Chapitre 1
Oui, je vous en prie, laissez-moi de côté, confirma M. Elton d’un air piqué, je n’ai rien à dire qui puisse intéresser Mlle Woodhouse ou les jeunes filles en général : un vieux mari ! absolument bon à rien ! Voulez-vous que nous marchions, Augusta ? – Volontiers ; nous avons fini de manger depuis longtemps et ce n’est pas en restant assis à la même place que nous pourrons nous former une idée des différents points de vue. Venez, Jane, prenez mon autre bras. Mlle Fairfax déclina l’invitation et le mari et la femme partirent seuls. – Heureux couple ! dit Frank Churchill, et si bien assorti. Ils ont eu d’autant plus de chance que leur connaissance, avant le mariage, s’est réduite à une courte fréquentation à Bath. Leur cas est exceptionnel, car il est impossible de porter un jugement motivé sur une personne pendant un séjour dans une ville d’eau ; il faut avoir vu une femme dans son propre milieu, dans son intérieur, livrée à ses occupations familières, pour l’apprécier à sa valeur. Combien d’hommes se sont engagés dans ces conditions et l’ont regretté toute leur vie ! Mlle Fairfax avait écouté avec attention, et quand il se tut, elle dit : – Croyez-vous ?… Elle hésita et s’arrêta un instant. – Vous disiez ? dit-il d’un ton sérieux. – En principe, votre remarque est juste, reprit-elle, mais les conséquences d’un attachement hâtif et imprudent ne me paraissent pas devoir être aussi funestes que vous le prétendez. Seuls les caractères faibles et irrésolus – qui sont, à tout moment, les jouets du hasard – permettent à une connaissance malheureuse de devenir une oppression pour toute la vie. Frank Churchill ne répondit pas directement, mais il s’inclina en signe d’acquiescement. Peu à peu il perdit son air compassé. – Eh bien ! dit-il gaiement, pour ma part je n’ai aucune confiance dans mon propre jugement et le moment venu, je compte m’en remettre à celui d’autrui. Voulez-vous vous charger, Mlle Woodhouse, de me choisir une femme ? Je sais combien vous avez la main heureuse, ajoutait-il en souriant à son père, je ne suis pas pressé ; faites votre choix et dirigez l’éducation de la jeune personne. – Dois-je comprendre que vous la désirez à mon image ? – Naturellement, si c’est possible ! Je compte voyager pendant deux ou trois ans et à mon retour je reviendrai chercher ma femme ! – Maintenant, Madame, dit Jane à sa tante, si vous voulez bien, nous pourrions rejoindre Mme Elton ? – Parfaitement ma chère, je suis prête ; il nous sera facile de la rattraper. La voici… Non, ce n’est pas elle… Eh bien vraiment… Elles s’éloignèrent en compagnie de M. Knightley. M. Weston, Frank Churchill, Emma et Henriette demeurèrent seuls. La vivacité du jeune homme ne fit que croître, au point de devenir à peine supportable. Emma était fatiguée d’entendre des flatteries et des plaisanteries et aurait préféré marcher tranquillement ou bien s’asseoir pour contempler le magnifique paysage qui se déroulait à ses pieds. Elle fut enchantée d’apercevoir les domestiques ; ceux-ci venaient à leur rencontre pour annoncer que les voitures étaient attelées. Elle supporta patiemment le brouhaha du départ et ne se formalisa même pas de l’insistance avec laquelle Mme Elton recommanda qu’on fît d’abord avancer la voiture du presbytère. Pendant qu’elle attendait, M. Knightley s’approcha d’elle ; il regarda autour de lui pour voir s’ils étaient seuls et dit : – Emma, je veux vous parler avec franchise comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire : je ne puis vous voir mal agir, sans vous avertir. Comment avez-vous pu montrer aussi peu de cœur à l’égard de Mlle Bates ? Comment vous êtes-vous laissé aller à une plaisanterie aussi offensante à l’adresse d’une femme de