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1482 Words
Toute le monde vit sa destinée et pourtant moi j'ai l'impression de la subir chaque jour. Je suis née pour endurer, souffrir et encaisser. Je n'ai connue ni premier amour, ni première soirée entre amis, ni rien en fait. J'ai passé ma vie à essayer en vain de trouver un moyen de survivre, je n'ai jamais eu un petit instant de bonheur sans réprimander ce qui pourrait se passer après, sans me douter que Damon pourrait être là, quelque part à m'attendre pour me ramener dans son monde, un monde qu'il m'a imposé, un monde qui a détruit toute ma famille, ma vie et le peu de sentiments positifs qui me restait. Même mort, Damon me hante toujours comme une cicatrice sur mon corps qui ne pourra jamais s'effacer. Il m'a marqué pour toujours. Parfois je me dis qu'il y'a des personnes qui souffrent encore plus, mais plus le temps passe, plus je réalise qu'on ne peut pas tomber dans un enfer aussi bas que le mien. Aujourd'hui, je n'ai que Ma fille pour qui je me suis battue, elle est la raison de ma survie, ma bouée de sauvetage dans un océan plein d'obstacles aussi monstrueux les uns que les autres. Je fixe mon livre en réalisant que je suis sur la même page depuis presque deux heures. Mes pensées et mes angoisses me consument et ne me laissent aucun moment de répit. Je pose mon livre en fixant le ciel un peu nuageux, il ne fait pas beau, mais j'aime ce temps. Je soupire, décidément Daniel Clayton n'est pas encore prêt de me laisser partir. D'après lui, je serai capable d'aller voir les forces de l'ordre et le dénoncer. Ce que je ne ferai jamais. J'avais prévu d'emmener ma fille loin de tout, et de vivre un nouveau départ. Une nouvelle vie sans Damon qui me violente, sans psychopathe pour m'enlever, sans mafia, sans tueur à gage, sans criminel, sans arme, sans drogue...Une vie simple et normale. Après tout ce que j'ai vécu, je crois que je mérite de vivre une vie normale. Et pourtant j'ai l'impression que j'en suis encore très loin. -Maman ! Je me retourne pour faire face à ma petite Jenny. Elle porte un pyjama rouge avec des dessins de Mickey Mouse. Elle a deux petites couettes, et à ses pieds je remarque deux immenses pantoufles avec des oreilles de lapins. Je roule des yeux, décidément le personnel de Daniel aime les dessins animés. -Oui ma chérie. Je lui demande en m'accroupissant pour être à sa hauteur. Je lui essuie avec mon pousse un peu de chocolat collé sur sa joue. -Mais ou est-ce que tu as trouvé du chocolat ? Je lui demande intriguée. Elle vient de se lever. -C'est la petite souris, elle l'a mis sous mon oreiller. Me dit-elle en chuchotant à mon oreille. -Tu as perdu une dent ? Généralement c'est lorsqu'on perd une dent que la petite souris nous ramène des cadeaux. Lui dis-je en lui pinçant le nez. Elle hoche la tête négativement. -Je n'ai perdu aucune dent, je crois qu'elle a fait une exception pour moi. Car je suis resté gentille avec madame Owen. Je plisse les yeux en publiant le chocolat sous son oreiller. Mais j'en parlerai au personnel de monsieur de criminel, je ne veux pas que ma fille ait plein de carries. -Madame Owen ? Qui est madame Owen ? Peut-être une amie imaginaire. -C'est celle qui s'occuper de moi. Je comprends que c'est la personne qui a adopté Jenny lorsque Damon me l'a enlevée. -Tu l'appelais madame Owen ? Je suis soulagée qu'elle ne l'ait pas appelé maman, et je suis encore plus soulagée que ma fille m'est reconnue. -Oui, elle me demandait de l'appeler madame Owen, sinon elle me tirait par les cheveux, et ça fait mal. Me confie-t-elle. Mon cœur se serre, et un envie de tuer quelqu'un me vient. Cette femme a fait du mal à ma fille. Mes yeux me piquent, je ne supporte pas ça. J'ai dû enduré l'enfer que Damon m'a fait vivre que pour protéger ma petite Jenny, et maintenant je vois qu'elle s'est faite violenter. -Et quand je t'appelais, elle m'enfermait dans la cave en me disant que tu es partie et que tu ne reviendras jamais. Mais moi je sais que c'était faux ! Alors je continuai à t'appeler jusqu'à ce