Prologue
Prologue
Le murmure du fleuve Seine résonnait dans l’air, mêlé aux sons de la ville. Les lumières scintillantes de Paris enveloppaient la capitale d’une aura féérique, transformant les ombres en reflets mouvants. Au milieu de ce décor romantique, Loane ajustait nerveusement une boucle d’oreille, son cœur battant au rythme de son anxiété. Ce soir, elle présentait ses œuvres dans une galerie prestigieuse, un rêve qu’elle n’avait jamais osé croire accessible si tôt dans sa carrière.
Elle inspira profondément, effleurant la toile de sa robe noire, simple mais élégante, choisie pour l’occasion. « Garde la tête haute », murmura-t-elle en se regardant dans le miroir de l’arrière-salle. Ses cheveux auburn retombaient en cascades douces sur ses épaules, encadrant un visage où brillait une détermination mêlée de vulnérabilité. Ce vernissage était une opportunité unique pour une jeune peintre de 22 ans comme elle. Pourtant, l’idée de se retrouver entourée d’inconnus, de critiques d’art et de collectionneurs la terrifiait.
À l’avant de la galerie, les invités commençaient à affluer, vêtus de smokings élégants et de robes de soirée éclatantes. Les conversations enjouées s'entremêlaient, créant une atmosphère feutrée, teintée d’une pointe d’excitation. Loane observa l’agitation depuis une ouverture dans le rideau qui séparait l’espace principal de la salle réservée aux artistes.
Un murmure familier attira son attention. Sa meilleure amie, Camille, une galeriste enthousiaste et déterminée, s’approchait pour la rassurer.
— Tu es prête ? Tout le monde adore déjà tes peintures, et ils ne t’ont même pas encore rencontrée ! lança-t-elle avec un sourire éclatant.
Loane hocha la tête, bien qu’une pointe de doute la tenaille encore.
— Tu sais, j’ai toujours du mal à croire que je mérite tout ça, murmura-t-elle.
Camille roula des yeux.
— Arrête avec ça. Tu as du talent, Loane. Ce soir, c’est ton moment. Profite.
Encouragée par ces mots, Loane s’avança dans la salle principale. Le regard des invités se posa sur elle, certains avec curiosité, d’autres avec admiration. Elle serra des mains, répondit à des compliments, se forçant à maintenir une expression confiante. Mais c’est lorsqu’elle croisa un regard intense, presque brûlant, qu’elle sentit le sol vaciller sous ses pieds.
Il était là, appuyé contre un mur, un verre de vin à la main. Grand, à la carrure imposante, il dégageait une aura qui semblait dominer l’espace autour de lui. Ses cheveux sombres, soigneusement coiffés en arrière, contrastaient avec la clarté perçante de ses yeux. Il la regardait comme si elle était la seule personne dans la pièce.
Loane détourna le regard, troublée par cette intensité. Elle ne pouvait ignorer la montée soudaine de son pouls. L’homme semblait hors du temps, un spectateur à la fois distant et profondément présent. Pourtant, il s’avança, franchissant l’espace entre eux avec une élégance déconcertante.
— Vous devez être Loane, dit-il d’une voix grave et légèrement rauque.
Elle releva les yeux vers lui, ses joues rosissant légèrement.
— Oui, c’est moi. Vous aimez les peintures ?
Un sourire discret apparut sur ses lèvres.
— Celles-ci, oui. Elles sont... captivantes.
Loane sentit une chaleur familière s’épanouir en elle. Il parlait avec une sincérité qui la déstabilisait.
— Merci, murmura-t-elle. Puis, comme pour détourner l’attention : Et vous, vous êtes ?
— Narek.
Un simple prénom, livré avec une assurance qui ne nécessitait aucune explication supplémentaire. Loane nota l’accent dans sa voix, une teinte étrangère qui ajoutait une couche de mystère à cet homme déjà énigmatique.
Ils discutèrent un moment, mais chaque mot échangé semblait chargé d’une tension sous-jacente, un mélange de curiosité mutuelle et de quelque chose de plus profond, d’inexprimé. Narek était attentif, ses questions révélant un intérêt sincère pour son art, mais aussi pour elle en tant que personne. Loane, d’abord sur ses gardes, se laissa peu à peu séduire par son charme magnétique.
Alors qu’ils se tenaient près d’une de ses toiles, Narek fit un commentaire qui la marqua.
— Vos peintures... elles racontent une histoire, n’est-ce pas ? Une histoire de désir et de lutte.
Loane le regarda, surprise par son observation. Peu de gens comprenaient ce que ses œuvres signifiaient vraiment.
— Oui, c’est un peu ça, admit-elle. Elles parlent de la quête de liberté, de... s’émanciper de ses propres chaînes.
Narek hocha la tête, ses yeux brillant d’une lueur indéchiffrable.
— Une quête que je connais bien, murmura-t-il, presque pour lui-même.
Ce moment aurait pu être anodin, mais il resta gravé dans l’esprit de Loane. Une partie d’elle était intriguée par cet homme. Une autre, plus prudente, ressentait un léger frisson d’appréhension.
Quelques heures plus tard, alors que la galerie se vidait et que les lumières s’atténuaient, Loane le vit à nouveau, debout près de la sortie. Il l’attendait, comme s’il savait qu’elle viendrait.
— J’aimerais acheter une de vos peintures, dit-il.
Loane haussa les sourcils, surprise.
— Laquelle ?
Un sourire mystérieux étira ses lèvres.
— Celle qui vous tient le plus à cœur.
Elle hésita, consciente que son art était une partie d’elle-même qu’elle dévoilait rarement. Finalement, elle désigna une toile, la plus intime de sa collection : un portrait abstrait représentant une femme en proie à des flammes tourbillonnantes, un symbole de ses propres luttes internes.
Narek ne posa aucune question. Il sortit une carte de visite et la tendit à Loane.
— Appelez-moi pour en discuter.
Elle prit la carte, effleurant ses doigts au passage, une étincelle électrique parcourant sa peau. Avant qu’elle ne puisse répondre, il disparut dans la nuit parisienne, la laissant seule avec ses pensées.
Ce soir-là, Loane se coucha avec un mélange d’excitation et d’appréhension. Narek était un mystère, un inconnu qui avait déjà fait vibrer une corde profonde en elle. Elle ignorait que cette rencontre marquerait le début d’un voyage tumultueux, où amour et danger se mêleraient de façon inextricable.
Dans un coin sombre de la ville, Narek, lui, fixait une photo sur son téléphone. C’était une image de Loane, prise discrètement pendant le gala. Ses yeux reflétaient une détermination qu’il connaissait bien, une lueur qui l’avait attiré immédiatement. Mais il savait aussi que s’impliquer avec elle était risqué, pour elle comme pour lui.
Malgré tout, il était incapable de résister.
Paris avait toujours été une ville de contrastes, d’ombres et de lumières. Ce soir-là, deux âmes perdues avaient croisé leurs chemins, ignorant encore que leurs vies allaient changer à jamais.