dire que tu avais encore fait le mur.
D'ailleurs, tu as de la chance que papa soit absent ce soir et qu'il ne rentre que demain matin, parce que si c'est lui qui avait dû venir te chercher plutôt que moi, je te garantie que ça n'aurait pas été la même histoire.
Enfin bon, tu te doutes bien qu'après son appel, j'ai dû partir aussitôt à ta recherche sans même avoir pu prendre le temps de finir mon plat.
Conséquence, maintenant j'ai très faim.
Tu ne voudrais pas que papa soit au courant de ta petite virée nocturne si ?"
Ana : " J'ai vingt trois ans maintenant Trevor pas cinq, je ne suis plus une gamine que l'on doit constamment materner."
Je tapote gentiment le sommet de sa tête.
Elle a beau me taper sur le système, très souvent, j'y tiens du haut de son mètre soixante cinq.
Le truc c'est que contrairement à moi qui suis un mélange de différentes espèces de métamorphes, Ana elle, tout comme notre mère, est à cent pour cent humaine.
Elle n'a pas hérité des gènes de loup de notre père, alors forcément, on la surprotège.
Ma petite sœur ne se rend pas compte que pour nous les métamorphes, le danger est absolument partout.
Elle vit sa vie d'humaine sans se soucier des conséquences ce qui nous met très souvent en danger.
En clair, une vraie calamité quand elle s'y met.
Elle a vingt trois ans j'en ai vingt six, mais clairement, elle se comporte encore comme si elle en avait deux.
Trevor : " Que tu le veuilles ou non, tu nous auras constamment sur le dos du moins, jusqu'à ce que..."
Elle me coupe d'un geste vague de la main
Ana : " Oui oui je sais c'est toujours la même rengaine avec vous.
Quand tu rencontreras ton âme sœur Ana...
Tes gènes de loup vont certainement se réveiller et blablabla et blablabla !
C'est toujours le même discours et moi, j'en ai ma claque !"
Mais dites moi, elle est remontée ce soir ou quoi ?!
Mon téléphone vibre dans ma poche, me signalant un appel.
Je le prends rapidement afin de vérifier qui est l'appelant, et comme je m'en doutais, il s'agit de Logan, mon cousin.
Je l'envoie sur mon répondeur, puis je remets le téléphone dans le fond de ma poche.
Ma sœur, qui n'a rien louper de mon manège, me demande
Ana : " Pourquoi tu ne lui réponds pas ?
Tu ne vas pas pouvoir lui faire la gueule éternellement tu sais."
Trevor : " T'occupes !"
J'attrape à nouveau son bras, étant donné que j'en ai ras le bol de traîner au milieu de ce bar puant, et surtout parce que je veux à tout prix éviter le sujet Logan, puis je l'emmène jusqu'à la sortie.
Une fois dehors, je lui désigne ma voiture un peu plus loin.
Trevor : " J'en ai pas pour longtemps.
Attends moi là-bas."
Bon gré mal gré, elle part enfin jusqu'à ma jeep.
Une fois que je suis certain qu'elle est bel et bien monté à l'intérieur, je jette discrètement un sort sur le véhicule afin d'être sûr qu'elle ne prenne pas une nouvelle fois la tangente dès que j'aurais le dos tourné.
Les rares occasions ou je prends ce genre de repas, j'ai tendance à ne plus faire attention au monde qui m'entoure, et ça, elle le sait parfaitement.
Il serait donc tout à fait possible qu'elle en profite une nouvelle fois pour tenter de me fausser compagnie.
Donc oui, avec elle, deux sécurités valent mieux qu'une.
Je contourne le bar, puis je pars directement vers une ruelle déserte et surtout faiblement éclairé un peu plus loin.
Je repère rapidement un individu marchant difficilement.
En vérité, il tangue.
À mon avis, il a sérieusement dû abuser de l'alcool ce soir celui là.
En général, les rares fois ou je dois prendre ce genre de repas, je cherche des mets un peu plus délicat, et de préférence, qui ne sont pas imbibés d'alcool, mais là, il y a bien trop longtemps que mon estomac ainsi que mon loup crie famine, pour que je puisse me permettre de faire mon difficile.
Si je ne veux pas subir en pleine ville une transformation non désiré, et ainsi effrayé l'intégralité de la population sans parler de la mise en danger pour tout ceux de mon espèce avec le risque de faire découvrir notre existence aux humains, je n'ai pas d'autre alternative qui s'offre à moi.
Grâce à l'aide de ma petite vitesse vampirique, qui n'est rien comparé à celle d'un vampire à part entière, je fais en une demie seconde les cent mètres qui me sépare de l'homme.