que tu m'aies retrouvé. Des larmes commencent à couler sur mes joues. Je prends ma fille dans mes bras et la serre fort, très fort. -Et tu vois, c'est dans la cave que j'ai rencontré la petite souris, je crois que c'est son fantôme qui a mis le chocolat sous mon oreiller, tu sais maman les souris elles sont gentilles, et c'était une amie à moi. Je ne sais plus quoi faire, sourire devant l'innocence démesurée de ma fille ou bien lui faire comprendre de ne plus jamais s'approcher d'une souris. -Et à qui tu as raconté cette histoire ma Jenny ? Je lui demande en essayant de résoudre le problème du chocolat. -A Daniel maman. Lorsque je suis arrivée je n'étais pas bien, car tu vois maman, je ne voulais pas laisser Bally toute seule. Je roule des yeux. Je présume que Bally est le prénom dont ma fille à baptisé la souris. -Et je lui ai dit de la ramener avec nous...mais... Elle commence à pleurer. -Il a dit qu'elle est morte en chemin car elle avait le mal de l'avion, et que si c'était vraiment mon amie elle me ramènera des cadeaux la nuit, et il a raison ! Son fantôme est avec moi. M'avoue-t-elle en s'essuyant les yeux. -Ma chérie ne pleure plus. Bally est très heureuse que tu sois là, tu sais. Je la prends dans mes bras en la berçant doucement. Puis je lui propose de lui préparer un bol de céréales. Une fois que je m'installe à coté de ma fille dans la cuisine en lui servant un bol de céréales sous l'œil désapprobateur de la cuisinière, Daniel fait son irruption. Il porte un costard qui lui va parfaitement, ses cheveux blonds sont mal coiffés ce qui lui donne un air plutôt rebelle. Il entre dans la cuisine en ajustant sa monte. Il ne dirige aucun regard vers nous, comme si on n'existait pas. -Bonjour monsieur, vous désirez que je prépare votre petit déjeuner habituel ? Lui demande la cuisinière. -Non, je veux un café, tout de suite. Ordonne-t-il d'une voix grave sans ajouter aucune formule de politesse. Je suis abasourdie du fait que la cuisinière acquiesce le plus normalement du monde et s'exécute. -Ça vous arrive de dire merci ou s'il vous plait ? Je lui demande. Il baisse ses yeux vers moi. Nos yeux se croisent je me sens si vulnérable que j'ai envie de sauter par la fenêtre. Mais je ne détourne pas le regard, je ne le laisse pas m'intimider. -A vrai dire, ça ne figure pas dans mon dictionnaire. Je ne trouve pas que dire merci ou s'il vous plait soit si utile que ça. Je me pince les lèvres. -Et vous trouvez que dire à ma fille qu'une souris est morte parce qu'elle avait le mal de l'avion est utile ? Il hausse ses épaules en prenant le café que la cuisinière lui sert. -Qu'est-ce que tu aurais voulu que je lui dise, que les souris ne parlent pas, et que la fée clochette est une p**e. -Comment on fait pour devenir une p**e comme la fée clochette maman ? Me demande ma fille, j'ouvre grands les yeux. Jenny...ne redis... -En écartant les jambes. Répond spontanément Daniel. -Jenny termine de manger et ne dis plus jamais ce mot. Dis-je en me levant pour faire face à celui qui va foiré l'éducation de ma fille. Même debout, Il me dépasse de deux presque deux têtes. -Jenny est une enfant, elle n'a pas à savoir ce vocabulaire que vous avait. D'ailleurs je ne veux plus que vous lui parliez ! Il croise les bras en affichant un sourire amusé. -Je lui parle si j'en ai envie, je te rappelle que c'est moi qui l'ai sauvé. Et que tu vis sous mon toit, donc ce n'est pas vraiment à toi de dicter les règles ici. -Je vis sous votre toit car vous me gardez ici contre mon gré ! -Ce n'est pas faux, mais on revient toujours au point de départ, c'est moi qui dicte les règles ici. Avant que je puisse répliquer son téléphone sonne. Il met sa main dans sa poche pour le faire sortir, puis il prend l'appel en mettant fin à notre échange sans prendre la peine de s'excuser. Je pense que ça ne va pas être facile de vivre avec un connard comme lui. Mais en regardant ma fille je me dis que ça en vaut la peine. Une fois tout ça fini, elle est moi on serait enfin libre.
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