J'ouvre grand les yeux.
-Non ! Ma fille, amenez moi Jenny !
Il rit en croisant les bras.
-Cette petite a déjà vécu un p****n de calvaire, elle n'a pas besoin de voir sa mère divaguer.
-Non ! Vous n'avez aucun droit ! Cri-je en me levant, mais rapidement il me repousse sur le lit et vient se positionner sur moi. Ses mains enfoncent les miennes dans le matelas. Ses yeux bleus turquoise me fixent avec une intensité indéfinissable.
Ma poitrine monte et descend au rythme de ma respiration. Daniel est sur moi, imposant, autoritaire et cruellement magnifique.
Je crois qu'une visite chez un psy me sera utile, je ne comprends pas ce côté complètement sadique qui fait partie de moi.
-Tu ne quitteras pas cette pièce jusqu'à ce que tu te sentes mieux. Tu es en train de vivre ce qu'on appelle un choc. Je sais que ce que tu as vécu avec Damon est immonde. Mais tu dois apprendre à ne plus dépendre de lui.
Je plisse les yeux.
-Je n'ai jamais dépendu de Damon.
Il sourit en resserrant son emprise sur mes mains.
-Oh que si. Je sais que tu ne veux pas entendre ça, mais Damon était ton maître, tu répondais à chacune de ses exigence, tu lui appartenais, tu dépendais de lui, en quelque sorte, il était ton repaire malsain. Et aujourd'hui, tu t'obstine à l'inventer dans ton esprit pour te dicter quoi faire au lieu d'apprendre à vivre toute seule, détachée de lui.
A chaque mot qu'il prononce des larmes coulent sur mes joues en abondance. Entendre la vérité d'une bouche d'un inconnu est très dur. Peut-être inconcevable.
-Pourquoi est-ce que vous faite ça ?
-Faire quoi ? Te dire la vérité ?
Je bouge ma tête de gauche à droite en sanglotant.
-Je...je ne sais plus quoi faire. J'ai l'impression qu'il va revenir, il me l'a toujours promis, il me suivra n'importe où je me trouve. Dis-je en pleurant, je sens une boule qui me bloque la gorge.
Daniel me fixe d'un air impassible. Comme si ça ne le touchait pas du tout. Au lieu de parler il place l'une de ses mains sur mes cheveux et me caresse doucement. Un instant je crois voir de la compassion de son regard turquoise, puis les ténèbres reviennent dans ses yeux.
-Pourtant si tu veux vraiment survivre à ça, il faudra penser à aller de l'avant pour l'oublier.
Je me redresse à mon tour.
-Et comment pourrai-je avancer en étant enfermée ici.
Il affiche un sourire moqueur.
-Fallait y penser avant.
Je plisse les yeux. Décidément Daniel Clayton n'est pas facile à comprendre.
-Avant quoi ?
-J'allais te laisser t'en aller, je croyais vraiment que tu n'allais pas me balancer aux autorités.
Je crois les bras.
-Je ne vais pas vous dénoncer, et je ne parlerai de vous à personne. Je vous le promets, tout ce que je veux c'est partir d'ici avec ma fille.
-Et pourtant tu as bien menacé ma cuisinière de la mettre en taule pour complicité.
Je me fige instinctivement. Avait-il tout entendu depuis le début ? Pourquoi n'était-il pas intervenu ?
-J'ai dit ça sous l'effet de la colère, puisque vous étiez présent, vous avez surement entendu ce qu'elle m'avait dit et...
-Mais je me contrefous de ce qu'elle a dit, je sais très bien ce que j'ai entendu, et cela me permet de voir plus clair, tu n'es encore prête à quitter les lieux. Dit-il en se retournant pour s'en aller.
Je le suis les poings serrés. Il n'a pas le droit de me garder prisonnière.
-Je connais les gens comme vous, et je sais très bien que les flics ne vous font pas peur !
-ça ne change absolument rien du tout. Dit-il en sortant et en refermant la porte derrière lui.
Je me saisis de la poignée en essayant de l'ouvrir, mais ça ne marche pas, il l'a verrouillée. Salop !
Je commence à donner des coups de poings à la porte en criant. Mais personne ne vient m'ouvrir.
Je me retourne en contemplant la pièce en essayant de trouver un moyen de sortir d'ici. Toutes les fenêtres ont un barreaudage. Ma seule option est de brisée la baie vitrée, car ce n'est aussi haut que ça, je peux facilement rejoindre le jardin.
Je prends une chaise et je la frappe contre la baie vitrée, je ne vois même pas une égratignure, je réalise que c'est une vitre anti balle. Merde !
Pourtant il faut que je trouve un moyen de sortir d'ici. Je dois le trouver ce fichu moyen !
Je me jette sur le lit en enfuyant ma tête contre le coussin. Décidément j'attire les soucis comme un aimant ultra puissant. Je ne comprends pas ce qui m'arrive ni pourquoi ça m'arrive.
Depuis l'âge de seize ans ma vie est une sorte de marathon sordide. Si je cours je rencontre plein d'obstacle, si je m'arrête de me fais dévoré par les ténèbres. Aucune échappatoire possible. Je suis maudite et damnée à vivre dans la peur et la violence, et aujourd'hui dans la folie.
-On ne choisit pas qui on est.
Je me redresse en levant mes yeux larmoyants. Damon se trouve devant le lit. Les cheveux ébouriffés, le regard perdu, et le corps tendu.
-On est ce qu'on doit être.
Je ferme les paupières en laissant les prochaines larmes couler sur mes joues. Ensuite je rouvre les yeux. Et je le vois toujours. Là, près de moi. Trop près.
-Tu n'es pas réel. Dis-je en le fixant et en espérant qu'il s'en aille.
Il sourit, ce fameux sourire sadique dont lui seul possède le secret.
-Je suis encore plus réel que ce que tu croies.
-Tu es mort. Il t'a tué. Tu es mort ! Cri-je.
-Si je suis véritablement mort. Alors pourquoi je suis ici, avec toi.
Je cris en le suppliant de partir.
-Laisse-moi tranquille ! Dégage ! Je ne veux plus te voir !
-Keyra ? Tu es sure que tu ne veux plus me voir ?
Je me lève en le fixant aussi durement que je le peux.
-Oui ! Tu as gâché mon existence, je ne veux plus de toi !
-Alors pourquoi je suis là ? Si tu ne voulais vraiment pas me voir, Pourquoi je suis là ?
Mon cœur bat la chamade, ma respiration est si erratique que je la trouve irrégulière.
-Réponds Keyra ! Pourquoi je suis là ? Me dit-il d'une voix autoritaire en s'approchant de moi.
Je fais marche arrière, mes jambes heurtent le lit, une seconde après je me retourne sur ce dernier. Damon me domine avec sa posture imposante.
-Je t'en prie. Laisse-moi tranquille !
Je pleure en enfuyant ma tête contre le matelas. Je reste comme ça en essayant d'ignorer les paroles sordides de Damon. Je prie pour que tout cela s'arrête.