son caractère, de son âge et de sa situation ? Je ne l’aurais jamais cru. Emma rougit, mais elle essaya de prendre l’allusion en riant. – Pouvais-je m’empêcher de donner cette réplique ? Tout le monde en aurait fait autant à ma place. Ce n’est pas si méchant et je crois qu’elle n’a pas compris. – Je vous assure au contraire, qu’elle a parfaitement saisi le sens de vos paroles : elle en a parlé depuis. J’aurais voulu que vous entendiez avec quelle ardeur et quelle générosité elle s’est exprimée : elle a loué la patience dont vous aviez toujours fait preuve à son égard et admiré la part prise par vous aux incessantes attentions qu’elle reçoit de M. Woodhouse ; elle s’est étonnée que vous supportiez de si bonne grâce une société aussi ennuyeuse. – Oh ! dit Emma, je le sais, il n’y a pas de meilleure créature au monde, mais avouez que chez Mlle Bates les bonnes qualités et le ridicule sont intimement liés. – C’est vrai, je le reconnais, reprit-il ; si elle était riche et votre égale, socialement parlant, je vous laisserais votre franc parler de critique et d’ironie, mais elle est pauvre ; elle a perdu tous les avantages que sa naissance lui avait conférés, et sa situation deviendra plus précaire encore avec les années. Vous devriez au moins éprouver pour elle de la compassion. Elle vous a connue enfant et vous a prodigué des attentions qui à cette époque n’étaient pas sans valeur : aujourd’hui en présence de sa nièce et d’étrangers elle s’est aperçue que vous riiez à ses dépens. Ce que je vous dis, Emma, n’est agréable ni pour vous ni pour moi, mais c’est la vérité. Je me montre véritablement votre ami en vous donnant des conseils sincères et je ne désespère pas de vous voir, un jour, me rendre justice ! Tout en parlant, ils avançaient vers la voiture et l’instant d’après il l’aida à monter, puis il s’éloigna vivement. Il avait mal interprété l’attitude et le silence d’Emma : celle-ci en l’écoutant avait détourné son visage pour cacher la honte qu’elle ressentait ; elle s’était rejetée au fond de la voiture tout à fait émue ; puis se reprochant de ne pas lui avoir dit adieu, elle se pencha pour lui faire signe, mais il était trop tard. Emma ne s’était jamais sentie si agitée, si humiliée, dans aucune circonstance de sa vie. Le bien fondé de ces reproches était indiscutable. Elle se demandait maintenant comment elle avait pu agir si brutalement à l’égard de Mlle Bates. Comment s’était-elle exposée à faire naître une aussi mauvaise opinion d’elle chez une femme qu’elle estimait ! Plus elle réfléchissait, plus elle prenait conscience de ses torts. Fort à propos, Henriette paraissait fatiguée et encline de son côté à garder le silence. Emma n’eut donc aucun effort à faire ; absorbée dans ces pensées, elle sentit bientôt des larmes couler de ses yeux et elle s’abandonna à son chagrin.
Emma fut heureuse de se retrouver à Hartfield, et après le dîner elle se consacra, de la meilleure grâce du monde, au jacquet de M. Woodhouse. Elle éprouvait une véritable satisfaction, après les pénibles conjonctures de la journée, à s’occuper de distraire son père ; de ce côté au moins elle n’avait pas démérité : elle pouvait en effet à bon droit se considérer comme une fille dévouée. Le lendemain matin, Emma résolut d’aller sans plus tarder faire une visite de réparation à Mlle Bates : elle craignait que celle-ci ne pût jamais lui pardonner, mais elle voulait tout tenter pour effacer la mauvaise impression de Box Hill et elle espérait, à force de déférence et d’attentions, regagner le terrain perdu. Elle se mit en route de bonne heure, de peur d’être retenue par quelque visiteur. En réponse à son interrogation, elle apprit que « ces dames étaient à la maison » et pour la