Je m'arrête dans son dos, en même temps que lui se baisse pour vomir un bon quart de l'alcool qu'il a dû ingurgité.
Mon loup, qui est tout comme moi dégouté par la scène qui s'offre à nous, se permet de me mettre en garde
Shamus : " Quand tu en auras fini avec lui, tu seras très certainement soûl toi aussi."
Trevor : " Je sais, mais tu vois une autre solution toi ?"
Shamus : " Malheureusement, non."
Bon, pas le choix.
Quand faut y'aller...
Mes incisives sortent en même temps que le type se redresse.
Puis, je les plante dans son cou sans qu'il n'est le temps de pousser le moindre cri, ni même sans qu'il n'est le temps de comprendre ce qui est en train de lui arriver exactement.
Quand son sang pénétre dans ma gorge, j'entre en transe.
Boire du sang frais a toujours été une obligation pour moi.
Le médecin qui m'a examiné pense que je ne suis qu'un quart vampire, mais je ne pense pas comme lui.
Je pense au contraire que je le suis à cinquante pour cent tout comme je suis à cinquante pour cent loup garou.
Quand à mes dons de sorcier, c'est un bonus dirons nous.
J'ai autant besoin de boire du sang frais, prélever directement à la source que de manger une bonne tranche de viande.
Quand j'étais petit, les membres de ma famille me donner régulièrement à boire des verres de sang, mais je me suis très vite rendu compte que ce n'était pas suffisant.
À la rigueur, lorsque j'étais enfant, ça aller je m'en contentais, mais arriver à l'adolescence, les choses se sont grandement compliqués.
Je pouvais sentir le sang frais qui couler dans les veines de toutes les personnes que je croisais et clairement, ça me donner l'eau à la bouche.
Puis un soir, alors que je devais avoir quinze ans, j'ai craqué.
J'ai sauté sur la première personne que j'ai pu croisé.
C'était une femme d'une trentaine d'années.
Sans même m'en rendre compte, je l'ai totalement vidé de son sang, puis je suis tombé dans les pommes.
Quand j'ai repris connaissance bien plus tard, j'étais allongé à côté de son corps refroidi.
Sur le coup, j'ai totalement paniqué.
Je n'avais plus aucun souvenir de ce qu'il s'était passé.
Mon premier réflexe a été d'appeler mon oncle Blake.
Il a débarqué quelques minutes plus tard, puis il a simplement fait disparaître le corps de la femme en claquant des doigts.
Quand il m'a ramené chez moi, j'ai dû raconter à mes parents ce qu'il s'était passé, du moins, du peu que je m'en souvenais.
Ils m'ont fait promettre de ne pas recommencer, mais malheureusement, c'est une chose que je ne contrôle pas.
La seule différence avec ma première fois, c'est que maintenant je sais quoi faire du cadavre une fois que je suis totalement rassasié et surtout, je ne perds plus jamais le contrôle au point de perdre connaissance.
Laissez moi vous expliquer en quelques mots...
Je suis un peu comme une voiture, tant que j'ai du carburant, tout vas bien.
Je peux me contenter de boire juste un petit verre de sang frais de temps en temps, mais dès que je suis dans mes réserves, un verre ne me suffit plus, et j'ai besoin de plus, bien plus.
Je n'ai jamais été jusqu'au point de non retour, d'après Shamus, je pourrais me transformer en quelques choses de bien pire que ma forme de loup ce qui me ferais très certainement perdre la raison, allant jusqu'au point d'attaquer quiconque qui passerait à ma portée, ma famille y compris et ça, c'est un risque que je ne veux absolument pas courir.
Revenons en ou j'en étais...
Le sang de l'inconnu se diffuse dans mon corps, et Shamus se délecte du repas que je lui offre.
Mon loup et moi partageons tout, y compris nos pouvoirs.
Mes dons sont les siens et vice versa.
Sous ma forme lupine, je suis un magnifique loup doré, du moins la lumière me donne un effet doré, mais en vérité, mon poil est beige avec des reflets roux.
Et Shamus est énorme, presque la même taille que Max, le loup de mon père.
À peine deux centimètres les sépare.
Une fois que je suis sûr d'avoir pris jusqu'à la dernière goutte de sang de mon repas, je ressors mes crocs de sa gorge.
L'homme s'écroule raide mort et le teint livide.
Je n'attend pas pour faire disparaître le corps.
D'un simple claquement de doigts, il se transforme en poussière avant d'être éparpillé aux quatre vents par la brume du soir.
Avec mon avant bras, j'essuie ensuite ma bouche d'où quelques gouttes de sang s'échappe encore, puis je repars en direction de mon véhicule.
Le plus dur reste à faire.
Je vais devoir me taper la route avec ma démone de sœur...