première fois depuis longtemps elle monta l’escalier avec l’intention de se rendre agréable. À son approche, il se produisit un brouhaha : on parlait et on remuait ; la femme de chambre, après l’avoir annoncée, réapparut embarrassée et la pria de bien vouloir attendre un instant ; finalement elle la fit pénétrer trop tôt dans le salon, au moment même où Mlle Bates et Jane Fairfax disparaissaient dans la pièce voisine ; pendant que la porte était encore ouverte, Emma entendit Mlle Bates chuchoter : – Eh bien ! ma chère, je dirai que vous vous êtes étendue sur votre lit ; vous êtes du reste bien assez malade pour le faire. La pauvre Mme Bates, affable et douce, selon son habitude, paraissait un peu effarée et ne pas se rendre compte exactement de ce qui se passait. – J’ai peur que Jane ne soit souffrante, dit-elle, mais je ne suis pas sûre ; on m’affirme toujours le contraire. Ma fille sera de retour d’ici peu. Vous avez, j’espère, trouvé une chaise, Mademoiselle Woodhouse. Je suis tout à fait impotente. Êtesvous commodément installée ? Hetty ne peut tarder à revenir. Emma eut un instant la crainte que Mlle Bates ne se tînt à l’écart ; mais il n’en fut rien et cette dernière arriva derechef : « Très heureuse et reconnaissante ! » Emma s’aperçut aussitôt qu’il y avait sous la volubilité des paroles moins d’abandon, moins d’aisance dans la manière et de candeur dans le regard. Elle s’empressa de s’informer très amicalement de Mlle Fairfax. L’effet fut immédiat : – Ah, Mademoiselle Woodhouse ; comme vous êtes bonne ! Vous connaissez la nouvelle, sans doute, et vous venez nous féliciter ! Cette séparation toutefois sera un grand crève-cœur pour nous – essuyant ses larmes – après le long séjour qu’elle vient de faire à la maison ; Jane a une terrible migraine ; elle s’est attelée à sa correspondance toute la matinée : il a fallu écrire si longuement au colonel et à Mme Dixon. « Ma chère, ai-je dit, vous allez devenir aveugle ! » Elle pleurait en effet continuellement. On ne peut pas s’en étonner ; c’est un si grand changement et pourtant elle a eu une chance extraordinaire ; elle a trouvé une situation inespérée pour une jeune fille à ses débuts ! Croyez bien que nous sommes toutes reconnaissantes de ce bonheur – essuyant de nouveau ses yeux – mais vous ne pouvez vous imaginer l’état de la pauvre créature ! Sous le coup d’un grand chagrin on n’apprécie pas un bienfait comme il le mérite : Jane est abattue au dernier point et, en se fiant aux apparences, personne ne pourrait croire que ses désirs sont comblés ! Veuillez l’excuser de ne pas venir : elle n’est pas en état de se montrer et s’est retirée dans sa chambre. Je voulais qu’elle se couchât ; « Ma chère, ai-je dit, étendez-vous sur votre lit » ; mais elle a refusé et elle marche de long en large dans sa chambre. Jane sera extrêmement fâchée de ne pas vous voir, Mademoiselle Woodhouse. On vous a fait attendre à la porte et j’étais tout à fait honteuse ; je ne sais pourquoi il y a eu un peu de confusion : par hasard, nous n’avions pas entendu frapper et nous avons été surprises lorsque nous avons distingué des bruits de pas dans l’escalier. « Ce ne peut être Mme Cole, ai-je dit, vous pouvez en être sûre. Personne d’autre ne viendrait d’aussi bonne heure ». – « Eh bien ! répondit-elle, il faut de toute façon que je subisse ses félicitations, le jour importe peu ». Mais quand Patty entra pour vous annoncer : « Oh ! me suis-je écriée, c’est Mademoiselle Woodhouse, vous serez, j’en suis sûre heureuse de la voir. » – « Je ne puis recevoir personne, dit-elle aussitôt en se levant. » Nous sommes sorties de la chambre et vous êtes entrée. Emma était sincèrement intéressée : le récit des souffrances actuelles de Jane fit disparaître tous les soupçons peu généreux et ne laissa subsister que la pitié. La préférence accordée à Mme Cole lui sembla naturelle, étant donné sa propre conduite. Elle exprima des sentiments de sincère sympathie : – Ce doit être pour vous un moment bien cruel. J’avais compris que l’on devait attendre le retour du colonel Campbell pour prendre une résolution définitive. – Vous êtes bien bonne, reprit Mlle Bates, vous êtes toujours bien bonne… Emma ne pouvait supporter d’entendre dire « toujours », et, pour couper court à ces sentiments de reconnaissance injustifiée, elle posa une nouvelle question : – Puis-je vous demander chez qui Mlle Fairfax doit aller ? – Chez une Mme Smallridge, une charmante femme, tout à fait supérieure ; Jane doit s’occuper de trois petites filles, des enfants délicieux. Il est impossible de trouver une situation plus avantageuse, les familles de Mme Suckling et de Mme Bragge mises à part ; mais Mme Smallridge est intime avec les deux et elle ne demeure qu’à quatre lieues de Maple Grove. Jane ne sera qu’à quatre lieues de Maple Grove ! – Mme Elton est, je suppose, la personne à qui Mlle Fairfax doit… – Oui, tout est l’œuvre de notre bonne Mme Elton, la plus infatigable, la plus vraie, la meilleure des amies. Elle n’a pas voulu accepter un refus, car au premier abord, – précisément le jour du déjeuner à Donwell, – Jane était absolument résolue à ne pas accepter cette offre ; comme vous le disiez, elle avait l’intention de ne rien décider avant le retour du colonel Campbell et à aucun prix elle ne voulait s’engager pour le moment ; elle fit part de sa résolution à Mme Elton, mais celle-ci, dont le jugement est infaillible, déclara positivement qu’elle n’écrirait pas ce jour-là pour donner une réponse négative comme Jane le désirait : elle attendait… et le soir même l’affaire était conclue ! Jane prit Mme Elton à part et lui dit qu’après avoir bien pesé tous les avantages de la situation proposée par Mme Sukling, elle se décidait finalement à l’accepter. J’ai été mise au courant quand tout fut terminé. – Vous avez passé la soirée chez M. Elton ? – Oui. Mme Elton nous avait invités. « Il faut que vous veniez tous passer la soirée à la maison », avait-elle dit pendant que nous marchions sur la colline en compagnie de M. Knightley. – M. Knightley est venu aussi ? – Non, il a refusé dès le début ; néanmoins j’ai été étonnée de ne pas le voir, car Mme Elton avait insisté en lui disant qu’elle ne lui pardonnerait pas sa défection. Ma mère, Jane et moi avons passé une soirée très agréable. On est toujours heureux de retrouver de si excellents amis, mais tout le monde était fatigué. Pour être sincère, je dois avouer que personne ne paraissait avoir trouvé grand plaisir à l’excursion. Pour ma part, je garderai un bon souvenir de cette journée et je serai toujours reconnaissante aux amis qui ont été assez aimables pour m’inviter. – Le fait de la séparation sera très pénible pour Mlle Fairfax et pour tous ses amis, mais j’espère que les avantages de sa situation apporteront une compensation à son éloignement. Elle rencontrera, je n’en doute pas, les égards qu’elle mérite. – Merci, chère Mademoiselle Woodhouse, tous les avantages sont en effet réunis : excepté chez les Sukling et chez les Bragge, il n’y a pas une autre maison, parmi toutes les connaissances de Mme Elton, où les conditions de vie pour la gouvernante soient aussi élégantes et larges. Mme Smallridge est une femme délicieuse, et, d’autre part, il est impossible de trouver des enfants plus gentils. Jane sera traitée avec la plus grande bonté ! Elle aura une existence des plus agréables, et si je vous disais le montant de ses appointements, même vous, Mademoiselle Woodhouse, qui êtes habituée aux grosses sommes, vous seriez étonnée ! – Ah ! Madame, si je juge les autres enfants d’après moi-même, le traitement le plus élevé me paraîtra encore modeste ! – Vous êtes si noble dans vos idées ! – Et à quelle époque Mlle Fairfax doit-elle vous quitter ? – Bientôt, et c’est là le pire : dans une quinzaine ! Mme Smallridge est extrêmement pressée. Ma pauvre mère a très mal supporté la nouvelle. J’essaye de la distraire et je dis : « Allons, maman, n’y pensons plus ! » – Le colonel et Mme Campbell ne seront-ils pas fâchés que Jane ait pris un engagement avant leur retour ? – Oui, Jane est sûre qu’ils seront mécontents, mais elle ne se croit pas le droit de laisser passer une pareille occasion. J’ai été extrêmement surprise quand Jane m’a fait part de sa décision ; Mme Elton, peu d’instants après, est venue me féliciter. C’était avant le thé : nous allions nous asseoir pour jouer aux cartes et pourtant non… Ah ! je me rappelle : c’était après le thé ; il y a bien eu un incident au début de la soirée, mais il ne s’agissait pas de Jane ; M. Elton fut appelé hors du salon ; le fils du vieux John Abdy désirait lui parler. Pauvre vieux John ! J’ai beaucoup d’amitié pour lui ; et maintenant, pauvre homme, il est au lit et souffrant de la goutte dans les articulations. Il faut que j’aille le voir aujourd’hui et Jane ira également si elle sort. Le fils du pauvre John était venu pour présenter une demande de secours à M. Elton ; il se tire très bien d’affaire lui-même, car il travaille comme palefrenier à l’hôtel de la Couronne, mais il ne lui est pas possible d’entretenir son père, sans aide. M. Elton est rentré au bout d’un quart d’heure et il nous a mises au courant de la question et, en même temps, il nous a annoncé une nouvelle : on venait d’envoyer de la couronne une voiture à Randalls pour reconduire M. Frank Churchill à Richmond. Mlle Bates ne donna pas le temps à Emma de dire que cette circonstance lui était inconnue ; du reste, tout en supposant son interlocutrice au courant, l’excellente demoiselle ne se crut pas moins tenue d’exposer longuement les faits. « Peu après le retour de Box-Hill continua-t-elle, – le jeune Abdy tenait ces renseignements des domestiques de Randalls – un messager était arrivé de Richmond ; c’était du reste une chose convenue et M. Churchill avait simplement envoyé à son neveu quelques lignes pour lui donner d’assez bonnes nouvelles de Mme Churchill et le prier de revenir, sans faute, le lendemain matin, comme il était convenu. Mais M. Frank Churchill avait décidé de rentrer immédiatement et son cheval ayant pris froid, on était allé commander une voiture de l’hôtel de la Couronne ». Emma écouta ce récit sans émotion et il ne lui suggéra que des réflexions afférentes au sujet qui occupait son esprit : elle mit en parallèle l’importance respective de Mme Churchill et de Jane Fairfax en ce monde ; elle songeait à la différence de ces deux destinées et se taisait. Mlle Bates l’interpella bientôt : – Ah ! je le devine, vous pensez au piano ! La pauvre Jane en parlait justement, il y a quelques instants : « Il faut nous dire adieu ! disait-elle ; toi et moi devons nous séparer ! Gardez-le moi pourtant, donnez lui l’hospitalité jusqu’au retour du colonel Campbell. Je lui parlerai à ce sujet ; il me conseillera. » Je crois vraiment que Jane ignore encore si le cadeau lui vient de ce dernier ou de Mme Dixon. Toutes les injustes suppositions qu’elle avait imaginées relativement à l’envoi du piano revinrent à l’esprit d’Emma ; elle ne voulut pas s’attarder à des souvenirs aussi pénibles et, après avoir formé de nouveau les souhaits les plus sincères pour le bonheur de Jane Fairfax, dit adieu à Mlle Bates.